Je voudrais savoir si pendant la guerre les vitraux de Notre Dame de Paris ont été déposés
Question d'origine :
Bonjour
deuxième question du jour, cette fois-ci je voudrais savoir si pendant la période de la drole de guerre (1939-1940) les vitraux de Notre Dame de Paris ont été déposés ou simplement recouverts de protection de bois ? Ou autre.
J'ai trouvé que les façades ont été protégé par des sacs de sable mais c'était pour les sculptures.
Merci
Sabine
Réponse du Guichet
L'ensemble des vitraux de Notre-Dame de Paris n'a pas été déposé durant la Deuxième guerre mondiale.
Bonjour,
D’après les éléments que nous avons pu trouver, durant la Deuxième guerre mondiale, les vitraux de Notre-Dame de Paris n’ont pas été systématiquement déposés, ou recouverts de bois pour les protéger, contrairement à ceux de la cathédrale de Chartres ou celle de Strasbourg.
Nous savons qu’au printemps 1940, des milliers de sacs de sable furent placés «à l’intérieur des arches, dans l’embrasure des portails, et tout autour des statues les plus précieuses de la cathédrale.»
Source : Notre Dame, l’âme d’une nation.
L’ouvrage nous apprend que le 11 juin 1940, Paul Reynaud, président du conseil, avait déclaré Paris «ville ouverte», ce qui selon une convention internationale, devait la protéger des bombardements. Il faudra cependant l’intervention de l’ambassadeur des États-Unis, William Christian Bullitt, auprès des allemands entrés dans Paris le 14 juin, pour que ceux-ci renoncent définitivement à bombarder Paris à ce moment-là.
La cathédrale sera soumise aux feux des mitrailleuses au moment de la libération de Paris, lorsque le 26 août 1944, De Gaulle décida d’une cérémonie dans la cathédrale alors que les combats n’étaient pas terminés. L'ouvrage cité ci-dessus en fait une description détaillée. Voir aussi : 75e anniversaire de la libération de Paris : le jour où de Gaulle est entré dans Notre-Dame
Cependant, douze vitraux commandés dans les années trente à douze artistes différents, pour remplacer les verrières blanches des fenêtres hautes (de Viollet-le-Duc), avaient été installés, puis déposés et entreposés dans des caisses dans les tribunes de la cathédrale. Mais, ayant suscité la polémique par leur caractère moderne, ils ne furent jamais réinstallés : «Si la querelle n’est pas estompée, c’est finalement la Seconde Guerre mondiale qui aura raison du projet des douze verrières. Démontées pour être mises à l’abri, elles vont être enfermées dans des caisses et stockées dans les tribunes de la cathédrale. « Après la guerre, le projet n’est plus vraiment d’actualité et la Commission des monuments historiques, qui était peu convaincue, a finalement décidé de confier la réalisation des nouvelles verrières à un seul et unique artiste, Jacques Le Chevallier, afin d’assurer une homogénéité de style », raconte Bérénice Vallet. Après plusieurs propositions, on prend le parti de l’abstraction qui apparaît comme un bon compromis et à l’avantage de ne pas « choquer » le regard. Les nouveaux vitraux sont installés en 1966. Quant à ceux de 1937, qui dorment dans leurs caisses, ils n’ont alors plus aucune utilité… « Sur les douze artistes, sept récupèrent leurs vitraux et les rapportent dans leur atelier. Les cinq autres les laissent dans les tribunes de Notre-Dame », précise Bérénice Vallet.» dans Ces douze verrières contemporaines qui ont bien failli habiller Notre-Dame de Paris
Voir aussi Notre-Dame de Paris, un joyau architectural sur France Archives
Cette histoire résonne particulièrement avec le débat actuel sur le remplacement de certains vitraux de Viollet-le-Duc annoncé par Emmanuel Macron. Voir cet article : Notre-Dame : les vitraux en débat, l’histoire se répète
Sur cette image, on peut voir que les vitraux (en tout cas ici ceux de la rosace nord) avaient été déposés durant la Première guerre mondiale.
La cathédrale a surtout fait l’objet d’un enjeu politique et religieux durant la Deuxième guerre mondiale dont vous aurez les explications dans cet article : 1944-1951 : Les deux corps de Notre-Dame de Paris
Voir aussi :
Un ancien vitrail destiné à Notre-Dame de Paris visible en Vendée
La Gloire de Notre-Dame : la foi et le pouvoir / Maryvonne de Saint-Pulgent
Notre-Dame : une cathédrale dans la ville : des origines à nos jours / sous la direction de Boris Bove et Claude Gauvard