Quel est le bilan humain des conflits dans le quartier de la Guillotière en 1871 ?
Question d'origine :
Cher Guichet,
Quel est le bilan humain des conflits dans le quartier de la Guillotière des 30 avril au 1er mai 1871 et où se trouvait la mairie à cette époque (mairie actuelle du 3e arrondissement ?
Salutations sincères
Réponse du Guichet

Le bilan de ces combats est difficile à établir. Les sources discordent ou sont à prendre avec des pincettes. Les spécialistes s'accordent toutefois sur une estimation d'environ une centaine de morts et de nombreux blessés.
Bonjour,
Le dictionnaire historique de Lyon de Patrice Béghain, Bruno Benoit, Gérard Corneloup et Bruno Thévenon (Éditions Stéphane Bachès, 2009), à son entrée sur la Commune de Lyon, rappelle les événements ayant conduit à l'insurrection du 30 avril 1871 et avance un chiffre :
Pourtant, le 30 avril 1871, une insurrection démarre à la Guillotière en solidarité avec Paris, sans qu'un soutien ne lui soit apporté par les autres quartiers : les insurgés s'emparent de la mairie d'arrondissement, où flotte toujours le drapeau rouge, dressent des barricades et affichent : "Les membres qui composent la Commune provisoire sont surtout résolus, plutôt que de se laisser ravir la victoire, à ne faire qu'un monceau de ruines d'une ville assez lâche pour laisser assassiner Paris et la République. Vive la République démocratique et sociale universelle !". La Croix Rousse ne bouge pas ! L'armée désormais présente à Lyon, à la différence des années 1830, écrase dans le sang ces violences collectives. Plus de cent morts du côté des manifestants, sans compter les nombreux blessés qui refluent vers la Grande Rue de la Guillotière, mais aussi de nombreuses arrestations qui entrainent des condamnations à la suite des charges retenues contre les accusés par le procureur Louis Andrieux.
Dans la continuité de ces explications, vous pourriez retrouver le témoignage direct du procureur (qui fut fait prisonnier puis relâché dans la nuit) dans nos collections et directement depuis chez vous grâce à Numelyo : La Commune de Lyon - Louis Andrieux (1840 - 1931) qui fait état de ces insurrections à partir de la p. 260. Il fait état de 52 morts ou blessés qui furent portés à l'Hôtel Dieu du côté insurgés contre 30 morts ou blessés du côté de l'ordre, tout en admettant qu'une partie des morts ou blessés ont pu être pris en charge et/ou cachés par les révoltés.
L'ouvrage de Mathieu Rabbe : Les communards à Lyon (Atelier de création libertaire, 2015) rajoute davantage de confusion. Dressant rigoureusement les estimations de chaque partie, il affirme que le bilan des combats est difficile à établir (p. 91) :
Bruno Benoît parle en plus des nombreux blessés admis à l'Hôtel Dieu, d'une centaine de morts parmi les insurgés (Benoit Bruno, La Commune de Lyon p. 320, 321).
(...)
Une liste, qui semble malheureusement très incomplète, émanant directement de l'autorité militaire, indique que dix sept individus, dont deux anonymes, ont été portés morts à l'Hôtel Dieu. Une autre liste fait état de vingt deux individus blessés portés à l''Hôtel Dieu dont certains décèderont des suites de leurs blessures.
Il rappelle que les chiffres avancés par les autorités peuvent avoir été minorés pour amoindrir la violence de la répression militaire mais qu'à la lecture de ces chiffres l'insurrection de la Guillotière n'aurait pas fait l'objet d'une "chasse au communard" sanglante et froide cette nuit du 1er mai comme ce fut le cas à Paris moins d'un mois plus tard lors de la semaine sanglante.
Pour poursuivre :
- Commune 1871 : éphéméride 30 avril - La deuxième Commune de Lyon - L’Affaire de Thiers ! - Les amies et amis de la Commune de 1871.
La commune de Lyon, 1870-1871 [Revue] : histoire / par Josselin Limon
La première internationale et la commune à Lyon, 1865-1871 : spontanéisme, complots et "luttes réel" - Maurice Moissonier (1972)
Bonne journée,