Un accident de péniche explique-t-il les nombreux cèdres à Lyon ?
Question d'origine :
Bonjour
Une quantité impressionnante de vieux cèdres agrémentent encore aujourd’hui les parcs publics et les propriétés privées de la ville de Lyon, notamment dans le 5ème arrondissement. Il paraît qu’au début XIXe siècle, à Lyon, une péniche transportant de jeunes plants de cèdres, s'est échoué sur la Saône. Ce serait l'origine de ces plantations.
Je cherche à vérifier cette information et surtout à trouver le document précisant le lieu et la date de cet accident.
Cordialement
Christian Déal, président de l'Association de Recherches Historiques de l'Ouest de Lyon (ARHOLY)
Réponse du Guichet
Nous n’avons pas trouvé confirmation de cette légende dans nos ressources à la bibliothèque. La cellule d’information géographique (ex-patrimoniale) que nous avons contactée, qui fait office d’archives pour les Espaces Verts de la Ville de Lyon (Direction de la Biodiversité et de la Nature en Ville) n’est pas en capacité de reconstituer toute l’histoire des arbres de la ville, notamment lorsqu’il s’agit des plus anciens.
Nous ne savons pas quelle est la source de ce fait historique dont vous souhaitez vérifier la véracité mais la même question avait déjà été soumise au Guichet du Savoir pour les plantations de cèdres sur la commune de Caluire, sans avoir trouvé de réponse.
Nous n’avons pas trouvé d’informations relatant cet accident de péniche sur la Saône transportant des plants de cèdres, dans la presse de l’époque (fin 19e) numérisée : Le Salut Public, Courrier de Lyon, La construction lyonnaise.
Les éléments chronologiques concernant l’histoire de la présence des arbres dans l’agglomération lyonnaise ne rapportent pas cette histoire anecdotique :
L’arbre est isolé et rare tant que la ville reste enfermée dans ses remparts.
Jusqu’au 17e les arbres dans Lyon sont surtout des fruitiers.
Puis la ville s’ouvre et l’arbre devient une nécessité urbaine. Les gouvernements cherchent à inciter les plantations.
Sous Napoléon III, il est réellement mis au service de l’esthétique et de la santé des urbains.
Ainsi, il accompagne les travaux d’embellissement de la ville. Ce sont les grands travaux haussmanniens, avec la création des jardins, parcs et squares. Les essences utilisées se diversifient. Les ormes et les tilleuls se voient concurrencés par les platanes et les marronniers.
Ainsi la place Bellecour sera plantée de tilleuls début 17e puis une deuxième génération d’arbres à partir de 1740. Ils seront remplacés à partir de 1850 de marronniers d’Inde et de platanes.
La première plantation d’alignement date du milieu du 18e: située dans le quartier des Brotteaux, avec a priori des peupliers et saules.
Les grandes percées de voies plantées de peupliers datent de 1820-45.
Apparaissent dès 1840 sur les quais de Saône des alignements de platanes.
Les grandes avenues percées sous le préfet Vaisse sont végétalisées.
En 1866, les remparts de la Croix-Rousse laissent la place à un large boulevard avec des platanes.
Sources :
- Charte de l’arbre du Grand Lyon, 2000 p.12
- Chronologie du végétal dans l’agglomération lyonnaise, 2007
- L'arbre & la ville / Agence d'urbanisme de la Communauté urbaine de Lyon, Comité consultatif d'urbanisme, 1998
Les 3 principales espèces de cèdres en France, utilisées comme arbres d’ornement sont les suivantes : celui de l’Atlas (introduit en France en 1839), celui de Liban (premiers sujets importés en France vers 1734) et celui de l’Himalaya (introduit en Europe en 1822). C’est le courant romantique du jardin à l’anglaise au XIXe siècle qui a permis à l’essence son expansion sur tout le continent.
Le petit fascicule Arbres remarquables du Rhône publié en 2000 signale un seul cèdre : Le cèdre du Liban dans le parc municipal Blanchoud dans le 5e : plus de 30 mètres de haut et 6,50 m de circonférence (page 44).
Vous faites allusion aux arbres dans le 5e ; sur la colline de Fourvière surplombant les rives de Saône et les quartiers de St Jean-St Paul se trouve installé le grand parc des Hauteurs avec une succession d’espaces publics végétalisés, insérés dans une trame de parcelles privées. Ce qui confère à la colline un aspect très vert. D’ailleurs il existait le jardin du gros cèdre devenu aujourd’hui le square Gabrielle Dupond-Ebrard.
A savoir : concernant les plantations des arbres d’alignement plantés dans la métropole de Lyon, ils sont inventoriés sur le site Data Grand Lyon . Aussi, en cherchant les cèdres existants sur le territoire, le 1er cèdre répertorié sur cette base a été planté en 1861 et se trouve à Albigny.
Complément(s) de réponse
Pour poursuivre nos recherches, nous avons contacté également la responsable du Pôle Arbres au Service gestion spécialisée de la Direction de la Biodiversité et de la Nature en ville. C’est la personne-ressource sur l’histoire des arbres de la ville de Lyon.
Aussi, si elle n’a pas connaissance de cette histoire de péniche accidentée sur la Saône qui serait à l’origine de la plantation de cèdres à Lyon, elle a en revanche d’autres explications sur la présence des vieux cèdres dans l’Ouest lyonnais : dès le 18e siècle, ce secteur de la ville et les communes alentours étaient habités par des personnes de la noblesse, qui y avaient leurs maisons secondaires, les «maisons des champs» et à cette époque, le cèdre était l’arbre noble par excellence qui agrémentait les jardins de ces demeures bourgeoises.
Ce doit donc être le cas du majestueux cèdre bicentenaire dans le jardin de la maison Blanchoud / Sabattier qui se trouve dans le parc de la Chapelle que votre association ARHOLY fait découvrir lors de ses balades dans le quartier Champvert. Il s’agit d’un Cèdre de l’Atlas ( Cèdrus atlantica) avec une hauteur de 28m, une largeur de houppier de 32m et une circonférence de tronc de 635cm. Cet arbre est le plus imposant des arbres de la Ville de Lyon et a fait l’objet de nombreux soins au cours de ces dernières années afin de le préserver dans la longévité. Il fait partie des 4 sujets d’exception qui viennent de recevoir le label national « Arbre remarquable de France » décerné par l’association A.R.B.R.E.S.
Concernant les conifères présents en nombre sur le territoire lyonnais, il existe une autre explication singulière qui rappelle celle de la péniche mais qui est cette fois-ci vérifiée et véridique : à Oullins, au 19e siècle l’ingénieur François Barthélemy Arlès-Dufour qui travaillait sur le canal de Suez ramena des graines de pins noirs qui ont été plantées en grand nombre et que l’on retrouve notamment dans le parc Chabrières.
Complément(s) de réponse
Voici la liste des arbres remarquables à visiter sur Lyon (communiquée par le pôle Arbres de la Direction de la biodiversité et de la Nature en ville) :
Les sites où l’on peut admirer les arbres labellisés sont :
- Le parc de la garde : un Marronnier d’Inde (Aesculus hipposcatanum) avec une hauteur de 27m, une largeur de houppier de 20m et une circonférence de tronc de 471cm. Le parc de la garde est un espace forestier qui est également labellisé éco-jardin et il se situe sur le contre haut de l'ancienne voie ferrée de Vaugneray, nommée aujourd'hui chemin de la voie verte.
- Le parc de Gerland : Un Sophora du Japon (Sophora japonica) avec une hauteur de 16m, une largeur de houppier de 18m et une circonférence de tronc de 302cm.Cet arbre a été préservé lors de L’aménagement du parc en 2000 qui 20ème siècle, accueillait une zone industrielle.
- Le parc de la Chapelle : Un Cèdre de l’Atlas (Cèdrus atlantica) avec une hauteur de 28m, une largeur de houppier de 32m et une circonférence de tronc de 635cm. Cet arbre est le plus imposant des arbres de la Ville de Lyon et a fait l’objet de nombreux soins au cours de ces dernières années afin de le préserver dans la longévité.
- Le parc de la tête d’or : Un Pin de Bunge ou pin Napoléon (Pinus bungeana) avec une hauteur de 21m, une largeur de houppier de 12m et une circonférence de tronc de 267cm.Cet arbre fut le premier de son espèce à être ramené de Chine en Europe au XIXème siècle via le jardin botanique de Kew à Londres. C’est un arbre très rare avec une écorce de toute beauté qui fait sa spécificité. Il est aussi communément appelé, Pin à écorce de platane
Les sites où l’on peut admirer des arbres remarquables autres que ceux cités ci-dessus :
- 1Er arrondissement - Montée Allouche : Un chêne vert (Quercus ilex) - Parc Sutter : Un Gingko biloba (arbre aux 40 écus) - Palais st Pierre : Un Prunus « fekeciana » - Jardin croix paquet : Un Sophora du Japon (sophora japonica)
- 2 e arrondissement - Place Carnot : Un fillaire à feuille étroite (Phyllyréa augustifolia) ainsi qu’un Marronnier rouge (Aesculus carnea) et un groupe de platanes plus que centenaire
- 3 e arrondissement - Parc Bazin : un Robinier faux acacia ( Robinia pseudoacacia)
- 4 e arrondissement - Parc de la cerisaie : Un platane à feuilles d’érable (Platanus acerifolia)
- 5 e arrondissement - Square Gabrielle Ebrard : Cèdre du Liban (Cedrus libani) - Parc de la mairie du 5 ardt : Cèdre du Liban (Cedrus libani) et un séquoia (sequoiadendron giganteum)
- 7e arrondissement - Parc de Gerland : Un Peuplier noir d’Italie ( Populus nigra italica)
- 9 e arrondissement - Parc montel : Deux Platanes à feuilles d’érable (Platanus acerifolia) et un Micoucoulier de virginie (Celtis occidentalis)
PJ : plan-visite-des-arbres-remarquables-ville-de-lyon-6530f59c8bcdf091132189.pdf