En quoi John Fitzgerald Kennedy a renforcé (ou affaibli) la puissance américaine ?
Question d'origine :
En quoi John Fitzgerald Kennedy a renforcé (ou affaibli) la puissance américaine ?
Réponse du Guichet

Le mythe autour du président JFK nous amène à nuancer notre réponse.
Bonjour,
Commençons par dire que votre question est vaste et que les essais traitant du «mythe» John Fitzgerald Kennedy sont abondants. Le bilan des deux années de mandat de JFK n'est ni noir ni blanc. La légende du président en fait un homme populaire dont on ne retient souvent que du positif. La réalité est bien plus en demi teinte. Nous vous répondrons donc sous forme de pistes bibliographiques, et vous laisserons piocher dedans.
Nous employons délibérément le mot de mythe car la mort prématurée du président a eu pour effet de créer un personnage quasi légendaire. En effet, son mandat n'a duré que deux ans et neuf mois à la Maison Blanche. Un règne très court pour un mythe planétaire. 5 000 livres ont été publiés sur le plus jeune président des États-Unis, dont 1 500 consacrés à son assassinat. Ce destin passionne le petit et le grand écran puisque des milliers de film et téléfilms ont raconté son histoire. Il est toujours resté très populaire durant son mandant, ne descendant pas en dessous de 50% d’opinions favorables.
Dès son arrivée au pouvoir, Kennedy va s’entourer de conseillers et intellectuels issus de grandes universités telles Harvard. Ces hommes prennent alors souvent le pas sur les ministres en place. Tout au long de son mandat, le président aura à gérer la question de la ségrégation raciale :
«Davantage attiré par les affaires internationales que par la politique intérieure, John Kennedy se décharge de celle-ci sur son jeune frère Robert (35 ans) auquel il confie l'influent ministère de la justice avec le titre d'attorney general.
Usant de sa fonction d'attorney general, Bob, encourage discrètement les volontaires qui luttent contre la ségrégation en multipliant les «sit in» : Blancs et Noirs mélangés s'attablent par exemple dans un restaurant ségrégationniste le temps qu'il faut pour que le patron se résigne à les servir...
En 1963, le président prononce un discours solennel pour l'égalité des droits civiques entre Blancs et Noirs. Quelques semaines plus tard, Martin Luther King enfonce le clou en organisant à Washington une manifestation triomphale, et Kennedy le reçoit dans la foulée. Le mouvement est désormais lancé. Mais c'est seulement après la mort du président que sont votées les lois abolitionnistes qu'il a mises en chantier. » Source Hérodote
Précisons que les prises de positions du président sur la ségrégation ont parfois été ambiguës. Elles ont donc abouti à des actes officiels, souvent car le président était sous pression n’avait plus le choix. Mais l’imaginaire collectif retiendra globalement une autre version. Stéphane Trano explique le phénomène dans son ouvrage Kennedy ou l’invention d’un mensonge :
«Les motifs de l’exaspération de nombreuses voix publiques noires dans le pays à l’encontre de Kennedy tiennent moins à son absence véritable de pensée vis-à-vis de leur cause qu’à l’usage très pragmatique et calculateur qu’il en fait.
En effet, s’il a voté en faveur de la législation pour les droits civiques des minorités au cours des cinq premières années de son mandat au Sénat, Kennedy a adopté une tout autre posture durant le débat de Congrès sur le Civil Rights Act en 1957, puisqu’il a voté aux côtés des sénateurs des Etats du Sud un amendement violemment critiqué par les leaders des droits civiques.
[…] Tout au long de sa présidence, Kennedy a toujours fait en sorte d’éviter toute confrontation directe avec les organisations pour les droits civiques. Chaque rencontre avec ses leaders est soigneusement encadrée et dénuée de tout enjeu qui pourrait la dramatiser.»
La présidence de Kennedy sera également marquée par la Guerre Froide :
« En arrivant à la Maison Blanche, il découvre un projet de débarquement à Cuba destiné à renverser le régime pro-soviétique de Fidel Castro. Il reprend le projet à son compte et c'est l'expédition calamiteuse de la baie des Cochons. À la lumière de cette affaire, les Soviétiques croient pouvoir miser sur la faiblesse du président américain. En juin 1961, à Vienne, le secrétaire général du parti communiste d'URSS, Nikita Khrouchtchev, rencontre Kennedy à Vienne. Les deux rivaux se serrent la main.
Mais deux mois plus tard, les Allemands de l'Est, sous protectorat soviétique, érigent un mur en travers de Berlin. La guerre froide rebondit. L'année suivante, on découvre sur des photos aériennes que les Soviétiques sont en train d'installer des rampes de lancement de missiles à tête nucléaire sur le sol de Cuba, à 200 kilomètres des côtes américaines. Pour les Américains, cette épée de Damoclès est inadmissible. Le 22 octobre 1962. Ce jour-là, dans un célèbre discours télédiffusé, Kennedy affiche sa fermeté. Il ordonne une «quarantaine» autour de Cuba pour empêcher les navires communistes de livrer le matériel destiné aux bases de missiles. On frôle à tout moment l'incident qui pourrait dégénérer en troisième guerre mondiale.
Devant cet ultimatum à peine voilé, Nikita Khrouchtchev s'incline et retire ses fusées. Pour le monde entier, il devient clair qu'aucun des deux Super-Grands n'est prêt à prendre le risque d'un conflit nucléaire. C'est une première faille dans la guerre froide et l'amorce timide de la détente.
Un an plus tard, le 26 juin 1963, à Berlin, Kennedy affiche son soutien aux Berlinois de l'Ouest, victimes du blocus soviétique. «Ich bin ein Berliner», leur lance-t-il du balcon de la mairie. »
JFK aura amorcé durant ces quelques années de pouvoir, plusieurs projets. Outre ses relations avec le mouvement des droits civiques, son action durant les épisodes clés de la Guerre Froide, le président se lance dans la course à l’espace, toujours sur fond de concurrence à l’URSS, et fait la promesse d’envoyer un homme sur la lune. C’est également lui qui prendra la décision funeste d’envoyer les premiers soldats au Viêt-Nam.
Vous trouverez ci-dessous une bibliographie / sitographie pouvant vous aider dans vos recherches :
- Les présidents des Etats-Unis, histoire et portraits / G. Ayache
- John F. Kennedy / A. Kaspi
- Kennedy : une vie en clair-obscur / T. Snégaroff
- Histoire des États-Unis de 1942 à nos jours / B. Van Ruymbeke
- Le siècle américain, une histoire / Pierre Mélandri
- Deux articles complets de Wikipédia sur la présidence de JFK et sur l'homme.
- Quelques articles en ligne:
L'Histoire, la Tribune de Genève, le Point, les Yeux du monde, et enfin l'Encyclopédie Universalis.
Bonnes lectures !