Quel avenir pour les petites unités de croisière naviguant sur le bassin méditerranéen ?
Question d'origine :
Bonjour
Pourriez-vous me dire quelles sont les perspectives d'évolution des petites unités de croisières sur le bassin méditerranéen ? le marché après-covid a t-il pu récupérer son dynamisme. Quelles opportunités pour les ports français ? merci
Réponse du Guichet

L'activité du tourisme maritime méditerranéen s'est très bien remis des années noires de la crise sanitaire jusqu'à retrouver, en 2023, des chiffres de fréquentation supérieurs à l'avant Covid. Les compagnies de croisière doivent néanmoins composer avec de nouvelles exigences écologiques et sont pointés du doigt par des collectifs citoyens et les pouvoirs publics. Les petites frégates peuvent proposer un tourisme mieux adapter à ces enjeux mais s'adressent à une clientèle plus aisée. Aujourd'hui la mer Méditerranée voit cohabiter deux manières de naviguer et voyager, elles sont toutefois toutes deux soumises aux impératifs du plan zéro carbone porté par l'Organisation maritime internationale (OMI) pour 2050.
Bonjour,
Chaque année, la direction interrégionale de la Méditerranée publie un rapport de suivi de l'activité de la croisière en Méditerranée française. Les chiffres témoignent de l'activité des navires touristiques de toutes tailles et vous aident à vous représenter le dynamisme touristique de la région, avec 1691 escales prévues pour l'année en cours sur les côtes françaises.
A l'échelle mondiale, le tourisme de croisière s'est très bien remis des années de crise liées à l'épidémie de Covid-19. En 2023 les croisières ont même largement dépassé le niveau d'avant-Covid avec plus de 31 millions de passagers (Mer et Marine, 2024), quand Tourmag relaie les estimations d'une nouvelle progression de + 10% pour l'année 2024. Le marché français n'est pas en reste lui non plus avec une croissance de + 6% pour 2024 selon Patrick Pourbaix, directeur général de MSC Croisière France pour une fréquentation totale de 575 000 passagers.
Le port de Marseille fait encore figure de tête de proue de cette économie.Le site internet du port de Marseille Fos se vante d'articuler croissance économique et pôle écologique d'avant garde, en étant autant impliqué dans l'activité touristique du territoire que soucieux des répercussions environnementales de ses activités. Il serait le premier port en France à proposer notamment la connexion électrique des navires à quai tout en ayant la capacité d'accueillir des navires fonctionnant au gaz naturel liquéfié.
Pourtant, des activistes de plus en plus nombreux se mobilisent sur les ports de la côte méditerranéenne pour manifester leur hostilité envers une industrie qu'ils jugent trop polluante : Sur la côte méditerranéenne, des croisières de moins en moins acceptées (Sciences et Avenir, 2023). Ce besoin d'innovation est mis en avant pour renouveler l'activité et la rendre davantage compatible avec les enjeux écologiques et notamment l'objectif zéro carbone lancé par l'Organisation maritime internationale pour 2050. Mais toutes les compagnies qui transitent dans les ports français ne sont pas encore signataires de la charte.
Pour la revue scientifique du parc national de Port-Cros qui est éditée depuis 1975, même constat. Un collectif de scientifiques et d'universitaires s'est penché l'an passé sur les nombreuses études récentes évaluant l'impact des super yatchs, des petites et grandes croisières sur l'environnement en milieux côtiers. La synthèse (premier lien Google Scholar) est assez alarmante mais donne des recommandations pour l'avenir de cette industrie. Les navires de croisière de petite capacité sont notamment décriés en raison des dommages causés par l'impact de leur ancrage qui dénature les plus beaux sites naturels sur lesquels ils ont le privilège d’amarrer. En revanche leur vitesse de croisière, généralement plus réduite, est jugée plus positivement, car moins sujette aux collusions mortelles avec la faune marine.
Les petites unités de croisière représentent aussi un marché plus "niche" en pleine croissance, offrant une alternative aux grands navires de croisière. Elles permettent de cibler une clientèle plus aisée et à la recherche d'expériences plus exclusives. Elles s'opposent au "mass market", plus attractif économiquement et basé sur les super paquebots, dont la valeur ajoutée n'est plus la destination ou les escales mais l'offre de divertissement et le confort proposés à bord. A l'inverse, les plus petites unités miseraient sur la qualité de leurs itinéraires (permettant d'accéder à des sites et des ports plus restreints), l'exclusivité de l'expérience et la qualité des services proposés.
D’ailleurs dès 2016 déjà, le magazine Tourmag voyait déjà se dessiner ces deux chemins distincts pour le futur du tourisme maritime méditerranéen.
En revanche, il semble aujourd'hui difficile de composer des formules qui concilient un voyage bon marché avec une expérience plus intimiste et écoresponsable. Les petits navires, peu énergivores, comme les voiliers ou catamarans sont le plus souvent réservés à une clientèle aisée. Beaucoup de conseils pour une navigation respectueuse de l'environnement sont prodigués dans cet article : Navigation éco-responsable : pourquoi et comment protéger la biodiversité de nos océans.
Pour plus d'informations nous vous conseillons aussi la lecture de cet article : La filière maritime réfléchit à sa révolution verte (Le Monde, avril 2024 à lire grâce au service Europresse).
Bonnes lectures,