Quels sont les risques pour les collections des médiathèques non climatisées ?
Question d'origine :
Bonjour,
avec la canicule, dans un bâtiment où il n'y a pas de clim, quel est le risque pour les collections (livres, revues, CD, DVD)? Médiathèque intercommunale.
En vous remerciant.
Maud
Réponse du Guichet
Les risques concernent essentiellement les documents patrimoniaux.
Bonjour,
Si les variations de température – mais aussi d’humidité - ont effectivement un impact sur les documents, il importe néanmoins de noter que, comme nous l’indiquions dans une réponse précédente portant sur BD au dessus d'un radiateur ? et selon Jean-Paul Oddos, les objets sont beaucoup moins sensibles aux variations de température que les humains:
Si la plupart des facteurs de dégradation peuvent être minimisés ou même exclus, il est souvent difficile de maîtriser correctement les facteurs « température » et « humidité relative ». En effet, il s'agit là de deux paramètres interdépendants dont les effets sur les œuvres sont plus variés et plus complexes que ceux des autres paramètres. Beaucoup d'idées, parfois fausses, circulent au sujet des niveaux et fluctuations de la température et de l'humidité relative.
a) Influence de la température
Les êtres humains sont très sensibles aux changements de température, alors que les objets le sont beaucoup moins. Seuls les objets composites dont les matériaux constituants possèdent des caractéristiques de dilatation différente en fonction de la température (émaux par exemple) sont sensibles aux fluctuations de température.
Des températures trop basses peuvent fragiliser des matériaux plastiques qui deviennent en général vitreux et de plus en plus friables en dessous de 5 °C. De l'autre côté des températures trop élevées accélèrent la dégradation des matériaux instables (papiers acides, films de nitrate et d'acétate de cellulose, films en couleur). Pour ces documents, un certain nombre d'auteurs proposent la conservation à basse température (5 °C). Théoriquement chaque élévation de la température de 10 °C va doubler la vitesse des réactions chimiques (règle de Van't Hoff). Il n'est cependant pas très économique de maintenir constamment des matériaux bien en dessous de la température ambiante. Dans le cas d'une panne du système de refroidissement, les dégâts dus à la condensation de la vapeur d'eau à la surface froide des matériaux peuvent également être préjudiciables. »
Plus généralement, les modalités de conservation concernent avant tout les documents patrimoniaux car plus fragiles et c’est peut-être sur ceux-ci que vous devez veiller en premier. Il est généralement recommandé pour ces ouvrages un taux d’humidité relative de 50 % et une température ambiante de 18° C avec une tolérance de plus ou moins de 2°C.
Dans l’article Comment (bien) conserver les collections patrimoniales ? (publié dans l’ouvrage Apprendre à gérer des collections patrimoniales en bibliothèque) Jocelyne Deschaux explique :
Des fluctuations sont généralement admises entre 16 et 21° C et 40 % et 60 % d’HR, à condition que ces variations ne soient pas brutales, mais saisonnières.
Mais elle note aussi que :
Les modes de stockage ont une influence directe sur la vie des documents. De mauvaises conditions endommagent rapidement les collections, provoquant des déformations (espaces entre les étagères non adaptés à la hauteur véritable des ouvrages, absence de serre-livres pour des étagères non complètes…), ou des éraflures sur les reliures (rayonnages métalliques à arêtes vives, extraction violente des rayonnages). C’est aux rayonnages de s’adapter aux collections, et non l’inverse.
Par ailleurs, le document proposé par l'Enssib, Contrôler le climat pour la conservation des collections sur support papier intègre ces nouvelles données climatiques :
Les conditions climatiques recommandées pour une bonne conservation des documents sur support papier
dans les pays tempérés sont :
• température : entre 16 et 20°C
• humidité relative : entre 45 et 55 %
Toutefois, la tendance est à l’élargissement des plages tout en restant inférieur à 25°C et 60%, en définissant des points de consigne (des plages) pour l'hiver et pour l'été (ceci dans un souci d'économie d'énergie).
La stabilité des conditions climatiques est à viser en priorité, car les fluctuations sont souvent plus génératrices de dégradations. Dans une certaine mesure, mieux vaut un climat stable en dehors des recommandations que des conditions très fluctuantes mais dans les fourchettes recommandées. Les variations quotidiennes généralement recommandées pour les documents les plus vulnérables sont de 2°C et de 5% pour l’HR.
Pour certains types de collections, notamment les documents photographiques tels que les films en nitrate de cellulose ou triacétate, l’humidité relative recommandée est de 20-30%
(…)Il est important de confronter les données du climat intérieur aux conditions climatiques extérieures
Nous vous laissons aussi parcourir le Guide de gestion des documents patrimoniaux en bibliothèques territoriales.
Enfin, n'hésitez pas à contacter le service de questions-réponses de l'Enssib plus expert que nous sur des sujets de bibliothéconomie.