Question d'origine :
Qui a institué le Baptême par effusion ?
Réponse du Guichet
Nous ne pourrons pas vous indiquer qui est à l'origine du baptême par effusion qui semblerait commencer au XIIe siècle, se répandre au XIIIe siècle et se généraliser au XVe siècle.
Bonjour,
Nous serons bien en peine de vous indiquer qui est à l’origine du baptême par effusion -ou infusion- alors même que nous avons des doutes sur la datation d’un tel usage.
Dans une ancienne question portant sur les différents rites relatifs au baptême nous citions un document du ministère de la Culture qui indique que
« Le rite de l'infusion, initié au XIIe siècle, se met lentement en place malgré les réticences, au siècle suivant, des évêques réunis en concile à Nîmes en 1252 et à Angers en 1275. La présence de cuves baptismales de grand diamètre et de cuves plus petites montrent que les deux rites coexistent aux XIIe et XIIIe siècle. Dans le diocèse de Nantes, le baptême par immersion est administré aux filles plus tardivement qu'aux garçons. Il semble que le concile provincial de Ravenne (1311) soit le premier à reconnaître la validité du baptême par infusion, pratique qualifiée en 1346 "d'usage moderne"
(…)
Selon l'abbé Jules Corblet, le baptême par infusion ne fut vraiment pratiqué partout en France qu'au XVe siècle. Son administration se passe désormais au-dessus des fonts baptismaux
Fanin Dandolo dans l’ouvrage Le Compendium catholicae fidei , édité en 1485, considère que le baptême par infusion se répand en Occident à partir du XIIIe siècle et est d’usage général au quinzième.
Martine Plouvier dans l'article Le « bac de pierre » de la cathédrale d’Amiens : nouvelles interprétations (Bulletin Monumental, 2010, 168-2 p. 191)
s’intéresse à la thèse de jean Claude Ghislain
Il démontre qu’à l’époque où les fonts se multiplient, les baptêmes d’adultes diminuent au profit de ceux des petits enfants. Immersion et infusion, d’après les statuts synodaux d’Angers et de Cambrai, se pratiquent parallèlement de la fin du XIIIe au début du XIV e siècle. Les petits enfants se font peu à peu baptiser par infusion (..°) on baptise en Occident par immersion jusqu’au Concile de Trente
Mais dans un même temps, il ferait état du fait qu’ entre le "X et le XII pour baptiser par infusion, on commence à rehausser les cuves …"
André Vauchez note que dans Les statuts synodaux français du XIIIe siècle
On y remarque par exemple que le baptême par infusion commence seulement à remplacer le baptême par immersion, qui reste de règle dans l’Ouest.
Si ce baptême est pratiqué à partir du XIIIe siècle, on note cependant des exemples antérieurs.
Ainsi Michel Andrieu dans Les origines de l'iconographie médiévale (Revue des sciences religieuses, 1924 4-2 pp. 349-373) constate :
Sur les voussures du portail de Sens, un sculpteur du XIIe siècle a raconté le baptême du Christ. Le baptême est conféré par infusion, c’est-à-dire que saint Jean-Baptiste se contente de verser sur la tête du saveur l’eau contenue dans un vase. Ici, il ne saurait être question de traditions orientales, car on sait qu’une des pratiques caractéristiques des liturgiesd’Orient est le baptême par immersion. C’est donc avec raison que M. Mâle reconnaît dans cette scène l’influence de la liturgie latine (…) « voilà, dit-il, une curieuse innovation, et vainement chercherait-on quelque chose de pareil dans les siècles qui précèdent : nulle part, on ne verrait saint Jean baptisant Jésus-Christ par infusion, comme disent les liturgiste ». Et la raison en est qu’au XIIe siècle le baptême par infusion était encore une nouveauté, incomplètement généralisée. M Mâle ne distingue pas le baptême des enfants du baptême des adultes. Or, pour ces derniers, il serait facile de montrer qu’en Occident le baptême par infusion a été la règle générale depuis des temps très reculés.
Divers exemples attesteraient d’une pratique antérieure. Ainsi, en 1910, le Dictionnaire de théologie catholique, reproduit sur wikisource.org cite :
Est-ce à dire qu’il n’y ait pas eu d’autre mode d’ablution baptismale au I er siècle ? Non, assurément, et le témoignage des anciens Pères, aussi bien que les données de l’archéologie chrétienne le prouvent sans conteste. Mais l’Ecriture n’en parle pas. Ce n’est qu’à l’aide d’une induction, d’ailleurs très légitime, qu’on y retrouve les traces très probables du baptême par infusion, et peut-être aussi du baptême par aspersion. En elfet, sans parler des malades alités dont la plupart ne pouvaient recevoir le sacrement que de cette manière, l’Écriture mentionne plusieurs baptêmes qui ne peuvent bien s’expliquer que parle système de l’infusion. A deux reprises différentes, Act., IX, 18 ; xxii, 10, elle nous apprend (pie saint Paul se leva debout, dans la maison où il était, pour recevoir le baptême des mains d’Ananie. L’immersion, en pareil cas, ne se conçoit guère. De son côté, saint Paul, détenu en prison, convertit et baptisa son geôlier, avec les membres de sa famille. Act., xvi, 33. Difficilement, il aurait pu avoir recours à l’immersion. Cette difficulté eût été encore plus considérable quand il s’agit de baptiser, au jour di’ la Pentecôte, les trois mille hommes qui se converlirentà la parole de saint Pierre. Act., Il, 41. (In a conjecturé que cette multitude avait été baptisée par aspersion ; mais ce n’est qu’une conjecture. Voir, en sens contraire, Corblet, Histoire du sacrement de baptême, Paris, 1881, t. i, p. 203.