Question d'origine :
Bonjour
est-il autorisé de tuer des renards en haute Savoie ? Si oui à quelles conditions
merci de votre réponse
Réponse du Guichet

Le renard est souvent considéré comme nuisible par les agriculteurs, éleveurs ou encore les chasseurs. L'Etat le désigne d'ailleurs parmi les Espèces Susceptibles d'Occasionner des Dégâts ou ESOD tout en règlementant son piégeage. Néanmoins, si le renard traîne encore une mauvaise réputation, son rôle dans la chaine alimentaire et pour la biodiversité est essentiel. Aussi, de nombreux organismes ou associations de défense de l’environnement appelle à sa défense d'autant que la population de renards reste globalement stable en dehors des périphéries urbaines.
Bonjour,
L'Office français de la biodiversité nous renseigne sur le contexte légal de régulation de différentes espèces. Concernant le renard, voici ce qu'il nous dit :
"En France, le renard est une espèce gibier et peut à ce titre être chassé durant les périodes d’ouverture de la chasse. C’est une espèce carnivore fortement chassée (environ 0,9 renard prélevé/km²/an).
Par ailleurs, le renard fait partie dans certains départements de la liste des espèces d'animaux classées susceptibles d'occasionner des dégâts et peut à ce titre faire l’objet de mesures administratives de régulation. Le renard peut alors être régulé par tir, piégeage ou déterrage toute l’année. Pour connaître la situation du département, il faut se rapprocher de la préfecture.
En cas de nécessité et sous réserve de l’existence du cadre juridique dans le département, il est possible de faire appel à des piégeurs ou chasseurs agréés par la préfecture pour résoudre certaines situations. Toutefois, il est recommandé d’appliquer des mesures alternatives pour diminuer l’attractivité du territoire (ne pas laisser de poubelles ou de nourriture en extérieur par exemple).
En cas d’occupation de jardins ou de cours d’école durant l’été, le retour de la présence humaine incite généralement le renard à fuir."
Le renard est souvent considéré comme nuisible en particulier par les agriculteurs et éleveurs (prédations sur les élevages de poules et autres espèces) ou encore les chasseurs qui voient en eux des concurrents quant à la prédation du petit gibier. Il fait d'ailleurs partie des Espèces Susceptibles d’occasionner des Dégâts ou ESOD. Voici ce qu'en dit le JO du 4/08/2023 : " Le renard (Vulpes vulpes) peut toute l’année être : – piégé en tout lieu ; – déterré avec ou sans chien, dans les conditions fixées par les deuxième, quatrième, cinquième et sixième alinéas de l’article 3 de l’arrêté du 18 mars 1982 susvisé. Il peut être détruit à tir sur autorisation individuelle délivrée par le préfet entre la date de clôture générale et le 31 mars au plus tard et au-delà du 31 mars sur des terrains consacrés à l’élevage avicole. Sans préjudice des dispositions prévues par l’article R. 422-79 du code de l’environnement, cette autorisation individuelle peut être délivrée à une personne morale délégataire du droit de destruction en application de l’article R. 427-8 de ce même code. Les destructions par tir, piégeage ou déterrage du renard, effectuées en application du présent arrêté sont suspendues dans les parcelles où les opérations de lutte préventive chimique contre les surpopulations de campagnols sont mises en œuvre en application de l’arrêté du 14 mai 2014 susvisé, et ce pendant la durée de ces opérations de lutte préventive". La Préfecture de Haute Savoie reprend ces éléments dans sa note concernant les ESOD en date du 1er juin 2023.
Il faut savoir néanmoins que cette espèce n'est pas exponentielle :
"L’abondance des renards sur un territoire dépend en partie de la disponibilité en zones refuge et en ressources alimentaires. Ainsi, la densité de renards pour un territoire est plus forte en zone urbaine et périurbaine, riches en ressources alimentaires (jusqu'à une dizaine d’individus par km² relevés en Angleterre). Sur l’ensemble du territoire français, la densité de la population semble demeurer stable ces dernières années. " (Source OFD)
De plus, les renards jouent un rôle important dans l’écosystème de par leur nature de prédateurs de nombreux animaux causant des dégâts aux récoltes tels que les souris, les rats et les lapins. Ils aident également à contrôler la population de ces animaux, ce qui est bénéfique pour la biodiversité. "En mangeant des micromammifères et d’autres rongeurs, ils rétablissent l’équilibre des écosystèmes en stabilisant certaines populations de leurs proies. Les renards sont également des pollinisateurs importants, car ils se nourrissent de fruits et de baies et dispersent les graines dans leur environnement. Enfin, un autre bénéfice plus surprenant peut être apporté par le renard : dans une étude publiée en juillet 2027 dans la revue The Royal Society Publishing, il est apparu que la diminution des populations de renards roux, entre autres, avait une incidence sur l’augmentation des tiques et donc de la propagation de la maladie de Lyme. (Hofmeester TR, Jansen PA, Wijnen HJ, Coipan EC, Fonville M, Prins HHT, Sprong H, van Wieren SE. 2017 Cascading effects of predator activity on tick-borne disease risk. Proc. R. Soc. B 284: 20170453 )." (source : AVES France)
Si la proximité du renard avec les centres urbains peut provoquer des appréhensions, voire poser parfois des difficultés, des gestes simples permettent une bonne cohabitation. Pour en savoir plus sur l'utilité des renards, vous pouvez consulter le site de l'ASPAS (Association pour la protection des animaux sauvages) et la page dédiée à la défense de cette espèce. En 2023, cette association a lancé une consultation publique contre la "diabolisation des espèces dites nuisibles : " Renards, fouines, belettes, martres, pies, geais, corneilles noires, étourneaux sansonnets, corbeaux freux : ils sont 4 mammifères et 5 oiseaux à figurer sur l’actuelle liste de la mort des “nuisibles”, ou Espèces Susceptibles d’Occasionner des Dégâts (ESOD) comme l’État aime à les appeler, définie tous les 3 ans par arrêté ministériel."