Quel est le degré où la mystique est de mise dans la franc-maçonnerie?
Question d'origine :
Quel est le degré ou la mystique est de mise de la franc maçonnerie?
Réponse du Guichet
La franc-maçonnerie est une mystique, au sens étymologique du terme : dans un rapport consubstantiel au secret et au mystère. Quant à la spiritualité maçonnique, elle est sans doute moins à regarder en fonction des degrés ou des grades, qu’en fonction des différents rites qui composent cet univers franc-maçon.
La définition de mystique porte en elle l’idée de mystère, de secret. A ce titre, l’ensemble des pratiques de la franc-maçonnnerie relève de la mystique puisqu’il s’agit de processus d’initiation progressifs à des mystères et à des enseignements réservés. Par exemple, dès son entrée dans une loge du rite français, le profane est sommé de respecter l’obligation suivante « je jure et je promets devant le G. A. de L’univers de garder inviolablement tous les secrets qui me seront confiés » (source : Le Régulateur du Maçon)… Le mystère est à sa source même de l’engagement maçonnique.
Maintenant, si vous pensiez plutôt à la dimension spirituelle de la franc-maçonnerie, la question est plus délicate.
Car encore faut-il prendre la mesure de la "nébuleuse" franc-maçonne, qui n’est pas homogène, loin s'en faut. Plusieurs rites différents cohabitent au sein de cet univers maçonnique. De façon non exhaustive, on y trouve notamment le rite français, l’un des plus anciens rites de la franc-maçonnerie, dont Laurent Kupferman nous dit qu’il est devenu « sous la Troisième République, un rite laïcisé, porteur de la philosophie positiviste d’Auguste Comte ».
Ce rite coexiste avec entre autres le Rite Ecossais Rectifié (RER), créé par Jean-Baptiste Willermoz, « qui dans ses grades bleus, […] fait place à une doctrine mystique assez complexe, inspirée de Martinès de Pasqually (?-1774), un thaumaturge qui avait propagé une maçonnerie théurgique entre Bordeaux et Lyon ».
Dans les 100 mots de la franc-maçonnerie, Alain Bauer et Roger Dachez indiquent que ces « grades bleus » désignent « les trois premiers grades (apprenti, compagnon, maître) […].On les appelle aussi « grades symboliques » pour les distinguer des hauts grades – qui ne sont pourtant pas moins riches en symboles». «Les grades bleus sont universels et existent dans tous les Rites. En revanche, le nombre, le contenu et la séquence des hauts grades sont spécifiques à chaque Rite. Ainsi, le Rite Écossais Ancien et Accepté en compte 30 au-dessus du grade de maître, alors que le Rite Français connaît cinq Ordres capitulaires après les grades bleus ».
Un des rites les plus « ésotériques » est sans doute le rite égyptien, ou «Memphis-Misraïm», qui bien que n’ayant « aucun lien avec réel avec la spiritualité de l’Egypte antique » n’en prend pas moins « un tournant occultiste qui perdurera » (source : 3 minutes pour comprendre les 50 principes fondamentaux de la franc-maçonnerie).
Concernant l’aspect religieux ou spirituel, Kupferman répond assez nettement à la question: « Il n’y a pas de vérité révélées en franc-maçonnerie. Institution philanthropique et chrétienne, elle n’est pas, stricto sensu, une religion, même si la Bible au travers de certains personnages et mythes y est présente dès ses prémices […]. A la différence de nombre religions, la franc-maçonnerie n’a pas de dogmes, hormis celui de croire en la perfectibilité de l’humanité […]. Si l’on admet que la spiritualité n’est pas l’apanage des seules religions, la franc-maçonnerie peut être envisagée comme une voie spirituelle dans laquelle l’idée de Dieu serait absente ».
Si vous souhaitez en savoir plus sur les différents grades ou degrés de la franc-maçonnerie, de nombreux ouvrages existent à ce sujet, disponibles à la bibliothèque de Lyon. Attention, encore une fois, les explications liées à ces grades sont à rattacher à un type de rite spécifique.
Bonnes lectures !