Question d'origine :
bonjours je fait une presentation oral sur un sujet qui mintrigue en francais de sec 3 et jai choisie le sujet pourquoi autant denfants disparaissent alors je me demandait si vous nauriez pas des information a me donner pour eseille de mieux comprendre
merci
Réponse du Guichet
En 2022 en France plus de 43 000 signalements pour disparition d'enfants ont été recensés. La grande majorité est liée à des fugues mais parfois certains enfants peuvent être victimes d'enlèvements. La majorité de ces enlèvements sont intra-familiaux. Enfin, bien qu'ils soient ultra médiatisés les kidnappings criminels d'enfants restent très exceptionnels.
Bonjour,
Un enfant n'est pas un "objet perdu", il est rare que nous l’égarions comme nos clés, notre téléphone ou notre portefeuille...La disparition d'un enfant met instantanément la société en émois, pour le peu que l'affaire soit médiatisée. On se souvient encore de l'émotion suscitée par la disparition du petit Émile, 3 ans, dans un village des Alpes de Haute Provence en juillet 2023 et qui reste encore introuvable à ce jour. Nous avons tous aussi en tête les bandeaux d'alerte enlèvement, à la télévision, sur les autoroutes et désormais sur les réseaux sociaux (Instagram a lancé en 2022 un dispositif "alerte enlèvement") en cas de kidnapping d'enfants. En effet, à l'exception des cas de fugue (d'un établissement ou du du lieu familial), il est rare qu'un enfant disparaisse seule et que sa disparition n'implique pas un voir plusieurs adultes. Mais aucune disparition n'est anodine. Et même lorsque celle-ci relève de la volonté d'un enfant ou d'un adolescent, cette décision implique nécessairement des adultes et ne prend sens qu'en s'opposant à leur monde, leurs règles dans une quête à la fois identitaire et affective :
Cet acte signe une forte interrogation sur les liens d’attachement et la nécessaire différenciation que doit mettre en jeu l’adolescent dans ses relations à ses adultes référents. La fugue de l’adolescent prend sens dans les problématiques propres de cette période de sa vie, période de renforcement des interrogations sur les logiques et implicites des rapports humains, à la veille de sa convocation à une place de majeur pleinement responsable. L’adolescent est un « chercheur d’emplacement » (Eiguer, 2005), cherchant une place à tenir dans le monde social, dans les rapports intergénérationnels mais surtout dans le jeu des désirs. Tenaillé par une quête identitaire et affective, l’adolescent fugueur présente une sensibilité aiguë à la place affectée ou à assumer de chacun dans les nombreux réseaux humains – famille, amis, école – avec épisodiquement des vécus de jalousie et de rivalité et des souvenirs d’expériences relationnelles douloureuses et insatisfaisantes
Source : La fugue un signifiant du lien familial en difficulté - Bernard gaillard (Enfance & Psy - Cairn, 2014).
Maintenant il existe diverses raisons qui peuvent expliquer la disparition d'un enfant. Le site 116 000 enfants disparus nous donne des statistiques pour appréhender ce phénomène à l'échelle de la France. Sur les plus de 43 000 signalements reçus en 2022, l'immense majorité l'était pour fugue (96 %). 1140 (2,8%) pour disparitions inquiétantes et 544 (1,2%) concernaient des enlèvements parentaux. Voici donc les 3 principales catégories de disparition sur lesquelles nous pouvons nous appuyer.
Les fugues : "Dans la grande majorité ces disparitions correspondent à des fugues longues durant lesquelles les liens avec l'enfant se distendent ou deviennent inexistants" rapporte le site. Mais chaque disparition peut passer d'une catégorie à l'autre en fonction des circonstances ou du lieu de sa disparition. Des fugues peuvent être requalifiées en "disparition inquiétante" selon le lieu, l'état de santé de l'enfant (problèmes graves de santé, handicap, idées noires) ou en raison de la présence d'un tiers sur lequel il est possible d'avoir des inquiétudes.
Les disparitions inquiétantes : Même si les affaires les plus médiatisées en matière de pédocriminalité ou d'assassinat d'enfants agitent nécessairement nos imaginaires collectifs, le site 116 000 enfants disparus rappelle que "Les cas d’enlèvements ou de situations criminelles restent, fort heureusement, très exceptionnels". On pense au tueur en série Michel Fourniret, à l'affaire Madeleine McCann en 2007 au Portugal ou plus récemment à la disparition et au meurtre de Maëlys. Ces disparitions inquiétantes ne sont pas obligatoirement suivies d'un meurtre mais impliquent souvent des adultes malveillants ou une situation à risque pour la santé de l'enfant.
Les enlèvements parentaux : Ces éventements interviennent régulièrement lorsque les parents se séparent ou au moment d'une procédure de divorce. Un des deux parents ou un membre de la famille retient l'enfant qui se retrouve être au coeur et/ou l'enjeu d'une bataille familiale. En France cette pratique est considérée comme une atteinte au droit des parents (droit de visite, autorité parentale). Voir pour l'exemple la disparition d’Éden en février dernier à la sortie de son école dans les Landes par son père. Voici les différents cas répertoriés sur le site service-public.fr :
L'enlèvement parental regroupe les cas suivants :
Refus de ramener l'enfant à son domicile habituel après un droit de visite
Refus, pour le parent ayant la garde habituelle, de laisser l'enfant au parent possédant un droit de visite
Refus de laisser l'enfant au parent devant héberger l'enfant dans le cadre d'une résidence alternée
Pour ces 3 cas, on parle aussi de délit de non-représentation d'enfant.
L'enlèvement parental comprend aussi les cas suivants :
Déménagement avec l'enfant sans l'accord de l'autre parent (s'il possède un droit de visite) et sans fournir de nouvelles coordonnées
Enlèvement au sens strict, lorsqu'un parent emmène avec lui son enfant sans en avoir le droit, alors que ce dernier est à l'école, sous la garde de l'autre parent ou d'autres adultes (par exemple, grands-parents)
Si cela vous intéresse vous pouvez aussi consulter la page Enlèvement parental sur Wikipédia.
En allant un peu plus loin et en cherchant dans l'Histoire, d’autres motifs peuvent justifier la disparition organisée d'un enfant. Souvent, non pas en raison de ce qu'il est mais ce qu'il est sensé advenir. Ces enlèvements sont politiques et l'Histoire n'est pas avare en exemples.
Nous pouvons citer l'Opération Condor dans les années 1970 en Amérique latine conduite conjointement par plusieurs dictatures (Chili, Argentine, Bolivie, Brésil, Paraguay, Uruguay) dont l'un des principaux volets à été l’enlèvement d'enfants d'opposants politiques au régime pour les placer auprès de familles stériles idéologiquement proches du pouvoir, à les confier à des policiers ou à des militaires ou bien à les abandonner. Le coup psychologique porté aux parents est très dur et les pouvoirs s'assurent ainsi de ne pas voir grandir une nouvelle génération qui leur soit défavorable. En Argentine sur la plaza de Mayo, les grands-mères d'enfants enlevés continuent encore à sa battra chaque jour pour retrouver les enfants disparus pendant la dictature en continuant de médiatiser leurs luttes : Argentine : les Mères de la place de Mai, quarante ans de lutte (Le Monde, 2017).
A ce sujet nous vous recommandons notamment lecture du roman Condor de Caryl Férey (Gallimard, 2016)
Avec une autre perspective historiques sur la disparition d'enfants il y a aussi le livre de Marion Sigault et son enquête édifiante sur la disparition d'enfants à Paris au XVIIe siècle : La marche rouge : les enfants perdus de l'Hôpital général (Chambon, 2008) : "En mai 1750, une rumeur persistante faisant état d'enlèvements d'enfants mit Paris en émoi.Les gens disaient que des agents de police déguisés s'emparaient d'enfants et d'adolescents et les envoyaient à l'Hôpital général. Des émeutes graves éclatèrent, des commissariats furent incendiés et des gardes tués. La répression de cette "Marche rouge" fut sévère et se solda par des condamnations à mort. Mais qu'était donc cet Hôpital général de sinistre réputation ? Fondé en 1656 par Louis XIV, il était destiné d'abord à résoudre le problème de la mendicité par le "renfermement" des mendiants (...)".
Enfin voici le rapport détaillé sur les disparitions de mineurs en France en 2022 sur lequel 116 000 enfants disparus base ses chiffres.
En vous souhaitant une bonne journée,