Depuis quelle date le livret militaire comporte la photo du titulaire ?
Question d'origine :
Bonjour,
Pouvez-vous m'indiquer depuis quelle date le livret militaire (ou livret individuel) comporte la photo du titulaire ?
Réponse du Guichet
Nous n'avons pas trouvé d'élément d'information à propos de la photographie d'identité présente sur le livret militaire. En revanche, un portrait photographique était requis sur la carte d'identité militaire des officiers et sur la carte du combattant après la première guerre mondiale.
Bonjour,
Le livret individuel est un document incontournable pour un homme du début du XXe siècle. Tout homme sous les drapeaux se voit attribuer un livret individuel. La première page est complétée par le bureau de recrutement, puis le livret est envoyé, avec le livret matricule, au corps d'affectation. Ensuite il est remis au soldat. Il est expressément recommandé aux hommes de garder leur livret, même après avoir accompli le temps de service légal, afin de pouvoir, le cas échéant, justifier au moyen de cette pièce de leur libération définitive. En cas de perte, le bureau de recrutement trouve dans le livret matricule les informations nécessaires pour établir un duplicata. Le livret doit être vérifié et complété lors des périodes d'exercices.
Il contient notamment les informations suivantes, plus ou moins bien renseignées sur chaque homme : état civil, signalement, situation militaire, campagnes, blessures, décorations, instructions diverses, compétences particulières, avis de changement de domicile, fiche de vaccination. Très rarement, on y trouve une photographie d'identité.
source : Dossiers, livrets militaires, états de service / Archives et patrimoine d'Ille-et-VIlaine
Une chose est certaine : elle n'était pas obligatoire pour les livrets militaires de la première guerre mondiale. Un article du Figaro intitulé 22 octobre 1916: la photographie pour vérifier l'identité suggère de mettre à contribution la photographie afin de pouvoir vérifier rapidement l'identité de chacun car les usurpations d'identité se multiplient.
La carte d'identité militaire des officiers en revanche doit comporter une photographie. C'est ce que nous apprend cet article de Mathilde Meyer-Pajou :
Le recours à la photographie d’identité, autrement appelée portrait, à des fins d’identification est d’abord le fait de la préfecture de police de Paris : la police avait compris le profit d’une systématisation de la réalisation de portraits photographiques après la Commune, et créé son premier service photographique au début des années 1870. Au sein de l’armée, le portrait est lié à la fabrication et la perpétuation du souvenir entre pairs et pour la postérité. En 1913, une circulaire prescrit toutefois aux officiers et assimilés de produire régulièrement, soit tous les cinq ans, une photographie d’identité pour être apposée sur leur carte d’identité militaire. Pour lutter contre l’espionnage, un contrôle systématique des identités est mis en place sur le front pendant la Première Guerre mondiale ; cette pratique étend à grande échelle l’obligation de présenter un portrait photographique récent, et similaire à celui conservé par l’état-major de chaque corps d’armée, sur sa carte d’identité militaire.
Source : MEYER-PAJOU, Mathilde. La pratique photographique au ministère de la Guerre 1850-1900 In : Images de guerre, Guerre des images, Paix en images : La guerre dans l'art, l'art dans la guerre. Perpignan : Presses universitaires de Perpignan, 2012
Ce document des archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence précise que la carte du combattant, avec photographie, est délivrée à la fin des années 1920 :
La carte du combattant est délivrée à la fin des années 20 à tous ceux qui remplissent certaines conditions, quel que soit le conflit. Pour bénéficier du statut de combattant, il faut en effet avoir été présent au moins 90 jours dans une
unité combattante, ou avoir été blessé ou prisonnier. Les deux derniers cas dispensent de la « règle des 90 jours ».
Lors de la délivrance des cartes de combattant dans les Basses-Alpes, le combattant le plus âgé a fait la campagne d’Afrique dans les années 1864-1870. Des cartes sont délivrées à des combattants de 1870-1871.
Lors de sa demande, l’ancien combattant doit particulièrement veiller à respecter l’ordre de ses prénoms car « la carte du combattant constitue une pièce d’identité » et fournir une photographie d’identité. Dans un courrier administratif datant de 1930, il est fait mention des caractéristiques de la photographie : « 0.04 x 0.03 x 0.02 de hauteur de visage environ. »
Nous avons posé votre question à plusieurs services d'archives ainsi qu'à Mathilde Meyer-Pajou, autrice de l'article intitulé "La pratique photographique au ministère de la Guerre 1850-1900" in Martin Galinier, Michel Cadé (dir.), Images de guerre, Guerre des images, Paix en images.
Nous vous tiendrons informé de leurs réponses dès qu'elles nous parviendront.
Bonne journée.
Réponse du Guichet
La photographie d’identité n’a jamais été obligatoire dans le livret militaire. Sa présence a varié dans le temps et selon les régions.
Bonjour,
Nous avons dans un premier temps réceptionné une réponse de Mathilde Meyer-Pajou qui indique que "les pratiques en la matière ont fortement varié dans le temps et selon les régions. Il parait compliqué de fixer une date certaine de présence systématique d’un portrait dans les livrets militaires."
Elle a transféré votre question à Benjamin DOIZELET, Chef de la division des archives iconographiques du Service historique de la Défense qui nous a apporté la réponse suivante :
Mathilde Meyer-Pajou m’a transmis votre question au sujet des photos d’identité dans les livrets militaires et je vais essayer de vous répondre.
La photographie d’identité n’a jamais été obligatoire dans le livret militaire, j’en ai vu dans des livrets des années 1920 mais c’est assez rare. Même après la Seconde Guerre mondiale, il n’y a pas de photo, il y a une photo sur la carte d’identité militaire en revanche.
Le livret militaire est l’équivalent de la fiche matricule, et il semble qu’épisodiquement il y a pu y avoir des photos mais cela dépendait de l’endroit et de la période.
J’espère avoir répondu à votre question.
Nous les remercions tous deux pour leurs réponses ainsi que Mme Molina du service départemental de l'ONACVG du Rhône qui nous a également indiqué que l'ajout d'une photographie pouvait dépendre de la présence ou non d'appareils photographiques dans les services du recrutement militaire. Par exemple, les livrets militaires des soldats coloniaux ne disposaient pas de photographies alors que ceux des français de métropole en possédaient parfois au moment de la seconde guerre mondiale.
Bonne journée.