Quelles sont les œuvres de référence pour comprendre le mouvement de la négritude ?
Question d'origine :
Quels sont les œuvres à lire en priorité si on veut se familiariser avec et comprendre le mouvement de la négritude ?
Réponse du Guichet

Quelques références bibliographiques mais aussi radiophoniques pour vous aide à mieux appréhender le mouvement politique et littéraire de la "Négritude".
Bonjour,
Les pages "Histoire" du site de l'Assemblée Nationale, informent sur les origines du mouvement de la "Négritude" :
Se forme à Paris , dans l'entre-deux guerres, quand trois jeunes intellectuels déracinés s'associent pour fonder la revue l'Étudiant noir : le Sénégalais Léopold Sédar Senghor, le Guyanais Léon Gontran Damas et le Martiniquais Aimé Césaire.
C'est un courant littéraire et politique qui rassemble des écrivains francophones noirs qui souhaitent repositionner l’être noir, sa culture et son histoire. La "Négritude" prend sa source dans les mouvements de libération initiés par les Noirs américains après l'abolition de l’esclavage, avant de se déployer dans les années 1930 dans les colonies antillaises françaises. Les intellectuels noirs cherchaient alors à définir leur filiation culturelle, non pas avec le colonisateur métropolitain, mais avec le continent africain (Cf. Mondes francophones). Ce néologisme a été inventé par Aimé Césaire.
La Négritude était la conscience de l’histoire, de la civilisation et de la culture, africaines. Elle tendait vers la réconciliation d’une race avec son âme, son histoire, ses mythes fondateurs. Sa philosophie repose sur l’équilibre, l’amour et la diversité pour répondre à une autre, qui magnifiait la suprématie et le paternalisme de l’occident.
Source : Monde francophone. "La Négritude", un mouvement poétique majeur : Césaire un poète majeur.
Les deux œuvres reconnues comme fondatrices du mouvement sont Pigments de Léon Gontran Damas (1937) et Cahier d'un retour au pays natal (1939) d'Aimé Césaire, dont le poème Le nègre du tramway constitue une référence incontournable, un totem en l'honneur de la dignité perdue des peuples Noires. Officiellement, ces œuvres sont considérées comme pionnières dans le récit qui est communément donné sur la naissance de ce mouvement. Mais nous ne résistons pas à l'envie de vous présenter les sœurs Nardal qui, dès les années 1930 ont tenu un salon littéraire à Clamart où une partie de la diaspora noire parisienne se réunissait et où les prémices d'une prise de conscience autour de la culture noire s'est ébauchée (Cf. Les sœurs Nardal aux avants-postes de la culture noire, Le Monde, 2021).
Les recueils de poésie Ethiopiques (1958) et Hosties noires (1948) de Léopold Sédar Senghor sont aussi des références dans la célébration d'une culture panafricaine méprisée par la période coloniale.
Dans leur prolongement, les livres de l'essayiste martiniquais Frantz Fanon, grand combattant des opprimés et un des principaux instigateurs des études postcoloniales, sont indispensables afin d'appréhender les mouvements de décolonisation des années 1960. Vous pouvez commercer par Les damnés de la terre (1961) ou Peau noire, masques blancs (1952).
Plus récemment, ce portrait croisé d'Aimé Césaire et de Frantz Fanon par Pierre Bouvier ferait une excellente introduction pour vous familiariser avec la vie et la pensée de ces auteurs majeurs : Aimé Césaire et Frantz Fanon : portraits de décolonisés.
Pour rappel, le concept de "Négritude" demeure controversé aujourd'hui encore pour son caractère parfois réducteur et globalisant, Nous ne pouvons que vous encourager à écouter la série Bonjour et adieu à la négritude dans Les nuits de France Culture (2022). L'épisode 10 revient sur le débat qui opposa l'écrivain martiniquais Édouard Glissant à son homologue haïtien René Depestre en 1981, afin de mieux saisir les enjeux de la controverse.
En vous souhaitant une bonne lecture,