Que savez-vous de la confluence Rhône-Saône vers l'époque romaine ?
Question d'origine :
Confluent Rhône - Saône
Bonjour,
1 - Je cherche de la documentation sur la géographie du confluent Rhône Saône avant les Romains
2 - Comment s'appelait l'île Mognat du temps des Romains : était elle incluse dans l'île de Condate ?
Merci de votre réponse.
Réponse du Guichet
Il n'existe aucun élément permettant d'être affirmatif et les études archéologiques - portant souvent sur l'Antiquité mais qui devraient néanmoins vous aider dans vos recherches - sur la Confluence montrent que celle-ci n'existait pas telle que nous la connaissons actuellement.
Bonjour,
La Confluence telle que nous la connaissons actuellement n’existait pas à l’Antiquité et son aménagement a commencé au XVIIIe siècle.
Pour ce qui est de la géographie du confluent Rhône Saône avant les Romains, il n’existe pas de certitude mais nous reprendrons les analyses établies sous la direction de Grégoire Ayala, Lyon, Saint-Georges : archéologie, environnement et histoire d'un espace fluvial en bord de Saône lors de chantiers de fouilles.
Pour ce qui est donc de la confluence du Rhône et de la Saône, les archéologues relèvent:
Cette construction graveleuse s’est donc mise en place entre le Dryas récent et le IIe s. av. J-C ; et traduit la dynamique du système fluvial régional Rhône-Saône. Dans ce système le Rhône est le moteur de la dynamique (…) aucun élément sur le site du Parc saint Georges ne permet de dater le rythme de cette construction alluviale, ni d’isoler les phases à fort dynamisme, souvent d’accumulation (tressage de multiples chenaux entre des îles graveleuses), des phases plus calmes, souvent d’incision (méandre d’un chenal unique moins large et plus profond)
(…)
La topographie de la plaine est alors très différente de celle d’aujourd’hui : d’une part la Presqu'île est échancrée par les chenaux mobiles du Rhône, et adopte une forme générale orientée NE-SO, d’autre part la confluence est située plus en amont et à l’ouest qu’aujourd’hui, plaquée contre le plateau de Fourvière. Cette dynamique alluviale explique pourquoi aucun vestige de la préhistoire et de la protohistoire n’a été découvert dans la plaine alluviale au cœur de Lyon. On sait que l’occupation se développe pourtant depuis le néolithique, et même en deçà, dans la plaine de Vaise, (..) les datations démontrent que le site du parc Saint-Georges en position aval, reste encore partiellement sous les eaux jusqu’au IIe avant J-C. En amont, sur la Presqu’île, le recouvrement fin sablo-lumineux, daté de la Tène, démontre en revanche que le Rhône, décalé sur sa rive orientale,a déjà adopté un tracé simplifié libérant progressivement des espaces de plaine.
(…) Au cours de la période I, l’encaissement d’eau entraîne le déplacement de la confluence du Rhône et de la Saône vers l’aval. Durant la première phase, dès la fin du IIe s. av J-C., une presqu’île se dessine au nord du site bordé par le talweg de la Saône primitive au sud. Ces nouvelles terres émergées sont exhaussées par les débordements successifs des deux cours d’eau.
L’étude Lyon, les dessous de la Presqu'île : Bourse, République, Célestins, Terreaux : sites Lyon Parc Auto complète les précédentes réflexions et montre clairement l’évolution du site de la confluence qui "sera définitivement fixé au XVIIIe s. lors des grands aménagements dirigés par Perrache".
L'étude présente toutes les hypothèses sur le site de la confluence entre Rhône et Saône :
p. 262
Au moment de la colonisation romaine, la bordure orientale de la Presqu’île se précise au fur et à mesure que le Rhône se stabilise dans son chenal à l’est. Les lônes se remblayent peu à peu d’amont en aval (…) A l’ouest le retrait du fleuve libère la Saône qui adopte dès le début de notre ère un nouveau tracé proche de l’actuel. Elle construit alors sa nouvelle berge de rive gauche et délimite ainsi la bordure occidentale de la Presqu’île. En arrière de la berge, la plaine est inondée également par la rivière qui participe comme le fleuve à l’exhaussement de ces terres (...) Ainsi, des espaces totalement neufs se libèrent pour les populations riveraines dès le début du Ier ap. J-C : les terres entre la colline de Fourvière et la nouvelle rive droite de la Saône occupée aujourd’hui par le « vieux Lyon » et une Presqu’île aux rives en cours de stabilisation et partiellement exondée.
p. 264
(…) Un siècle avant, l’ingénieur Perrache avait entrepris de grands travaux assainissement afin de reporter la confluence plus au sud et ainsi gagner des terres sur les deux cours d’eau
De nombreuses études portent sur l'Antiquité mais permettent de comprendre comment était constitué le confluent. Ainsi, Éric Bertrand, dans l'article « L’extrémité de la presqu’île lyonnaise dans l’Antiquité : indices archéologiques et céramologiques de l’activité d’un quartier fluvial » (Revue archéologique de l’Est, Tome 67 | 2018) explique :
La presqu’île lyonnaise s’étend aujourd’hui sur quatre kilomètres entre le Rhône et la Saône, mais cette configuration récente résulte des travaux mis en œuvre par Antoine-Michel Perrache à partir de la fin du XVIIIe siècle. Cette extension importante du cœur de la ville fut réalisée par un remblaiement massif opportunément appuyé sur un chapelet d’îles et de bancs de graviers réunis au pied de la colline de Sainte-Foy-lès-Lyon autour d’une île principale : l’île Mogniat. Formées par des dépôts alluvionnaires partiellement stabilisés et végétalisés, ces terres émergées constituaient les derniers vestiges d’un paysage non urbanisé, modelé par l’écoulement en tresse des eaux rhodaniennes.
(…)
S’il n’existe évidemment pas de représentation antique de la presqu’île romaine, son extrémité méridionale, qui est fréquentée et sans doute exploitée par l’Homme de longue date, a été épargnée par l’urbanisation moderne. Ainsi, son relevé précis au milieu du XVIIIe siècle permet d’en imaginer la configuration (fig. 3).
En complément, nous vous laissons consulter les articles :
Bravard, Jean-Paul, La Saône, de l'Antiquité à nos jours [Article], Journal de médecine de Lyon, juin 1992, p. 213-217.
Le Rhône, fleuve soumis [Article], Alpes magazine, no 3, mai-juin 1990, p. 20-27
Les archives municipales de Lyon ont mis en ligne de nombreux plans permettant d 'imaginer ce que pouvait être la confluence.
Concernant l'île Mogniat, nous n'avons rien trouvé de concluant et avons donc interrogé le service archéologique de la ville de Lyon. Nous ne manquerons pas de compléter cette première réponse si nous obtenons d'autres renseignements.