Quelle était la superficie de Lyon au XIIe siècle ?
Question d'origine :
Quelle est la taille de Lyon au XIIè siècle ? Existe t'il une carte de l'époque qui la représente ?
Réponse du Guichet

Les données sur Lyon au XIIe siècle sont assez incomplètes et nous aurons du mal à vous indiquer, de manière précise la taille de la ville. Tout au plus pouvons-nous avancer qu'au XIIIe siècle, Lyon comptait entre 15 000 et 20 000 habitants.
Bonjour,
Il est difficile de vous indiquer la taille de Lyon au XIIe siècle et il ne semble pas exister de plan pour cette période. Les descriptions nous permettent de délimiter les frontières de la ville mais sans précision extrême.
Dans le magazine L'influx, un article porte sur Les plans de Lyon dans lequel dans lequel est reproduit un plan de 1831, restituant Lyon antique.
L'article Lyon de l'an mil au rattachement à la France, publié sur wikipedia, est assez complet et décrit l'évolution de Lyon et ses limites.
Jean Pelletier insiste néanmoins sur la difficulté de délimiter Lyon durant le Moyen Age. Ainsi, dans Atlas historique du grand Lyon : formes urbaines et paysages au fil du temps il écrit :
Après l'an mil, et bien que la "lumière" du Moyen Age n'éclaire pas tous les points obscurs de la topographie urbaine, le fait majeur est à trouver dans la lente reconquête d’anciens espaces abandonnés et dans la défense de cet espace clos par une ou plusieurs enceintes successives. Ainsi la Presqu'île est-elle progressivement desservie par deux ponts, l'un sur la Saône qui donne accès à la ville des marchands, au "bourg" de la Presqu'île, et l'autre sur le Rhône qui ouvre la route des alpes, et permet à la ville de profiter à nouveau des potentialités de son site. Et pourtant, certains estiment que la croissance de Lyon dans ces nouveaux espaces a été plus lente que prévue (...) A l'intérieur du cadre délimité par la porte de Saint-Just ( ce qui exclurait le mandement de Saint-Just, mais même à l'époque les avis sont partagés), la rivière Charavay à Vaise, la croix de Saint-Sébastien à la Croix-Rousse et la pointe de la Presqu'île au sud d'Ainay, ou par les onze recluseries situées aux portes de la ville, il est difficile, en l’absence d'une iconographie ancienne, de reconstituer l'aspect de la ville (...) Lyon retrouve alors et son statut de ville-double et son rôle de carrefour de voies de communication mais reste pourtant une ville dont l'essor est ralenti par une économie longtemps de "type seigneurial".
L'auteur poursuit en décrivant la ville médiévale et mentionne :
et l'on arrive à l'exercice le plus périlleux, celui d'estimer la population de la ville. On ne peut considérer que Lyon ait été choisie pour la tenue des deux conciles en fonction de l'importance de la prospérité de la population, car on s'accorde pour voir dans ce choix plutôt des raisons de stratégie politique (...) Malheureusement, nous en disposons d'aucun indice sérieux autre que la liste des citoyens de 1320 (...) on évaluerait donc la population de la ville au XIIIe siècle plutôt entre 15 000 et 20 000 habitants (c'est-à-dire l’équivalent de Provins ou de Troyes et sensiblement moins que Rouen).
Jean-François Reynaud dans À la recherche d'un Lyon disparu. Vie et mort des édifices religieux du IVe au XXe siècle (2021) explique :
Il fallut attendre la fin du XIIe et le premier tiers du XIIIe siècle pour voir se multiplier les lotissements dans la presqu’île (…) la ville proprement dite se réduisait au tracé de l’enceinte réduite, avec une surface construite qui occupait à peine la moitié de la superficie totale et qui excluait les bourgs neufs crées aux portes de la ville, au nord de la Presqu’ile et à l’ouest à Sainte-Irénée. La rive droite de la Saône était le secteur le plus densément construit avec un habitat qui s’étendait au sud, en aval de Saint-Georges et au nord à Bourgneuf, en amont de Saint-Paul …
Un des changements fondamentaux de la topographie urbaine fut apporté par la construction d’un pont sur la Saône, au droit de Saint-Nizier puis sur le Rhône nettement plus au Sud.
Dans Histoire de Lyon : des origines à nos jours, André Pelletier consacre un chapitre "la résistance à l'évolution (XI-XIIe siècle)" à la période qui vous intéresse et note :
Peu de choses à signaler sur la rive droite de la Saône. L'enceinte ne bouge pas, et deux portes permettent de la franchir le long de la rivière (celle de Saint-Georges, au sud, et celle de Bourgneuf, au-delà de Saint Paul au nord en venant de Vaise). Sur la colline les collégiales Saint-Just et Saint-Irénée, ainsi que le bourg qui s'est formé autour d'elles, sont toujours entourées par un mur distinct de l'enceinte urbaine (...) Enter Saône et Rhône, le bourg voit sa limite septentrionale consolidée : un fossé avec une "clôture" (clausura) percée d'une porte (Saint-Marcel) est mentionné en 1208. Au-delà, et sur les premières pentes de la Croix-Rousse, la constitution de faubourgs s'annonce déjà sans doute autour des recluseries (...) Vers le Sud de la Presqu’île, le mur d'enceinte, qui délimitait le bourg à la hauteur de la rue Grenette actuelle, perd de son importance avec l'établissement de la rue Mercière (via mercatoria) qui relier le nouveau pont de Saône au port du Rhône (en amont du pont de la Guillotière actuel). Pour le moment, cependant, il n'y a pas encore de grandes opérations de lotissement dans cette zone toujours boueuse qui s'étend jusqu'à Ainay, et reste très rurale. En fin de compte, donc, une extension de l'implantation urbaine qui reste assez limitée.
Dans Histoire de Lyon : de la capitale des Gaules à la métropole européenne : de -10 000 à + 2004 , André Pelletier reproduit un plan de 1350 et décrit les limites de la ville. Il note qu'au début du XIVe , "Lyon n'est encore peuplée que d'environ 15 à 18 000 habitants".