Auriez-vous des informations sur l'escalier de l'ancien couvent des capucins ?
Question d'origine :
Chers bibliothécaires,
ma question porte sur l'un des escaliers, de l'ancien couvent des Capucins, dans la rue éponyme (69001) au numéro 6 qui est aussi l'entrée d'une traboule .
A priori il y avait un ancien cloître et des bâtiments de deux niveaux, on me dit qu'ils ont été surélevés après la révolution?
Pourtant le très bel escalier semble bien du XVIIIe siècle. Et la rampe est la même jusqu'au cinquième et dernier étage.
Aussi,la place du Forez serait l'emplacement du bassin du jardin du couvent .
Auriez-vous des précisions quant à ces deux éléments ?
Bien à vous
EH
Réponse du Guichet
Il y avait, en effet, un ancien cloître au 6 rue des Capucins (adresse actuelle) avec des bâtiments de deux niveaux qui ont été surélevés après la révolution. L'escalier date cependant bien du début du XIXe siècle, vers 1815 ; il a été construit au moment de la surélévation des bâtiments.
Bonjour,
Merci pour ces quelques photographies qui nous permettent d'identifier avec certitude l'escalier dont nous parlons. Vous trouverez également une série de photographies de cet escalier sur notre portail Photographes en Rhône-Alpes.
Toutes les sources que nous avons consultées indiquent une construction de l'escalier au début du XIXème siècle.
Bernard Collonges dans Le Quartier des Capucins, histoires des pentes de la Croix-Rousse explique :
L'ensemble du quartier se bâtit très rapidement. La rue des Capucins est achevée en 1810. A cette époque, François Jacques Lamarche, négociant, d'une part, et les "citoyens Billion et Ganin", d'autre part, sont propriétaires indivis par moitié des "terreins, jardins, bâtiments et dépendances" entourant le cloître, "des cy devants Capucins du Petit Forest de Lyon". Alors que l'église Saint-André est détruite, les bâtiments du couvent sont conservés et surélevés de trois étages. Pour desservir les nouveaux appartements, un très bel escalier en demi-cercle est réalisé, vers 1815, sur la façade de l'ancien cloître. Vers 1820, le petit bâtiment de deux étages, qui constitue la partie ouest du cloître, est démoli afin "de construire un autre bâtiment du niveau des parties latérales et de les mettre en communication". Le bâtiment nord, donnant sur la rue des Capucins, est alors occupé par "l'établissement du comptoir des comptes" qui donne à l'immeuble sa dénomination de "maison de la Banque". [...] Après la vente du couvent comme "bien national", les bâtiments entourant le cloître furent conservés et surélevés de trois étages. Sur la façade est fut réalisé un très bel escalier en demi-cercle desservant les nouveaux appartements (escalier 6B, masqué par une vilaine façade).
Ces informations sont reprises dans Les escaliers des Pentes de la Croix-Rousse :
Cet escalier en demi-cercle, l'un des plus beaux du bas des Pentes, a été réalisé vers 1815, lors des transformations du Couvent en logements. Vous pouvez voir au bas de l'escalier le signe du tailleur de pierre qui en a assuré la réalisation.
Concernant la place du Forez, elle ne se situait pas exactement à l'emplacement du jardin du couvent. Mais son histoire est bien liée à celle dudit bassin. Reprenons dans l'ordre, après la vente en lot des terrains comme biens nationaux. Josette Barre, dans sa très riche étude sur La colline de la Croix-Rousse, revient sur l'histoire du percement de la rue des Capucins :
En juillet 1796, les clos des Capucins et des Ursulines, proches des zones densément bâties des Terreaux et de la Grand-Côte, sont vendus. Les bâtiments en médiocre état, les jardins-promenoirs avec une grande allée et un parterre central circulaire sont acquis par quatre particuliers dont le juge de paix Billion. Exceptionnellement, le plan dressé pour la vente prévoit l'ouverture de trois axes : une voie est-ouest, deux rues nord-sud plus courtes, à l'intersection de l'une d'elles et de la première, une place circulaire. Le plan n'indique pas par qui doivent être pris en charge les travaux de déblaiement, de confection des rues et de la place. Ni la Ville, ni les particuliers ne veulent payer. En 1802, les travaux ne sont toujours pas commencés et les propriétaires s'inquiètent : ils ne peuvent lotir et perdent de l'argent. Finalement, la municipalité poussée par le préfet s'en charge l'année suivante. Afin de réduire les frais, la rue principale, ou rue des Capucins, reprend l'allée centrale du jardin-promenoir en doublant sa largeur. L'ancien parterre central circulaire, agrandi, devient la place du Forez en souvenir des Capucins du Petit Forest.
Pour compléter, Dominique Bertin et Nathalie Mathian, ajoutent dans Lyon, Silhouette d'une ville recomposée, que la place du Forez adopte une forme circulaire et de petite dimension afin de créer des lots réguliers.
Bernard Collonges dans Le Quartier des Capucins, histoires des pentes de la Croix-Rousse fait alors le lien avec la fontaine :
Au centre de la place fut installée la fontaine du jardin des religieux. En 1808, elle fut transportée sur la place Croix-Paquet.
Bernard Collonges et Marie-Christine Blaise créent et animent, avec la complicité de Marie-Josèphe Canquery, un parcours de visite sur les Pentes de la Croix Rousse. Il précise lors de ce parcours ses informations sur l'installation de la fontaine place du Forez :
Le plan d’aménagement du quartier, établi en 1796, dispose que « les terrains et bâtiments des ci-devant Capucins du Petit Forez seront divisés par trois rues (…) et que sera établie une petite place circulaire, au milieu de laquelle sera transportée la fontaine qui existe dans le jardin » des religieux.
Le terme "transportée" semble indiquer que la fontaine n'était pas située au centre du parterre central du jardin des religieux.
La commission du patrimoine du 1er arrondissement reprend et complète les mêmes informations :
L’orientation de la rue est déterminée par le souci des autorités de préserver les bâtiments des Ursulines qui servent de caserne aux soldats de passage à Lyon. Une place ronde voit le jour au milieu de la rue des Capucins : la place Faurez, puis du Forez. Sur cette place, une monumentale fontaine avec deux bassins sera installée. Elle était dédiée à Jean-Xavier Bureau de Pusy, préfet du Rhône, qui fut président de l'Assemblée constituante. Les fuites incessantes et la gêne pour la circulation font que la fontaine sera rapidement déplacée sur la place Croix-Paquet. Elle a disparu depuis. Au centre de la place, au lendemain de la Révolution de 1848, des citoyens du quartier des Capucins organisèrent la plantation d’un arbre de la Liberté, sous le patronage de la « Société des Voraces », qui rassemblait les ouvriers républicains de la Croix-Rousse.
Mais il s'agit déjà d'une autre histoire.