Peut-on trouver des critiques japonais de R. Oppenheimer ?
Question d'origine :
Peut-on. trouver des critiques japonais de R. Oppenheimer ?
Je pense à Tetsuro Watsuji, mais il y en sûrement d'autres...
Réponse du Guichet
Nous ne savons si nous avons bien cerné votre demande mais nous vous proposons une sélection d'études qui vous permettront de trouver des éléments sur Watsuji Tetsurô et de cerner qui étaient les intellectuels japonais à cette période.
Bonjour,
Le biopic réalisé par Christopher Nolan, Oppenheimer, semble avoir relancé l’intérêt pour cette période historique. Nous nous sommes donc plongées avec plaisir dans cette histoire mais nous devons bien avouer que nos diverses recherches ne nous ont pas permis de trouver quelles avaient été les prises de position de Watsuji Tetsurô vis-à-vis d’Oppenheimer. Tout au plus, et sans vouloir schématiser et réduire sa pensée, pouvons-nous dire que, ses écrits révélaient à la fois un déterminisme géographique, un nationalisme culturel et une xénophobie envers les chinois (source : La Négation des chambres à gaz et l'antisémitisme au Japon, Arnaud Nanta, Ebisu - Études Japonaises, 2002, 29, p. 167-185).
Etait-ce là ce à quoi vous faisiez référence ?
Arnaud Nanta, donne le nom, pour les années 1930, de cinq intellectuels majeurs au Japon "Nishida et Watsuji pour l’extrême droite, Konayashi Hideo, figure englobante qui avait des relations dans tous les milieux, Tosaka Jun et Miki Kiyoshi pour l’extrême-gauche. Ces deux derniers disparaissent en prison avant la fin de la guerre, de façon mystérieuse pour le premier et battu à mort pour le second".
Par ailleurs dans l’article « Histoire et mémoire dans le Japon d'après-guerre », (Études, 2005/10 (Tome 403), p. 297-307. Arnaud Nanta cite un certain nombre de penseurs et explique ainsi :
Maruyama Masao cherchait surtout à déterminer les causes internes du militarisme japonais. Ses analyses ont eu beaucoup de poids durant les vingt années suivantes ; elles défendaient un « nationalisme sain » en opposition à l’« ultra-nationalisme » d’avant-guerre . Les textes d’un historien comme Ienaga Saburô sur la responsabilité de guerre montraient de semblables limites.
Vous trouverez d’autres noms et d’autres éléments dans :
Matsunuma Miho, « Historiographie japonaise de la guerre de 1931 à 1945 : état des recherches jusqu'à nos jours », Guerres mondiales et conflits contemporains, 2013/1 (n° 249), p. 33-48.
Ogino Fumitaka, "Nature, rupture et modernité au Japon", Quaderni, n°27, 1995. p. 29-52.
Pauline Couteau, « Watsuji Tetsurô », Géographie et cultures, 74 | 2010.
Bernard Bernier, Watsuji Tetsurô, la modernité et la culture japonaise, Revue Anthropologie et Sociétés, Volume 22, numéro 3, 1998, p. 35–58.
Bernard Bernier, De l’éthique au nationalisme et au totalitarisme chez Heidegger et Watsuji dans Approches critiques de la pensée japonaise du XXe siècle
Weir, Edgar Allan, "The philosophical and historical dynamics of Watsuji Tetsuro's cultural
phenomenology" (2000).
William R. LaFleur, "Reasons for the Rubble: Watsuji Tetsurō's Position in Japan's Postwar Debate about Rationality", Philosophy East and West, vol. 51, (Jan., 2001), pp. 1-25.
Tokyo University and the War / Tachibana Takashi, 2017
Enfin bien qu’ultérieures, vous pourriez peut-être jeter un coup d’œil aux prises de position des intellectuels japonais après-guerre. Nous vous conseillons ainsi de lire :
Souyri Pierre, « La modernité japonaise dans tous ses états », Le Débat, 2009/1 (n° 153), p. 88-99.
Tsuyoshi Hasegawa, Racing the enemy : Stalin, Truman, and the surrender of Japan, 2005.
En guise de conclusion et pour élargir le sujet, vous pourriez jeter un coup d’œil :
Martin Legros, Elliot Mawas, "Les philosophes face à la bombe d’Oppenheimer", Philosophie Magazine, juillet 2023.
Robert Oppenheimer : triomphe et tragédie d'un génie / Kai Bird & Martin J. Sherwin ; traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Peggy Sastre.