Que faire des végétaux dépolluants plantés dans un ancien site industriel ?
Question d'origine :
Que faire des végétaux dépolluants -miscanthus, tournesol, luzerne- plantés dans un ancien site industriel (où se trouve mon logement et mon jardinet) après les avoir fauchés ? S'ils ont bien rempli leur mission, ils regorgent peut-être des polluants qu'ils ont "aspiré".
Merci d'avance pour votre aide car les vendeurs de semences interrogés n'ont pas su me répondre.
Réponse du Guichet

En phytoremédiation, le devenir des plantes contaminées reste problématique. La destruction des végétaux contaminés est possible mais les polluants persistent soit dans les gaz émis par une combustion, soit dans les cendres qui en résultent. Cette technique doit donc être entreprise par des professionnels. Par ailleurs, de nos jours le meilleur procédé industriel de recyclage de cette biomasse semble être l'écocatalyse.
Bonjour,
La décontamination des sols par les plantes, c'est à dire la phytoremédiation fait l'objet de nombreuses recherches depuis plusieurs années. Néanmoins, aujourd'hui l'enjeu majeur est le développement de l'écocatalyse pour traiter les plantes contaminées.
Il existe différentes méthodes de phytoremédiation :
- la phytovolatisation : certaines plantes peuvent volatiliser les polluants, c’est-à-dire les libérer dans l’air.
- la phytostabilisation : les plantes modifient la composition chimique du sol pour rendre les polluants moins mobiles et donc moins susceptibles de se propager dans l’environnement.
- la phytoextraction : des plantes hyperaccumulatrices absorbent et stockent les polluants dans leurs tissus, qui sont ensuite récoltés et éliminés.
- la phytodégradation : les plantes utilisent leurs enzymes pour décomposer les polluants en composés moins toxiques.
Il existe également la phytostimulation et la rhizofiltration (technique de dépollution des eaux).

[Selon le site du CEA,] la phytoremédiation a différents avantages : processus naturel à coût de traitement peu élevé, adapté aux grandes surfaces tout en respectant l'environnement, maintenant la structure des sols, valorisant la biomasse... Cette technique présente également des limites comme : un temps de traitement long, une technique compatible uniquement avec des contaminations modérées. Les scientifiques ont encore des recherches à mener pour dépasser ces limites.
Sur la gestion de la biomasse contaminée, le site des Techniques de l'Ingénieur nous explique cela :
La biomasse végétale produite lors du traitement de phytoremédiation peut être gérée comme un déchet, elle est alors mise en décharge après séchage et une éventuelle incinération, ou être considérée comme une ressource valorisable.
Compte tenu du risque de transfert des contaminants vers la biomasse aérienne, une valorisation alimentaire humaine ou animale n'est pas envisageable. Par contre, diverses pistes sont actuellement explorées pour la valorisation alternative qui permettrait ainsi de réduire le coût de la dépollution et faciliter l'implantation de la phytoremédiation. Cette valorisation peut s'inscrire dans les filières classiques de valorisation de la biomasse : biomatériaux, biochimie, biocarburants ou biocombustibles. Les principales contraintes à ce développement sont la mise en adéquation entre le traitement de phytoremédiation, la nature de la production végétale, la quantité et la qualité de la biomasse produite (teneur éventuelle en contaminant) et l'accès à une filière de valorisation à proximité du lieu de production. Qu'elle soit énergétique ou par production de matière première, cette valorisation pourrait s'avérer un réel atout pour les techniques de phytoremédiation. D'un point de vue économique, elle permettrait d'abaisser les coûts globaux de dépollution et, d'un point de vue environnemental, elle valoriserait des ressources en sol par ailleurs délaissées et limiterait ainsi un usage de terres agricoles à plus forte valeur.
Dans cet article de National Geographic, Claude Grison, chimiste française, explique que le véritable inconvénient des phytotechnologies est l’absence de valorisation. Selon l’experte, la valorisation des déchets végétaux est essentielle. C'est pourquoi, elle a mise au point un écocatalyseur capable de créer des molécules 100 % biosourcées et sans intrant chimique à partir des plantes contaminées.
« Les écocatalyseurs sont très performants et sont mis en œuvre dans des procédés qui peuvent s’affranchir totalement de la pétrochimie. Enfin, ils permettent de résoudre des problèmes environnementaux (gestion des espèces exotiques envahissantes, dépollution des systèmes aquatiques), alors que les catalyseurs métalliques d’origine minière ont une forte empreinte environnementale » affirme l’inventrice.
Les applications de l'écocatalyse sont nombreuses : domaines des colorants, des polymères, des cosmétiques et plus largement toute la chimie de synthèse. Source : CultureSciences
De plus, il est possible d'utiliser les plantes contaminées dans le domaine de la métallurgie à l'aide de l'agromine. Cela consiste à faire pousser des plantes hyperaccumulatrices sur des sols contaminés par des métaux lourds pour ensuite les récolter. Cette biomasse sera ensuite brûlée selon un procédé précis pour en extraire les métaux. Néanmoins, cette technique n'a pas pour objectif de dépolluer les sols mais surtout de récupérer les métaux pour ensuite les réutiliser.
Pour en savoir plus :
- Chimie verte : concepts et applications / Jacques Augé et Marie-Christine Scherrmann
- "Claude Grison : dépolluer les sols et l’eau avec des plantes ? C’est possible !" [In] Science&Vie (Disponible en ligne. Consulté le 06/04/2024]
- "Elle dépollue les sols et l’eau grâce à… des plantes !" [In] Le journal CNRS (Disponible en ligne. Consulté le 06/04/2024)
- "L'écocatalyse, nouveau domaine de la chimie verte." [In] CultureSciences (Disponible en ligne. Consulté le 06/04/2024)
- "Phytoremédiation : restauration des sols pollués par les végétaux." [In] Encyclopédie de l'Environnement. (Disponible en ligne. Consulté le 06/04/2024)
- "Dépolluer les sols contaminés grâce aux plantes !" [In] FranceAggro3.org (Disponible en ligne. Consulté le 06/04/2024)
Bonne lecture !