Je cherche des des informations sur les peintures du château de Saint Marcel de Félines
Question d'origine :
Bonjour,
J'ai visité le château de Saint Marcel de Félines (Loire) récemment, et la guide n'a pas été très disserte quant aux magnifiques peintures (natures mortes, ocres et grisailles) qui ornent les murs.
Pourriez-vous m'en indiquer les dates, auteurs, sujets...
Merci d'avance !
Réponse du Guichet

Le château de Saint-Marcel-de-Félines, ancienne maison forte sur deux étages du XIème siècle, restaurée par les Talaru, seigneurs de Chalmazel, entre les années 1580 à 1690, présente de nombreux tableaux muraux encadrés de boiseries.
En 1934, le Marquis d'Albon décrit ainsi les deux niveaux principaux du château de Saint-Marcel-de-Félines, en partant des tableaux de la salle basse :
"aux murs, se voient, disposés sur deux rangs, de nombreux tableaux encadrés dans les boiseries : ceux d'en haut représentent des natures mortes, ds corbeilles de fleurs et de fruits posées parfois sur de riches tapis aux couleurs vives, le tout exécuté avec un scrupuleux souci du détail, un réalisme qui rappelle la manière des vieux Maîtres, tandis qu'au-dessous s'alignent des paysages, souvent agrémentés d'architectures et de petits personnages, où les tons ne sont pas toujours harmonieux, mais qui, tout de même, font penser à Nicolas Poussin et aux Patel. tous ces tableaux sont peints sur bois ; il y en a d'autres, peints sur toile, au-dessus des portes. On en compte en tout trente-six."
S'ensuit une description précise de la décoration des éléments architecturaux de cette pièce : poutres, embrasures des fenêtres, revers des volets, soubassements des embrasures, portes, cheminée. Les sujets sont empruntés à la mythologie ou représentent des paysages dont des vues de Rome.
La pièce suivante, carrée, présente des peintures en camaïeu gris qui devaient servir à mettre en valeur des tapisseries aujourd'hui disparues.
Dans le prolongement, l'ancienne chambre de la Marquise de Chalmazel présente sur un pan de mur des "panneaux géométriques, où l'on voit, d'un côté, Ariane devenue prêtresse de Bacchus, de l'autre, Thétys demandant à Vulcain des armes pour Achille, et, au plafond, l'Aurore". Une autre suite de panneaux représente "des scènes mythologiques, dont le sens n'est pas toujours très clair, mais qui, cependant, ont été à peu près tous identifiés par M. Le baron Piston de Saint Cyr" :
"On voit Junon réclamant à Jupiter Io métamorphosée en vache, Dircé maltraitant Antiope, Mercure et Aglaure, Apollon sous les traits d'Eurynome entre Leucothoé et Clytie, Alphée poursuivant Aréthuse, Jupiter auprès de Danaé. Ici, Pan poursuit Syrinx sur les bords du Ladon, là, Apollon écorche Marsyas. Voici Céphale au désespoir d'avoir tué par erreur sa femme Procris, Jupiter, qui, sous les traits de Diane, rend visite à Callisthô, Méléagre offrant à Atalante la hure du sanglier de Calydon, enfin Cérès, à la recherche de Proserpine, qui s'arrête chez une vieille."
Le grand cabinet suivant est décoré de "quatre tableaux [qui] se détachent sur le fond en camaïeu des boiseries" : "Ces tableaux se font pendant deux par deux, et la tradition veut qu'ils représentent des maîtresses de Louis XIV ; ce seraient, à gauche en entrant, Madame de Montespan et Mademoiselle de La Vallière, à droite, Mesdemoiselles de Ludre et de Fontanges." Néanmoins, les recherches de l'auteur ne valident pas ces hypothèses. Selon lui "ce sont là probablement des femmes de la Cour, de grandes dames, ou tout au moins des personnes de qualité. Leurs toilettes sont celles des plus brillantes années du règne (1660-1690)."
L'auteur expose ensuite ses hypothèses d'interprétation des peintures du cabinet du seigneur de Chalmazel : le plafond présente "une sorte d'allégorie comprenant cinq panneaux et assez difficile à interpréter", peut-être "allusion à la toute-puissance et à la munificence de Louis XIV". Par ailleurs :
On retrouve ici et là, dans ce cabinet, des sujets mythologiques, l'enlèvement d'Europe, la métamorphose de Daphné en laurier, et, se faisant vis-à-vis, les chars de Neptune et d''Amphitrite, mais, si l'on relève la tête, on distingue, au-dessus de l'entrée, un panneau rectangulaire qui représente la bataille du pont Milvius ; c'est la fin du paganisme : la Croix, victorieuse, paraît dans le ciel."
Le premier étage présente d'autres pièces ornées de peintures (et plus anciennement de tapisseries), dans lesquelles on retrouve les scènes mythologiques : "le Jugement de Pâris, Phaéton, l’Assemblée des Dieux, Ganymède, Hercule -, et le Colosse de Rhodes". Par ailleurs, "des vases ou des corbeilles de fleurs ornent les dessus de portes, peints à la manière du célèbre J. N. Monnoyer".
L'auteur date ces peintures de la période faste du règne de Louis XIV, entre 1661 et 1691, influencée par les peintures italienne et hollandaise, "fondues en une harmonie bien française". Plus précisément :
"Leurs formes majestueuses caractérisent l’œuvre d'un artiste célèbre de cette époque, Jean Le Pautre. Ce sont bien ces énormes guirlandes, ces somptueux rinceaux, ces figures humaines massives qui apparaissent dans les camaïeux de Saint-Marcel-de-Félines, le tout ponctué du mascaron et de la coquille, chers aux artistes de Versailles, et, dans le château de province comme dans le Palais du Grand Roi, c'est une profusion de scènes mythologiques. Cependant, cette lourde opulence fait place peu à peu à un art plus affiné, et, tandis que les lambris et la décoration des autres pièces rappellent une époque de transition, le petit cabinet nous offre un exemple du plus pur style Louis XIV".
Source : Les peintures du château de Saint-Marcel-de-Félines en Forez, par Le Marquis Antoine d'Albon, 1934
À savoir : depuis 2014, le château accueille des résidences d'artiste, lesquelles aboutissent à des expositions dont la BmL conserve les catalogues.
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