Ou se trouvait l'imposte en ferronnerie "Au Maillet d'Argent" ?
Question d'origine :
Bonjour,
Je cherche à savoir où se trouvait/trouve l'imposte en ferronnerie "Au Maillet d'Argent" visiblement au 22 de la rue (ce n'est pas le Maillet d'Argent, enseigne de la rue Mercière qui n'est de toute façon pas en ferronnerie mais sculptée et pas au 22 mais au 48). On voit qu'il y avait au fond de la cour à cette même adresses une fabrique de couronnes funéraires d'un certain J. Chenal. Peut être peut on le trouver dans un ancien indicateur Henry et avoir ainsi l'adresse ?
La photo est censée dater de 1900.
Merci d'avance pour votre aide.
Praline
Réponse du Guichet
L'Indicateur Henry 1912 signale la présence d'une entreprise de couronne mortuaire dont le propriétaire est J. Chenal au 48 de la rue Mercière. Selon nos conclusions, la photo que voilà aurait été prise dans une rue parallèle, dont ce traboule rejoindrait la rue Mercière, indiquant la manufacture et donc l'immeuble où se trouve sculptée l'enseigne "Au maillet d'argent" et sa vieille datation. Si l'on regarde sur un plan, le numéro 22 du quai Saint-Antoine se trouve sur l'exacte même ligne que le 48 de la rue Mercière, confirmant très certainement que toutes deux communiquaient par ce biais.
Bonjour,
Nous avons bien pu consulter les nombreux indicateurs Fournier et Henry disponibles dans nos collections et nous avons trouvé de nombreuses occurrences concernant J. Chenal et son commerce de couronnes mortuaires. Le résultat est pour le moins étonnant.
Malgré la datation que vous nous donnez (1900), J. Chenal ne fait son apparition dans les deux indicateurs qu'à compter de l'année 1902. Il est absent pour les années 1901, 1900, 1899, 1898 et 1896. On peut lire à l'indicateur Fournier 1902 donc : "Chenal (J.) cour. mort, c. Vitton, 59 Bis", c'est à dire sur le Cours Vitton, dans le 6ème arrondissement.
Or si nous nous en référons aux informations données sur ce site de vente de photos, Mediastorhouse, la devanture de cet immeuble aurait été photographiée en 1900 dans le quartier Bellecour sur la presqu'île, dans le 2ème arrondissement. Voilà déjà quelques incohérences.
Néanmoins, en avançant légèrement dans le temps nous retrouvons bien J. Chenal, cette fois ci aux alentours du quartier Bellecour. Indicateur Henry 1906 : "Chenal (J.), direct. Manuf Lyonn. de. cour . et. art. funér., Ancienne Préfecture, 9". Monsieur Chenal est devenu directeur et semble avoir installé sa petite entreprise au coeur de la ville, au 9 rue de l'Ancienne préfecture, à coté de la place des Jacobins.
Nous ne possédons pas l'intégralité des indicateurs pour ces années là, ainsi, dans nos collections, il faut attendre l'année 1912 pour observer un nouveau changement d'adresse de J. Chenal. Indicateur Henry 1912 : "Chenal (J.) cour. mort Mercière, 48, prop. appart. route de Vaulx, 64". Idem pour 1915. Encore aucune trace d'un numéro 22 mais une concordance étonnante, il faut le reconnaitre, puisque les couronnes mortuaires de J. Chenal sont référencées cette année là à la même adresse que Au maillet d'Argent, (voici une photo numérisée sur Numelyo datant de 1967 et une photo d'il y a deux ans, où la sculpture est nettement visible sur la partie gauche de la boutique), que nous croyions être deux espaces distincts.
L'enseigne du maillet d'argent, sculptée en creux sur la façade de l'immeuble à partir du XVIIème siècle, aurait appartenu à un libraire lorsque la rue était encore principalement occupée par des imprimeurs (voir ce post Numelyo).
Alors comment expliquer qu'il y ai eu manifestement un J. Chenal, installé au numéro 22 d'une rue qui demeure inconnue, sous une imposte en ferronnerie où il est écrit "au maillet d'argent" et un J. Chenal dont l'entreprise est domiciliée au 48 rue Mercière, précisément là où se trouve l'enseigne sculptée du même nom ?
Peut-être que la photo que nous voyons ici fut prise d'une autre rue, une parallèle peut-être, avec cette traboule qui permettait aux passants de rejoindre la manufacture de couronnes mortuaires de J. Chenal, et ce clin d’œil en ferronnerie qui renseigne le passant sur la demeure qu'il rejoint en empruntant ce chemin, celle au fameux maillet d'argent ?
Voici ce qui semble confirmer notre intuition : si l'on sélectionne la parallèle de la rue Mercière, côté du numéro 48, nous tombons sur le Quai Saint-Antoine. Et si nous cherchons le numéro 22 du Quai Saint-Antoine...
Source : Google Maps.
Le 22 et le numéro 48 se font face l'un l'autre avec très probablement un passage permettant de rallier les deux rues. Voici enfin à quoi ressemble aujourd'hui le 22 quai Saint-Antoine :
Source : Google Street View.
100 ans d’intervalle, un petit effort d'imagination et nous y sommes presque non ? Ce n'est bien évidemment qu'une hypothèse mais elle nous semble hautement probable. La photo n'aurait donc pas été prise en 1900 mais à minima au début des années 1910, suite à l'emménagement du commerce Chenal rue Mercière.
Bonne journée,