Existe-t-il une une approche de l'histoire de l'art militante ?
Question d'origine :
Bonjour,
Existe-t-il une une approche de l'histoire de l'art militante ?
Merci le guichet
Réponse du Guichet
Il existe non pas Une Histoire de l'Art militante mais Des Histoires de l'Art militantes qui abordent des thèmes aussi divers que les questions de classe, de féminisme, d'identité, d'environnement ... Nous vous proposons un rapide survol
Bonjour,
L’article publié sur Universalis présente les historiens de l’art de 1950 à nos jours et leur positionnement. Étaient-ils militants et qu’entend-on par militant : une remise en question de l’approche esthétique ou un questionnement sociétal plus profond ?
En 1976, Enrico Castel Nuovo revenait sur « L'histoire sociale de l'art (Actes de la Recherche en Sciences Sociales, 1976, 2-6, pp. 63-75) , approche qui pouvait être envisagée comme militante et dont certaines personnalités comme Léon Rosenthal défendirent une vision démocratique de l'art.
(voir là dessus, Caroline Lebond, «Léon Rosenthal, Correspondance croisée ; Léon Rosenthal 1870-1932 : militant, critique et historien d’art », Critique d’art, 2015)
Comment non plus ne pas retenir, dans les années 70, les positions militantes d’historiens et historiennes de l’art considérant, dans leurs études, les minorités, les marginaux et plus généralement les « invisibilisé.es » ?
Ainsi Linda Nochlin écrit un article en 1971 « Pourquoi n'y a-t-il pas eu de grandes artistes femmes ? » (7, Artnews) qui fera date et intègrera l’histoire des femmes et leur place dans l’art dans les approches universitaires.
D’elle nous retiendrons sa participation à l’exposition Women Artists: 1550-1950 et l’ouvrage Femmes, art et pouvoir.
Griselda Pollock envisage également l’histoire de l’art à travers le prisme du féminisme et rédige différents ouvrages à cette question dont
Old Mistresses : Women, Art and Ideology (1981), Framing Feminism: Art & the Women' s Movement 1970-85 (1987), Vision and Difference: Femininity, Feminism and Histories of Art (1988).
Dans cette optique, Elisabeth Lebovici , selon l’article publié sur Wikipedia « S 'intéresse particulièrement aux questions des genres et des sexualités et s'attache aux relations entre féminisme, théorie queer, histoire de l'art et art contemporain ». Elle écrit, entre autres, Femmes artistes, artistes femmes : Paris, de 1880 à nos jours. Par ailleurs, "militante des droits LGBTQ8, activiste pendant plusieurs années chez Act Up-Paris1, expérience qu'elle relate dans son livre Ce que le sida m'a fait : art et activisme à la fin du XXe siècle".
D’autres auteurs se positionneront sur ce thème dont Thibault Boulvain avec L’art en sida : 1981-1997.
Isabelle Alfonsi aborde la question des identités dans l’art contemporain et publie notamment Art Queer. Une théorie freak (2018), Pour une esthétique de l’émancipation. Construire les lignées d’un art queer, (2019), 1
•Art: genre féminin, Archives of Women Artists Research & Exhibitions (AWARE), La Monnaie de Paris, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, 2021
Dans lesquels elle cible les artistes qui préfigurent ou incarnent les luttes queer.
Les études sur le genre en Histoire de l'Art ont fait l'objet d'une publication dans Genre et Histoire de l'Art.
Sur ces différents thèmes, vous trouverez des références bibliographiques sur le site de l'évènement A Corps et à cris.
Par ailleurs, comme le révèle le site theconversation.com, en 1976, "l’historien de l’art Kenneth Coutts-Smith parle de colonialisme et d’appropriation culturelle pour mettre en avant le lien entre production artistique, exploitation de classe et colonialisme en Occident. Il estime que le capitalisme a imposé une conception élitiste, bourgeoise et eurocentrée de l’art et de la culture et rappelle que l’art occidental se nourrit d’appropriations d’objets et de pratiques d’autres cultures, représentées de manière stéréotypée".
On trouve ainsi en ligne son intervention lors du congrès de l’A.I.C.A à Lisbonne en 1976 sur « Some general observations ont the problem of cultural colonialism ».
Sur cette approche, nous vous laissons lire l’article publié sur Institut d’Histoire du temps présent.
Dans une toute autre démarche, Bénédicte Ramade privilégie une approche environnementale et rédige des livres qui questionnent ce sujet : vers un art anthropocène. L’art écologique américain pour prototype.
Voilà, vous l'aurez compris, il n'existe pas une Histoire de l'Art militant mais des Histoires de l'Art militantes dont nous présentons, ici, qu'un infime panel. Et pour conclure, nous vous laissons jeter un coup d'oeil au site artivisme-contemporary-art.com.