Existe-t-il des romans mettant en scène précisément la photographie mortuaire ?
Question d'origine :
Bonjour,
Je me documente sur un sujet un peu particulier et peu abordé de façon générale : la photographie mortuaire. La bibliothèque de Lyon a t-elle des documents sur le sujet ? J'ai déjà emprunté Le Dernier portrait que j'ai beaucoup aimé. Existe t'il notamment des romans mettant en scène précisément la photographie mortuaire ou tout au moins la représentation post mortem ressemblante ? Je ne cherche pas de polars ni thrillers. Pouvez-vous m'orienter vers des écrits, romans ou autre abordant ce sujet ?
Merci à vous.
Réponse du Guichet

Plusieurs passages en littérature et poésie décrivent la représentation post mortem.
Bonjour,
Dans La Chambre Claire, Roland Barthes s’interroge sur le rapport entre la photographie et la mort.
Au XIXe, les épidémies sont légion. La première forme de photographie, le «daguerréotype» , petite image sur argent poli était un luxe, aussi coûteux qu'un portrait sur mesure. La modernisation de la photographie rend le vivant plus passionnant à immortaliser. Ainsi comme le nombre de photographes augmente, le coût du daguerréotype gagne en accessibilité utilisant des métaux, du verre, ou du papier moins précieux que l’argent.
Accusé d’ôter l’âme, la photographie permet d’immortaliser les êtres. Sa pratique est même assimilée au début par certains à de la sorcellerie.
Elle devint peu à peu une étape de rite funéraire permettant commémoration, hommage et acceptation.
Dans la littérature, elle inspire quelques passages :
- les portraits funéraires sont abordés dans «Thérèse Raquin» d’Émile Zola.
- la morgue sert de décor et fascine dans le N°8 Rues de Lyon: la morgue flottante. On dévisage les suppliciées redoutant de reconnaître un proche.
- quand le défunt est un illustre personnage.
Ainsi François Mauriac rapporta dans son article intitulé «sur la tombe de Marcel Proust » un singulier hommage à l'écrivain dans La Revue Hebdomadaire du 2 décembre 1922.
En dehors du roman policier, les poètes furent aussi inspirés par l'évanescence des portraits funéraires comme :
- Carnets de Malte Laurids Brigge de Riilke.
- ainsi que deux célèbres poèmes d'Arthur Rimbaud dont "le dormeur du val" :
Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort ; il est étendu dans l’herbe, sous la nue,
Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.
et "Ophélie" du même auteur.
Sur l’onde calme et noire où dorment les étoiles,
La blanche Ophélia flotte comme un grand lys,
Flotte très lentement, couchée en ses longs voiles…
— On entend dans les bois lointains des hallalis…
Voici plus de mille ans que la triste Ophélie
Passe, fantôme blanc, sur le long fleuve noir ;
Voici plus de mille ans que sa douce folie
Murmure sa romance à la brise du soir.
Le vent baise ses seins et déploie en corolle
Ses longs voiles bercés mollement par les eaux ;
Les saules frissonnants pleurent sur son épaule,
Sur son grand front rêveur s’inclinent les roseaux.