Quelles sont les origines de la journée mondiale contre l'homophobie ?
Question d'origine :
Bonjour, quelles sont les origines de la journée mondiale de lutte contre l'homophobie et serait-il possible d'avoir des références récentes sur ce sujet (livres, films, législation) ? Merci,
Réponse du Guichet
La Journée internationale de lutte contre l'homophobie, la transphobie et la biphobie (le 17 mai) a été créée en 2004 pour attirer l'attention sur les violences et les discriminations subies par les personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres, intersexuées et toutes les autres personnes discriminées pour leur identité de genre et/ou orientation sexuelle, que l’on peut regrouper sous le terme LGBTQ+. On rencontre parfois l’acronyme IDAHOT pour désigner cette journée (de l’anglais international day against homophobia and transphobia). On trouvait aussi originellement IDAHO et maintenant IDAHOBIT (international day against homophobia, biphobia and transphobia)
(source : comité IDAHO France)
Bonjour,
Le 17 mai a été choisi à l’initiative de Louis-Georges Tin (universitaire français martiniquais et militant contre l’homophobie et le racisme) comme date symbolique pour la journée internationale contre l'homophobie, la transphobie et la biphobie pour commémorer la décision de l'OMSle17 mai 1990 de ne plus considérer l'homosexualité comme une maladie mentale.
(source : Conseil de l’Europe portail)
Il existait déjà des journées contre l’homophobie au niveau local dans certains pays, comme au Québec qui a célébré le 4 mai 2004 une journée nationale contre l’homophobie. La première célébration d’une journée contre l’homophobie au niveau international a eu lieu en 2005, suite au travail de Louis-George Tin.
Origines et symbolique de la date
L’objectif initial de cette journée est de lutter contre l’homophobie au niveau international, d’attirer l’attention des institutions comme l’ONU sur ces questions, et particulièrement de mettre fin à la pénalisation de l’homosexualité dans les pays qui la pratiquent encore (à l’époque autour de 80 pays) et de garantir les droits humains fondamentaux des personnes homosexuelles. Dans son article «L’homophobie, une question politique» (Les Temps Modernes, janvier 2005, n°69), Louis-George Tin explique pourquoi ce besoin de créer une journée internationale de lutte, ainsi que le choix de la date :
«C’est cette analyse qui m’a poussé à m’associer à l’ILGA (International Lesbian and Gay Association) pour proposer une Journée mondiale de lutte contre l’homophobie.La première aura lieu le 17 mai 2005, la date ayant été choisie pour des raisons symboliques qui renvoient au passé, et pour des raisons politiques qui préparent l’avenir: le 17 mai 1990, l’OMS supprimait l’homosexualité de la liste des maladies mentales, il s’agissait donc d’une victoire historique contre l’homophobie, et cela au niveau mondial; par ailleurs, si l’on désire un jour obtenir une reconnaissance officielle des Nations Unies, ce sera moins difficile en mettant en avant cet héritage remarquable. L’ONU peut-elle décemment mépriser un symbole lié à l’OMS?»
Pour rappel, l’OMS (organisation mondiale de la santé) est une agence spécialisée de l’ONU. Le choix du 17 mai est donc une interpellation directe de la part de Louis-George Tin.
Cette revendication s’est petit à petit élargie à l’ensemble des personnes LGBTQ+, et pas seulement les personnes homosexuelles, d’où le changement de l’intitulé, qui inclut maintenant la mention de biphobie et de transphobie.
La biphobie désigne les discriminations qui s’exercent contre les personnes bisexuelles ou toute autre personne attirée par plus d’un seul genre. Un aspect récurrent de ces discriminations consiste à rejeter et nier l’existence de la bisexualité. La transphobie désigne les discriminations s’exerçant contre les personnes transgenres. Aujourd’hui, les droits des personnes trans ne sont garantis que dans peu de pays, et ce résultat s’amenuise encore lorsque l’on se penche sur la reconnaissance de l’identité de genre non binaire, qui existait pourtant dans de nombreuses sociétés non-occidentales avant la colonisation.
Le site SOS homophobie propose un lexique des différentes identités LGBTQ+ et discriminations spécifiques: https://www.sos-homophobie.org/informer/definitions
Quelles revendications aujourd’hui?
Le comité IDAHO France explique lutter encore pour la dépénalisation (coordination entre IDAHO France et plusieurs associations et ONG au niveau mondial), puisque les peines sont encore d'actualité dans encore 68 pays (chiffres répertoriés et mis à jour sur equaldex. Son objectif est aussi de lever des fonds pour mettre en sécurité le plus possible de personnes LGBTQ+ qui sont dans une situation de précarité extrême et de danger pour leur vie ou leur intégrité physique et psychologique.
Au sens plus général, la journée du 17 mai est conçue comme un moment de sensibilisation aux questions touchant aux personnes LGBTQ+, pour minimiser les discriminations à leur encontre, et interpeller les institutions sur leurs manquements au respect de leurs droits humains.
Dans le contexte actuel, où on constate en France comme dans d’autres pays occidentaux comme les États-Unis une montée de la transphobie. L’IDAHO est alors l’occasion de rappeler les luttes et revendications des personnes trans, comme le droit à transitionner, la protection des mineur.es trans, la lutte contre les violences médicales, etc.
Il existe aussi d’autres journées internationales de lutte et de sensibilisation contre des discriminations plus spécifiques. Le 20 novembre, on célèbre dans le monde entier la journée du souvenir trans (TDoR pour trans day of remembrance), en hommage aux personnes trans tuées pour des motifs transphobes (ou poussées au suicide). Il existe aussi des journées de visibilité, comme la journée de visibilité lesbienne le 26 avril, pour lutter contre la lesbophobie et l’effacement des lesbiennes (dans l’histoire, les représentations, l’espace public…). Il y a aussi, par exemple, la journée de visibilité bisexuelle le 23 septembre, ou la journée de visibilité intersexe le 26 octobre.
Sources :
Conseil de l’Europe sur les questions d’orientation sexuelle et d’identité de genre
Article de Louis-Georges Tin, "L'homophobie, une question politique", Les Temps Modernes, janvier 2005, n°69, et plus précisément la dernière partie, "vers une journée mondiale de lutte contre l'homophobie".
Pour aller plus loin :
SOS homophobie propose des rapports annuels, ainsi qu’un certain nombre de ressources pour s’informer: https://www.sos-homophobie.org/informer/ressources
Le site Wikitrans pour toutes les questions liées à la transidentité, aussi bien pour les personnes concernées que pour celles qui cherchent à s’informer. Il propose un certain nombre de ressources dont des guides à destination des proches de personnes trans.
Le Brrrazero: bibliothèque et centre d’archives LGBTQ+ à Vaulx-en-Velin.
Podcasts et documentaires
Podcast de France culture "Lesbiennes, gais, queer: que fait le droit aux identités sexuelles?" : https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/culturesmonde/lesbienne-gay-queer-que-fait-le-droit-aux-identites-sexuelles-5906505
Le documentaire Homos en France (France TV): https://www.france.tv/france-2/homos-en-france/
A la bibliothèque :
Documentaires:
Les Invisibles de Sébastien Lifshitz
Sur la transidentité: Petite fille de Sébastien Lifshitz
Ouvrages :
La bibliothèque dispose d’un fonds genre et sexualité (le point G), dont on trouve ici la liste des thèmes: https://www.bm-lyon.fr/nos-blogs/le-centre-de-ressources-sur-le-genre-le-point-g/article/fonds-genre-et-sexualites
Voici néanmoins quelques exemples:
Dictionnaire des sexualités, Janine Mossuz-Lavau
Queers et droit international, réseau Olympe
Discriminations dans la ville: sexismes, racismes et LGBTphobies dans l’espace public, Arnaud Alessandrin et Johanna Dagorn
Corps de filles, corps de garçons: une construction sociale, Martine Court
Manifeste d’une femme trans, Julia Serrano
Mauvais genre, Paula Dumont
Bonne journée