Quelle était la position de Robert Badinter concernant le droit à l'IVG et l'avortement?
Question d'origine :
Chers bibliothécaires,
quelle était la position de Robert Badinter , pour lequel "le premier des droits de l'homme est le droit à la vie",
Concernant le droit à l'IVG et l'avortement?
Bien à vous ,
EH
Réponse du Guichet
Le droit à l'avortement ou à la contraception n'est pas une des causes défendue par Robert Badinter. Mais malgré l'absence de témoignages, Robert Badinter a toujours défendu la liberté et la possibilité de disposer de son corps.
Bonjour,
Nous n’avons pas trouvé de témoignages précis dans la presse ou dans des publications scientifiques de Robert Badinter se prononçant en faveur de l’IVG ou de la contraception. Il importe néanmoins de rappeler que Robert Badinter profondément humaniste a consacré sa vie au droit et à la défense de la liberté et de la dignité. Marié à Elisabeth Badinter, féministe, qui s’est réjouie de la contraception et de la possibilité de recourir à l’IVG (voir Dictionnaire des féministes : France, XVIIIe-XXIe siècle), Robert Badinter a toujours défendu la liberté de pouvoir disposer de son corps. Il a ainsi abrogé le délit d’homosexualité avec l'aide de Gisèle Halimi, figure emblématique de la défense de l'avortement.
Par ailleurs, nous attirons votre attention sur le fait que cette phrase de Robert Badinter est souvent citée, hors contexte, sur des sites anti-IVG. Or celle-ci est un extrait de l’article 2 de la Convention européenne de sauvegarde qui consacre le droit de toute personne à la vie. Ce droit protège l’être humain contre autrui, contre les agressions de tous ordres qui pourraient l’atteindre dans sa vie. C’est donc dans un tel contexte qu’il faut replacer cette mention.
Robert Badinter s’y est référé dans l’article « Les Droits de l’homme face aux progrès de la médecine, de la biologie et de la biochimie » (Le Débat, N°36 ; sept. 1985, p. 4-14 et consultable sur cairn) portant sur l’insémination célibataire.Sa prise de position montre qu’il défend la possibilité de disposer de son corps et ce dans une remise en question du pouvoir du masculin sur le féminin :
À cette évocation, les résistances sont vives. Il semble bien que ce soit dans ce masculin déclinant et dans cette liberté déclinée au seul féminin que prennent racine les résistances que nos sociétés opposent à la procréation artificielle. Mais comme il n’est pas aisé de déplorer publiquement cette limitation même virtuelle du pouvoir de l’homme et cette liberté accrue de la femme, les critiques avouées avancent plutôt un autre thème, la défense de l’intérêt de l’enfant.
[...]
La Convention compte au rang des droits de l’homme, le droit à l’intimité (art. 8). À ce principe on attache une valeur éminente parce qu’à travers lui s’affirme l’intérêt de tout être humain à voir protéger des comportements ou des sentiments qui expriment la part la plus secrète de sa personne.
Mais le droit à l’intimité n’a-t-il pas une portée plus profonde encore : ne garantit-il pas l’intérêt de chaque être humain à prendre certaines décisions essentielles pour lui-même ? Le droit à l’intimité est-il une limite imposée à l’intrusion d’autrui ou une liberté de décision reconnue à toute personne dans la sphère limitée de son intimité ? Si cette seconde acception est retenue, en plus de la première, tout être humain dispose d’une faculté de choix et d’action ...
Sur Dailymotion Robert Badinter rend hommage à Simone Veil et cite, en guise de préambule la loi pour l'avortement.
Bonne journée.
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