Question d'origine :
Bonjour,
Que deviennent, lorsqu'il y en a, les bénéfices des grands médias ?
Je me suis posé la question pouru Le Monde, qui publie une partie de ses comptes, mais ne dit pas ce qui est fait du bénéfice ainsi présenté :
Merci !
Réponse du Guichet
Les bénéfices du groupe Le Monde permettent de produire de nouveaux contenus éditoriaux pour son journal ou les différents magazines du groupe. Ils peuvent également servir à investir dans le capital d'autres rédactions. Les actionnaires quant à eux ne semblent pas toucher de dividendes en retour de leurs investissements.
Bonjour,
Le groupe Le Monde semble avoir une hygiène financière irréprochable depuis plusieurs années. Certes, l'organe de presse a fait face à une décrue de sa profitabilité en 2022 avec un résultat d'exploitation en baisse de 8 millions d'euros. Il se stabilise néanmoins aux alentours de 10 millions d'euros et son résultat net est également bénéficiaire avec + 3,3 millions d'euros (Cf.Groupe Le Monde: des résultats bénéficiaires en2022 malgré des charges industrielles alourdies).
Les revenus du Monde sont aussi parfaitement illustrés grâce à une série d'articles actualisés annuellement. En 2022 le chiffre d’affaire du journal était de 176,3 millions d'euros. Deux tiers des revenus proviennent des abonnements (numériques et papiers) et des ventes, 23% de la publicité, 7% d'actions de diversification de ses revenus (produits dérivés, festivals, conférences ou rencontres) et 2% d'aides publiques (cf. Les revenus du Monde, des sources diversifiées, 2021 mise à jour en 2023).
Mais au vu de sa structuration actionnariale, l'entreprise de presse devrait rétribuer ses actionnaires à hauteur de leurs investissements respectifs et en proportion des bénéfices réalisés sur l'année.
Pour rappel depuis 2010, le groupe Le Monde a fait rentrer dans son capital des actionnaires extérieurs, devenus propriétaires du groupe. Réunis sous la holding Le Monde Libre (LML), les sociétés des investisseurs milliardaires Pierre Bergé (décédé en 2017), Xavier Niel et Matthieu Pigasse possédaient en 2020 72,5% du capital de LML. Le reste est toujours détenu par les actionnaires historiques du journal rassemblés sous le bloc "Fonds de l'indépendance de la presse", sensé incarner une forme de contre pouvoir et préserver l'indépendance de la rédaction. (Cf. Le Monde, une indépendance éditoriale totale et absolue). Pourtant, ces actionnaires n'auraient touché aucun dividende depuis leur arrivée en 2010 comme l'affirme ce tchat ouvert aux questions de internautes et consacré exclusivement au fonctionnement du Monde :
C'est une question qui revient souvent. Il est certain que les propriétaires du groupe Le Monde n’ont touché aucun dividende depuis leur arrivée au capital en 2010 (et qu’ils ont dû apporter des liquidités à l’entreprise) et que ça ne devrait pas changer dans les années à venir, nos bénéfices permettant de financer de nouveaux projets éditoriaux pour les titres du groupe. Pour en avoir parlé avec eux au moment du rachat du groupe, je pense qu’il existe une véritable dimension personnelle : recherche de respectabilité, reconnaissance, prestige de se retrouver propriétaires d’un groupe comme celui-ci
Source : Vos questions sur "Le Monde".
Ce paragraphe apporte deux réponses en une puisqu'on y apprend que les bénéfices réalisés seraient consacrés à produire de nouveaux contenus éditoriaux pour les différents journaux et magazines du groupe. Pour preuve, prenons cet autre article du Monde qui explique comment les résultats bénéficiaires de 2021 ont conduit ou bien, à développer de nouveaux projets éditoriaux, ou alors à étendre son emprise au sein de son propre écosystème médiatique. En effet, dès le premier semestre 2022, le Groupe Le Monde a accru son emprise actionnariale sur le journal Le Huffpost France, dont il détient désormais 85% du capital. On procède aussi a des innovations éditoriales avec le lancement du Gout du M un magasine trimestriel ou encore avec la création du Monde in English, qui permet à la publication de toucher un public plus large, donnant accès aux deux tiers de la production éditoriale à un public anglophone (pour un investissement de 3 millions d'euro par an).
En espérant avoir répondu à votre question,