Je cherche des informations sur la participation des enfants aux Jeux durant l'Antiquité
Question d'origine :
Bonjour
j'ai lu dernièrement que lors des Jeux olympiques antiques, il y avait des épreuves réservées "aux enfants".
Quelle était la tranche d'âge ? J'ai l'impression que cela correspond à des adolescents.
Le moment de ces épreuves varient selon les sources, début, milieu ou fin des compétitions "classiques".
Il y aurait également des épreuves pour les filles dans le cadre du culte à Héra.
Pouvez-vous me renseigner sur le sujet ?
Merci
Sabine
Réponse du Guichet
Nous vous confirmons qu'il existait des épreuves réservées aux enfants, garçons comme filles.
Bonjour,
Les diverses études dont nous vous présentons des extraits ci-dessous établissent bien la participation des enfants à des épreuves sportives. Il est en revanche plus difficile de se prononcer sur l'âge et celui-ci varie selon les disciplines mais aussi les cités organisatrices.
Jean-Manuel Roubineau dans Le sport. Récit des premiers temps explique ainsi :
L’entrée dans la condition virile est progressive, et le sport enfantin constitue un environnement disciplinaire propice à l’acquisition des conduites et valeurs attendues des hommes grecs. L’existence de catégories d’âge dans les concours grecs, qu’il soit stéphanites ou chrématites, en témoigne. Le nombre de catégories a pu varier d’une compétition à l’autre et, parfois, d’une époque à l’autre. Mais, dans les concours olympiques, ce sont deux et seulement deux catégories qui ont existé, sans aucun changement jusqu’à la disparition des Olympia : la catégorie des garçons et la catégorie des hommes. Les compétiteurs aux Olympia sont admis à concourir dans la catégorie garçons dès l’âge de 12 ans, mais entrent dans la catégorie hommes quand ils atteignent 18 ans ; une délimitation comparable s’observe dans d’autres compétitions. Mais nombreux sont les concours fonctionnant avec plusieurs catégories enfantines ; ainsi, dans les concours isthmiques et néméens, mais aussi dans les Panathénées d’Athènes ou encore les Amphiareia d’Oropos, les concurrents sont distribués dans trois catégories : les garçons, les imberbes (ageneioi) et les hommes. Poussant le principe plus loin encore, un concours de Chios, en vigueur au début du Ier siècle ava. J-C., va jusqu’à distinguer entre cinq catégories d’âge (...) Pour les concours dans lesquels des prix autres que symboliques sont offerts, les montants des prix varient d’une catégorie d’âge à l’autre et témoignent d’une hiérarchie entre les âges.
De même , Henri-Irénée Marrou dans Histoire de l'éducation dans l'Antiquité. 01 : Le monde grec constate :
On se souvient que dès l’époque archaïque la Grèce a connu des concours athlétiques et par suite une éducation physique concernant les enfants : le point qui demeurait obscur était de savoir quel était l’âge de ces derniers. Les documents, plus nombreux et plus précis, de l’époque hellénistique qui permettent de préciser davantage.
Il est certain d’abord que les enfants d’âge secondaire recevaient cette formation sportive :c’est évidemment le cas de l’Égypte où, nous l’avons bu, ils entraient dans l’éphébie à quatorze ans. Mais il en est de même ailleurs : nous trouvons à Pergame un gymnase des enfants (…) à Lapethus, un gymnasiarque spécial s’occupe d’eux (.. ;) un peu partout, à Chios, Téos, Larissa, Tamynai d’Eubée, et bien entendu Athènes, des compétitions sportives leur sont ouvertes : il s’agit des concours municipaux, s’adressant à la jeunesse de la cité ; je ne parle pas ici des grands concours panhelléniques où désormais n’entrent guère en lice que des athlètes professionnels, spécialisés dès leur plus jeune âge.
Mais, dans ces concours, apparaissent souvent plusieurs catégories d’enfants …. On est en droit d’en conclure que la gymnastique était aussi pratiquée par des enfants d’âge très tendre : ce n’est pas seulement à Sparte, où les petits mikkikhizomènes de neuf ou dix ans disputent des concours sportifs, mais très généralement dans le mondegrec, que l’éducation physique accompagnait l’éducation littéraire dès sept ou huit ans …
Ces mêmes auteurs évoquent les pratiques sportives. Jean-Manuel Roubineau (Le sport. Récit des premiers temps) relate que
Seules les jeunes filles, qui ne sont pas encore devenues femmes – c’est-à-dire, dans la perspective grecque, qui ne sont pas encore mariées ou en âge de l’être -, accèdent, dans certaines cités à un nombre restreint d’activités athlétiques. Le cas le mieux documenté est celui des jeunes filles spartiates qui s’adonnent à la course, à la lutte, au lancer du disque et au javelot. Selon l’explication fournie par le moraliste Plutarque, il s’agit de forger des corps de mères … c’est une singularité de la culture corporelle spartiate que d’avoir conçu une préparation athlétique féminine orientée vers l’enfantement des guerriers de la cité. Hors de Sparte, la principale discipline gymnique pratiquée par des jeunes filles est la course, dans laquelle une aptitude peut leur être reconnue : Sappho évoque ainsi l’une de ses élèves, Hérö de Gyaros, qualifiée de « rapide coureuse ». Quelques courses féminines sont organisées à des fins initiatiques, à l’exemple des courses des Arkteia de Brauron en Attique. Mais d’autres courses prennent la forme de véritables concours. C’est le cas des Hraia d’Olympie. Lors de cette fête quadriennale, dont la date de naissance est inconnue, une seule épreuve est organisée, une course de vitesse. Les concurrentes sont réparties en trois catégories d’âge. Elles courent dans le stade olympique, comme le font les garçons et les hommes lors des Olympia, mais sur une distance plus courte, amputée d’environ un sixième. A cette différence de distance s’ajoute le fait que les coureuses ne sont pas nues. Selon la description de Pausanis, leur chevelure est dénouée, leur tunique arrive au-dessus du genou et découvre leur épaule droite jusqu’à la poitrine. Les lauréates reçoivent une couronne d’olivier et une part de la vache offerte en sacrifice à Héra. Sous l’Empire, différents concours panhelléniques incluent visiblement dans leur programme des épreuves pour jeunes filles. On le devine à la lecture d’une inscription de Delphes, du milieu du IIe siècle apr. J-C. …
Dans Famille et société : monde grec, Rome, Étrurie, Ve-IIe s, les autrices expliquent :
Nous avons dit combien la musique et l’entraînement physique étaient importants pour les jeunes soldats spartiates en devenir. Pour les filles aussi, qui chantaient dans les chœurs et couraient nues sur le Dromos le long de l’Eurotas pour rendre hommage à Hélène, leur séduisante protectrice dont el sanctuaire était proche, au Platanistas, et qui semble jouer auprès de ces adolescentes à la fois le rôle d’Artémis qui les fait sortir de l’enfance et celui d’Aphrodite qui les prépare à l’amour …
L’ouvrage aborde aussi la question de l’éducation sportive pour les garçons. Nous vous laissons donc consulter les ouvrages cités dans cette réponse.
Bonne journée