Je me demandais s'il y avait un jeûne dans la religion helléniste?
Question d'origine :
Bonjour,
Je me demandais s'il y avait un jeûne intermittents (comme le ramadan par exemple) dans la religion helléniste?
Merci bien
Désolé pour les fautes!
Réponse du Guichet
La pratique du jeûne existait dans la religion grecque antique, surtout dans le but de préparer et purifier le corps avant les grandes fêtes religieuses.
Bonjour,
Dans un premier temps, il apparait nécessaire de préciser certains termes. La pratique du jeûne intermittent très à la mode actuellement, qui consiste à alterner des moments de jeûne et de consommation (avec un minimum de 16h d’abstinence), peut effectivement s’apparenter au jeûne pratiqué par les musulmans pendant le mois de Ramadan. En réalité, il est très différent dans ses objectifs (santé et minceur/purification et rapprochement de Dieu) et ses modalités. Il faut donc rester prudent avec les comparaisons, un jeûne à visée diététique ou sanitaire n’a pas grand-chose à voir avec un jeûne au fondement religieux (même si celui-ci a une signification de purification).
Vous évoquez la religion helléniste. Il n’est pas évident de savoir à quoi vous vous référez :
- la religion helléniste au sens strict qui désigne une religion contemporaine, sorte de néopaganisme basé sur la vénération des dieux grecs
- les religions hellénistiques (ensemble de croyances et pratiques religieuses des gens vivant sous influence de la culture grecque antique pendant l'époque hellénistique et l'Empire romain du IIIe siècleav. J.-C. au IIIe siècle ap. J.-C.)
- la religion pratiquée aujourd’hui en Grèce : le Christianisme orthodoxe.
- la religion grecque antique
Chaque terme et définition correspondent à une période et à un espace particulier et donc à des croyances et pratiques spécifiques.
Nous sommes partis de l’idée que vous faisiez référence à la religion classique de la Grèce antique.
Si le jeûne a été utilisé dans la religion grecque antique, il ne l’était pas sous la forme que nous connaissons du Carême chrétien ou du Ramadan musulman, qui s’étalent sur une période assez longue. Il se pratiquait surtout comme moyen d’expiation ou de purification avant la réalisation d’autres rituels inclus dans de grandes fêtes en hommage aux Dieux. Il se rattache à cet «élément incontournable de la Grèce ancienne : la notion de «pur» (catharos), caractérisant l’état requis pour entrer en contact avec le sacré et qui se définit principalement en creux. Est réputé pur ce qui n’est pas impur, ce qui n’a pas été souillé par le miasma, l’impureté, dont le sens d’abord matériel (le sang, les excréments, certaines nourritures, la maladie, les cadavres…) semble prendre au fil du temps une dimension également morale…» [Parker, 1983]. Pratiques et croyances religieuses des Grecs à l'époque classique : Ve-IVe siècle av. J.-C / Kevin Bouillot
Cette pureté était notamment requise pour pénétrer dans les sanctuaires.
Les deux fêtes les plus connues incluant un moment de jeûne sont les Mystères d’Eleusis et les Thesmophories athéniennes.
Bien que nommées athéniennes, les Thesmophories se déroulaient en réalité dans de très nombreuses cités grecques. «Il s’agissait de rendre un culte à la déesse Déméter et à sa fille Korè, garantes de la fertilité des champs et associées aux femmes et à la fertilité au sens large. La fête durait trois jours… Le deuxième jour était appelé nêsteia («le jeüne») et rejouait le deuil de Déméter errant à la recherche de sa fille disparue. Les participantes jeûnaient en conséquence…»
Voir : Réflexions autour de la Nesteia des Thesmophories athéniennes, Hélène Pierre
Les Mystères d’Eleusis sont eux aussi liés au culte de Déméter. Ce culte donnait lieu à une première préparation six mois avant celui-ci, à travers ce qu’ils appelaient les «petits mystères» qui consistaient essentiellement en une purification en vue des grands mystères, avec prières, chants, sacrifices et sans doute prescriptions rituelles et alimentaires. Pour les Mystères proprement dit, les mystes (participants au culte) après une longue marche pour arriver à Eleusis, devaient encore s’adonner aux sacrifices, prières et à quelques jours de jeûne avant de pouvoir être introduits dans le temple (télestérion).
Etant un culte à mystère donc soumis au secret, certains rituels des Mystères d’Eleusis sont assez mal connus, dont celui du jeûne: «A un certain moment, ils jeunaient aussi, même si l’occasion précise et la durée de ce jeûne demeurent incertaines». Source : cet ouvrage traitant spécifiquement de la question de la purification: Miasma, souillure et purification dans la religion archaïque et classique.
Dans cet article sur la religion grecque, on cite aussi «L’oniromancie : divination par les rêves. Elle est très respectée : cf. Aristote. Deux lieux très connus : Épidaure et Oropos. Il faut d’abord une incubation : après la purification rituelle, jeûne et abstinence durant un temps déterminé.»
Voir aussi :
Les très secrètes pratiques religieuses de la Grèce Antique
La religion grecque : dans les cités à l'époque classique / Louise Bruit Zaidman, Pauline Schmitt Pantel
Les Grecs et leurs dieux : pratiques et représentations religieuses dans la cité à l'époque classique / Louise Bruit-Zaidman
Mythe et religion en Grèce ancienne / Jean-Pierre Vernant