Pour quelle raison certains noms de rue contiennent un tiret entre le prénom et le nom ?
Question d'origine :
Pour quelle raison certains noms de rue contiennent un tiret entre le prénom et le nom. Exemple rue Léon-Blum.
merci
Réponse du Guichet
Le trait d'union dans les noms de personnes lorsqu'ils servent à désigner des voies de circulation est issu de nécessités pratiques liées au travail de l'administration des postes. Il ne fait pas consensus chez les grammairiens et n'a jamais été imposé en France. En revanche, au Québec, il s'agit d'une norme administrative.
Bonjour,
Tout d'abord, une petite précision de vocabulaire : comme nous le rappelle la Grammaire méthodique du français de Martin Riegel, Jean-Christophe Pellat et René Rioul, on distingue en grammaire française :
- le tiret : signe typographique, "employé seul ou répété", qui signale, en début de paragraphe, l'introduction d'une réplique de dialogue, ou marque un alinéa - comme au début de ce paragraphe - ou, répété dans le corps du paragraphe, jouant le même rôle qu'une paire de parenthèses, comme dans cette phrase ;
- le trait d'union, celui qui vous intéresse.
Ce dernier, comme vous le remarquez, est parfois utilisé pour les noms propres lorsqu'il s'agit de noms de rues, d'avenues, de places, mais également d'établissements scolaires, etc. Selon Le Bon usage de Maurice Grevisse et André Goosse, cette pratique, qui n'est ni systématique, ni obligatoire, est un legs de l'administration des postes. Elle est loin de faire consensus :
En France, l'administration des postes met le trait d'union dans les noms propres devenus noms de rues ; le même usage s'observe parfois sur les plaques officielles indiquant les noms de rues : Rue de l'Abbé-de-l'Epée, rue Charles-Nodier, avenue du Maréchal-Lyautey - selon l'Office de la langue Française (cf Figaro, 2 juillet 1938), si une telle pratique peut être utile dans les travaux de l'administration des postes, elle n'est, dans l'usage ordinaire, d'aucune utilité.
Et de citer la Grammaire raisonnée de la langue française d'Albert Dauzat, selon laquelle "l'usage administratif du trait d'union est fautif."
L'article du Figaro littéraire du 2 juillet 1938, cité plus haut, est consultable sur Gallica :
"Cet office reconnait l’utilité de cette pratique pour les facteurs, facilitant et dans certains cas permettant le tri des lettres, mais considère qu’elle peut être ignorée par l’administration municipale et qu'elle est inutile pour les « usagers »".
Cet usage est toutefois devenu de mise au Canada francophone : le site noslangues-ourlanguages.gc.ca, outil de rédaction à l'usage des fonctionnaires et des travailleurs proposé par le gouvernement canadien, indique :
L’usage sanctionné par la Commission de toponymie du Québec veut que, dans les noms de rues dont le spécifique est formé du nom complet d’une personne, on mette un trait d’union entre le prénom et le nom :
- rue Louis-Hébert
- boulevard André-Mathieu
- avenue Henri-Martin
Toutefois, on ne met pas de trait d’union après une particule nobiliaire (de, de la, du) ou un déterminant (le, la) qui sont les premiers constituants d’un nom de famille :
- rue Jean-De La Fontaine (De et La font partie du nom de famille)
- promenade Samuel-De Champlain (De fait partie du nom de famille)
Bonne journée.