L'orientation sexuelle est elle déterminée par le calendrier de grossesse ?
Question d'origine :
Bonjour,
L'orientation sexuelle est elle déterminée par le calendrier de grossesse ?
Bonne journée ?
Réponse du Guichet
Les études les plus récentes sur le sujet ne semblent pas établir de lien entre le calendrier de naissance et l'orientation sexuelle de l'enfant. Tout comme elles tendraient à relativiser considérablement l'impact de la psychosociologie dans la construction sexuelle des individus qui a longtemps prédominé.
Bonjour,
Les dernières études scientifiques démontrent que notre orientation sexuelle serait gouvernée par nos gènes et des facteurs biologiques intervenant dès la vie utérine.
Voici quelques extraits d'un article intitulé Orientation sexuelle : elle se joue avant la naissance de Coralie Hancok (Science et vie - 23 Sep 2021) :
Notre orientation sexuelle est en partie gouvernée par nos gènes. Cette conclusion d'une étude récente, menée sur près d'un demi-million de personnes et publiée l'été dernier dans la prestigieuse revue Science, a fait beaucoup de bruit… et suscité la polémique. Elle n'est pourtant que la dernière d'une longue liste à rappeler ce dont de plus en plus de scientifiques sont convaincus : notre orientation sexuelle est déterminée, en grande partie, avant la naissance. L'idée peut surprendre, d'autant qu'elle va à l'encontre de celle qui a longtemps prévalu, et ce depuis la fin du siècle : toute orientation sexuelle autre que celle jugée alors comme la norme, à savoir l'hétérosexualité, relevait de la psychiatrie, et c'était dans les expériences vécues au cours de l'enfance qu'il fallait chercher l'origine de ce qui était considéré comme un “trouble”. [...]
... les études suggérant l'existence de déterminants biologiques se sont, elles, accumulées ces vingt dernières années. Révélant en particulier l'influence de trois facteurs, génétiques, hormonaux et maternels (voir encadrés). Bien sûr, personne n'affirme que tout est joué d'avance : ce serait faire trop peu de cas de l'importance du hasard des rencontres. Mais une chose semble désormais sûre : une grande partie de nos désirs s'écrit avant même notre naissance.
Nous vous invitons à lire cet arcticle dans son intégralité. Les anticorps, l'Adn, les hormones sont cités comme facteurs pouvant expliquer la future orientation sexuelle du bébé mais pas le "calendrier de grossesse".
Lire aussi : Qu’est-ce qui détermine notre orientation sexuelle ? / Afsané Sabouhi - Ca m'intéresse - 11/04/2023
En guise de complément à ces premiers éléments, nous nous permettons de citer la réponse du Département Point G à une question proche : Comment être où devenir hétéro-sexuelle ?
Les pistes biologiques
En 2019, Odile Fillod dressait un panorama de l’état de la recherche sur les prédispositions biologiques de l’orientation sexuelle dans le cadre d’une journée d’étude organisée par les Hôpitaux Universitaires de Genève. Vous en trouverez la vidéo ici. Elle y expose trois hypothèses principales impliquant l’interaction entre un substrat cérébral, une imprégnation hormonale in utero et des facteurs génétiques. Elle relève tout d’abord des problèmes méthodologiques dans les études, en particulier la variabilité des définitions de l’hétérosexualité ainsi que des biais d’échantillonnage, mais aussi les croyances non interrogées sur les différences de genre et le poids d’enjeux sociaux. Elle conclut que l’état des recherches des facteurs biologiques peut-être synthétisé assez simplement: aucun facteur biologique de canalisation de l’orientation sexuelle indépendante du vécu n’a pu être mis au jour chez l’être humain, et l’on ne dispose même pas de preuves qu’il existe des prédispositions vraiment biologiques à être plus ou moins attiré-e par les hommes ou par les femmes. […] Il n’y a, à ce jour, pas d’argument scientifique solide soutenant l’idée qu’on naîtrait homosexuel-le, pas plus qu’on naîtrait hétéro, bi, gérontophile, attiré-e par les personnes aux cheveux frisés, féru-e de pratiques S/M…
Pour un approfondissement des hypothèses hormonales concernant la sexuation des comportements et l’orientation sexuelle, vous pouvez vous reporter à l’ouvrage de référence Hormones, sexe, cerveau de Rebecca M. Jordan-Young. Pour une approche plus synthétique, vous pouvez vous reporter à celui dirigé par Louise Cossette Cerveau, hormones et sexe, ou encore celui de Catherine Vidal et Dorothée-Browaeys Cerveau, sexe et pouvoir.
Les pistes psychologiques
Dans Comment devient-on homo ou hétéro?, c’est principalement la piste psychologique, et plus précisément psychanalytique, qui est explorée par Stéphane Clerget. Sa position peut paraître assez paradoxale dans son adhésion à la doctrine psychanalytique concernant les sexes (ce qui le conduit à considérer les vécus transgenres comme des désordres psychologiques curables) tout en l’expurgeant de préjugés homophobes. Il s’appuie sur des approches théoriques contemporaines et sa propre pratique clinique pour écarter l’affirmation freudienne imputant l’homosexualité à un développement psycho-affectif interrompu (et non à une perversion comme on le trouve parfois affirmé à l’encontre de Freud lui-même pour qui l’hétérosexualité ne garantissait d’ailleurs pas l’absence de perversion). Stéphane Clerget propose une vision complexe de la sexualité humaine dépassant le réductionnisme binaire hétérosexualité / homosexualité, les fantasmes parentaux aussi bien que les constructions symboliques des jeunes enfants en contexte débouchant sur des configurations extrêmement diverses de l’attachement, de l’attirance et de la sexualité à l’âge adulte.
Si vous souhaitez explorer plus avant le dialogue entre la psychanalyse et les théories du genre en diverses disciplines, notamment sur les vécus transgenres, vous pouvez vous reporter à l’article Quand le genre trouble la psychanalyse sur le webzine l’Influx de la bibliothèque municipale de Lyon.
Bonne journée.