En quoi l’instauration d’une relation infirmier-patient sous sédation est-elle spécifique
Question d'origine :
En quoi l’instauration et le maintien d’une relation infirmier-patient est-elle spécifique lorsque celui-ci est sédaté et intubé, en service de réanimation?
Réponse du Guichet
Lorsqu'un patient est sédaté et intubé en service de réanimation, il est dans l'incapacité de s'exprimer verbalement. Les médecins et le personnel soignant doivent alors échanger avec ses proches pour évoquer le parcours de soin à suivre.
Pour cela, la loi Claeys-Leonetti permet de s'appuyer sur les souhaits formulés par écrit par le patient : les directives anticipées, ou de de consulter un de ses proches désigné auparavant : la personne de confiance.
Cependant, cette nouvelle démarche a conduit certains professionnels de santé à s'interroger sur leurs compétences professionnelles, leur pratique, leur éthique et leur relation aux patients.
Bonjour,
Depuis une vingtaine d'années, le patient est censé être plus acteur de son processus de soins, qui doit être décidé en concertation avec le médecin, comme l'explique l'article "Sédations : quels changements dans les repères et dans les pratiques" qui exprime le fait que "le malade prend avec le soignant les décisions qui le concernent après avoir reçu les informations nécessaires". Les décisions de santé prises le sont donc en concertation entre le soignant et le soigné.
La loi Claeys-Leonetti, effective depuis le 2 février 2016, facilite l'accès aux soins palliatifs, possible depuis la loi du 9 juillet 1999. Cette loi de 2016, comme nous l'explique l'article "Comprendre la loi Claeys-Leonetti", concerne les droits des personnes en fin de vie.
Elle a pour but de permettre aux patients en fin de vie d'avoir une meilleure prise en charge de leurs souffrances pour répondre à leur souhait de mourir dans la dignité.
Pour cela, un patient qui souffre d'une douleur insurmontable, et dont le pronostic vital est engagé à très court terme peut désormais bénéficier d'une sédation profonde et continue jusqu'à son décès, associée à une analgésie, d'après la page "Bénéficier de la sédation profonde et continue". La sédation profonde correspond à l'utilisation d'un traitement médicamenteux qui va diminuer la vigilance du patient et qui peut provoquer chez lui une perte de conscience.
Elle permet de mieux respecter les volontés de la personne soignée concernant l'arrêt de traitements en invoquant le refus d'obstination déraisonnable. Dans ce cas, le patient a le droit de demander à arrêter tout traitement, pour bénéficier de la sédation profonde et continue jusqu'au décès si son pronostic vital est engagé à court terme.
Si la personne n'est pas en mesure d'exprimer au corps médical ses souhaits dans un tel cas, la loi a prévu 2 possibilités : la rédaction de directives anticipées et le choix d'une personne de confiance.
Les directives anticipées
Les directives anticipées, comme l'explique le texte "Rédiger ses directives anticipées" permettent au patient de rédiger sur papier ses volontés en ce qui concerne les conditions de prise en charge de sa fin de vie. Ce document s'avère utile pour connaître la volonté d'un patient dans ce cas qui n'arrive plus à s'exprimer pour diverses raisons (coma, troubles cognitifs profonds, évolution d'une maladie...).
Ce texte permettra au personnel médical de connaître les attentes du patient concernant l'arrêt éventuel des traitements.
Lorsqu'un patient est en fin de vie, le médecin qui le suit est dans l'obligation de se renseigner sur l'existence éventuelle d'un écrit concernant ses directives anticipées.
La personne de confiance
La personne soignée peut également, si elle le souhaite, désigner une personne de confiance, qui pourra l'assister dans ses démarches et suivre les entretiens médicaux pour l'aider à prendre les décisions qui concernent sa santé. Cette personne de confiance peut aussi poser des questions que le patient aurait voulu poser, afin de pouvoir l'informer des réponses.
Pour la mise en place d'une sédation profonde et continue du patient, la personne de confiance doit être informée des procédures collégiales effectuées par les médecins. En cas de décision à prendre concernant le patient et en l'absence de directives anticipées, les médecins doivent prendre en compte prioritairement l'avis de la personne de confiance quand à la suite ou l'arrêt d'un traitement, ou la mise place d'une sédation profonde d'après l'article "Désigner sa personne de confiance".
De plus, cette personne peut également être à l'origine d'une procédure collégiale pour décider de limiter ou d'arrêter un traitement pour la personne soignée, ou pour mettre en place une sédation profonde et continue jusqu'au décès.
Le rôle de la personne de confiance est donc très important lors du suivi médical d'une personne en fin de vie.
Certaines difficultés dans la réalité
Cependant, tous les patients en fin de vie n'ont pas forcément réalisé ce type de démarches. Le personnel médical doit alors identifier les besoins du patient, en interrogeant également ses proches, mais même si un malade est conscient, il est parfois difficile pour lui ou ses proches d'exprimer ses souhaits comme l'explique l'article "Vécu de la parole en réanimation : complexités et ambiguïtés de la relation soignants/soignés-famille".
De plus, d'après l'article "Sédations : quels changements dans les repères et les pratiques ?", les soignants ont parfois éprouvé des difficultés, d'après les résultats d'une étude effectuée en amont de la loi Claeys-Leonetti, du fait du sentiment de "savoir inversé" avec le patient.
Cela a pu leur arriver, au contact de patients qui ont parfois demandé une sédation, sans symptôme d'inconfort visible, mais peut-être plutôt en lien avec une souffrance psychique, ou par anticipation d'un symptôme. Les soignants n'étaient alors plus les personnes qui "savaient ce qui était bon pour le patient". Ils se sentaient alors dessaisis de leur pouvoir de décision.
De plus, le fait d'effectuer la mise sous sédation profonde d'un patient, et le fait de réaliser le geste de l'injection au patient, ont parfois été synonymes d'un stress important pour les soignants, en redoutant parfois d'effectuer un geste trop rapidement, car sédater n'est pas un geste anodin, même si son protocole de réalisation est bien défini.
En conclusion, nous pouvons retenir que la relation soignant/soigné a été modifiée suite à la loi du 2 février 2016, pour une meilleure écoute du patient et de ses volontés, et le rendre plus acteur de son protocole de soin, notamment lors de la fin de sa vie.
Bonne fin de journée.
Cordialement.
L'équipe de la médiathèque du Bachut Santé.