Comment le régiment a rejoint Thaon les Vosges ?

Bonjour,

Plusieurs indices nous amènent à penser que le 61e bataillon de chasseurs à pied a pris un autre train à Gray pour rejoindre Thaon.

Dans le JMO le transfert des hommes est en effet ainsi décrit:

«9 Août, embarquement à Langres (gare) à 16h16 du 61e bataillon pour Gray (gare régulatrice) d’où le bataillon est dirigé sur Thaon-les-Vosges où il arrive le 10 août à 6 heures. Le bataillon débarque, fait la grande halte et se dirige sur son cantonnement […]»

Site Mémoire des hommes.

Puisque le bataillon «embarque» en train, on peut supposer qu’il «débarque» aussi d’un train.

Le même terme est utilisé dans l’Historique du 61e bataillon de chasseurs à pied sur Gallica même si les dates sont les 8 et 9 août au lieu de 9 et 10.

Dans les deux cas il arrive à Thaon le lendemain et la distance entre Gray et Thaon-les-Vosges (au moins 150 km) exclut qu’il ait pu faire le trajet à pied. Et ce malgré leur nom et leur devise.

Par ailleurs, Gray est une gare «régulatrice», selon le plan militaire XVII. Les troupes y vont donc pour être ensuite dispatchées vers le front. On voit sur le schéma des zones de débarquement de Wikipedia une ligne Gray-Epinal.

Pour plus de détails sur le rôle des gares régulatrices et la gare de Gray, vous pouvez consulter :

Les chemins de fer de l’Est et la guerre de 1914-1918, A. Marchand

Sur la Carte du réseau des chemins de fer de l’est avant guerre, on voit bien une ligne allant jusqu’à Thaon.

Peut-être le bataillon a-t-il pris une correspondance à Epinal, comme Henri Désagneaux qui raconte (p. 17) dans son Journal de guerre : 14-18 :

"Lundi 3 août

Je ne reste pas longtemps à Gray. A midi, je reprends le train, suis à 2h30 à Vesoul, à minuit à Epinal. […]

4 août

Après un arrêt de 3 heures, je repars d’Epinal (2h59) et j’arrive à Thaon à 3h25."

Il est mobilisé comme lieutenant de réserve dans le Service des Etapes et Chemins de fer, et affecté à la gare de Thaon pour effectuer le débarquement des troupes. Il voit débarquer (c’est aussi le terme qu’il emploie) des soldats des trains à partir du 6 août. Il a donc pu croiser votre grand-père à la gare de Thaon.

Voir aussi De Philippeville à Verdun, journal de route de Léon Tournissa 1914-1916, notamment p. 196.

Très bonne journée !