Quel est le pourcentage de myopes dans certaines disciplines sportives ?
Question d'origine :
Bonjour, Je suis myope et nulle en lancer... Je me pose la question suivante : le pourcentage de myope chez les sportif·ve·s professionnel·le·s dans les disciplines qui nécessitent tir, lancer... est il inférieur à celui de la population lambda ? Merci pour votre réponse,
Réponse du Guichet
Nous manquons de données récentes sur le sujet mais les études tendent à montrer que le taux de myopie était plus faible chez ceux pratiquant un sport en plein air et que les tireurs auraient une meilleure acuité visuelle.
Bonjour,
Nous n’avons pas suffisamment de statistiques pour tirer une quelconque conclusion mais nous pouvons néanmoins noter que la pratique du sport et notamment de sports en extérieur diminuerait les risques de myopie.
Ainsi, l’article « la moitié de la population mondiale concernée par la myopie en 2050 », publié dans Le Progrès évoque :
A l'horizon 2050, la moitié de la population mondiale pourrait être touchée par la myopie, alerte la Société Française d'Ophtalmologie (SFO). Aux Etats-Unis, la proportion de myopes a triplé en trente ans. Environ 40 % des Américains sont myopes aujourd'hui. Mais c'est en Asie que la population est la plus touchée : la prévalence est de 70 % à Hong-Kong, contre 10 % en Afrique du Sud et 25 % en Angleterre.
Cette information a été relayée par de très nombreux médias.On la retrouve ainsi sur acuite.fr qui constate une nette évolution avec "15% de la population française [qui] était myope en 1950 contre 40% en 2020 et possiblement 60% en 2050".
Francetvinfo formule un semblable constat et note que :
C’est un trouble en constante augmentation dans le monde, notamment chez les enfants. En Asie, 90% des enfants et adolescents, sont myopes, autrement dit : sur une classe de 30 élèves, il n’y en a que trois qui ne portent pas de lunettes
(…)
Par exemple, le fait de faire 14 heures de sport, de marche ou de jeu en extérieur, gomme les risques liés aux antécédents familiaux.
De façon générale, pour prévenir la myopie chez les enfants et les adolescents, il est conseillé de passer un maximum de temps à la lumière du jour : deux heures par jour la lumière naturelle diminue le risque de myopie par trois. L’effet protecteur de la lumière du jour, qui agit via la production de dopamine, démarre à partir de 40 minutes d’exposition.
Le sport aurait donc un impact positif comme le révèle pourquoidocteur.fr :
L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) recommande aux adultes de 18 à 64 ans de faire au moins 150 à 300 minutes de sport d’intensité modérée ou 75 à 150 minutes d’intensité soutenue par semaine.Une pratique régulière est en effet bénéfique pour notre santé : réduction des risques de maladies cardiovasculaires, respiratoires, augmentation de la masse musculaire, bénéfices sur le système osseux…
Le sport permet d'éviter la dégénérescence maculaire liée à l'âge…
Une étude réalisée par les chercheurs de l'université de Virginie, aux États-Unis, la pratique d’une activité physique permettrait de prévenir l’apparition de certaines maladies oculaires, notamment la dégénérescence maculaire liée à l'âge (la DMLA). L’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) la définit comme étant une "dégradation d’une partie de la rétine (la macula), pouvant mener à la perte de la vision centrale”
(…)
Si le sport est évidemment bon, quel qu'il soit, certains seraient particulièrement bénéfiques pour l’entretien de la vue. Les sports de raquette tout d’abord, comme le tennis, le badminton ou le ping-pong, permettent d'augmenter l’acuité visuelle. En effet, ceux qui les pratiquent doivent rester concentrés sur la balle, ce qui entraîne l'œil à suivre un objet qui va généralement vite. Les mêmes bénéfices sont donc aussi observés avec des sports qui sollicitent les yeux comme l’escrime.
Mais si la pratique sportive permet une amélioration, la myopie est néanmoins présente chez les sportifs.
Ainsi, l’étude de Laëitia Estève, Prise en charge orthoptique et amélioration des performances visuelles des sportifs (2020) cite :
D’après l’étude effectuée dans l’Institut National du Sport et de l’Education Physique, 207 sportifs ont été évalués dont 25% d’athlètes de haut niveau. Parmi 63 athlètes qui portent des lunettes en permanence, 35% soit 22 sportifs utilisent une correction optique pour la compétition.
Par ailleurs, l'étude menée par l'INSEP, Vision et sport : perfomance, expertise et sport de haut niveau montre que
nous pourrions penser que les tireurs utilisent plus leur correction pour leur activité que d’autres pour lesquels la vision n’intervient pas de façon déterminante dans les performances. Les résultats montrent que les proportions de porteurs de corrections (lunettes, lentilles) ne sont pas plus importantes dans les sports de visée (tir à l’arc et tir à la carabine) que chez les haltérophiles (3/19 vs 2/16) test du Khi2 non significatif, p>0,10). A titre indicatif, les porteurs de corrections (lunette ou lentilles) représentent 16% des tireurs, 13 % des escrimeurs, 12.5 % des haltérophiles.
Les conclusions de l’INSEP sont reprises par Yannick Cochennec dans L'œil des champions (2010)
Georges Challe, médecin ophtalmologue de l’INSEP (Institut National du Sport et de l’éducation Physique), indiquait de son côté, dans une intervention datant de 2006, qu’en tir à l’arc:
«des athlètes de très haut niveau sont myopes, mais préfèrent tirer sans porter de lunettes parce qu’ils ne veulent pas être dérangés par certaines informations préférant en privilégier d’autres. Certains n’éprouvent pas la nécessité de voir très nettement la cible, se polarisant davantage sur les contrastes entre les couleurs tandis que d’autres portent un souci quasi-obsessionnel à distinguer nettement la cible».
Chaque type de sportif peut avoir aussi sa spécificité visuelle. Dans une enquête réalisée en 2004 par l’INSEP dans trois disciplines différentes (tir, haltérophilie, escrime), la conclusion a été la suivante au terme d’une batterie d’examens relativement poussés. Les tireurs auraient effectivement une meilleure acuité visuelle et une latéralisation corporelle marquée.
En guise de conclusion, nous mentionnerons l'étude menée par Zhang M, Sun Z, Zhu X, Zhang H, Zhu Y, Yan H. Sports and Myopia: An Investigation on the Prevalence and Risk Factors of Myopia in Young Sports-Related Groups in Tianjin, China. (Invest Ophthalmol Vis Sci. 2022 Jun).
Le risque de myopie était 1,788 fois plus élevé dans le groupe des sports en salle que dans le groupe des sports en plein air (odds ratio ajusté [OR], intervalle de confiance à 95 % [IC], 1,391-2,297). Le temps d'entraînement de plus de 4 heures par jour (4-6 heures par jour : OR, 0,539 ; 95% CI, 0,310-0,938 ; >6 h/j : OR, 0.466 ; 95% CI, 0.257-0.844) s'est traduit par un risque plus faible de myopie.