Quelle est l'histoire de ces anciennes halles situées dans le 2ème arrondissement ?
Question d'origine :
Chers Bibliothécaires ,
je découvre l'existence de Halles à l'angle de la place Ampère , de la rue Franklin et de la rue Bourgelat dans le deuxième arrondissement de Lyon , détruites et remplacées par la centrale téléphonique de 1925. Pourriez-vous nous éclairer? Bien à Vous. EH
Réponse du Guichet
La halle située entre le 19 rue Franklin, le 2 rue Henri-IV et le 18 rue Bourgelat, conçue par l’architecte Abraham Hirsch a été construite en 1880 à la demande de la municipalité. Il s’agissait d’un marché couvert aussi appelé le marché Henri IV, en raison de la proximité de la place Ampère qui s’appelait alors place Henri IV. Cet édifice a été détruit puis remplacé en 1925 par le Central téléphonique Ampère conçu par Charles Meysson aménagé au début des années 2000 en bureaux et logements
Pour vous répondre nous avons tout d'abord consulté les plans parcellaires des Archives municipales de Lyon.
Sur le plan de l'année 1890 à l'emplacement que nous nous indiquiez apparaît le nom de "Marché Henri IV".
Dans l’article «Faire son marché à la lyonnaise» de Gérard Corneloup tiré de l’ouvrage Gourmandises : histoire de la gastronomie à Lyon !, on trouve quelques informations sur cette halle. (p.23) :
C’est le 1er mars 1859, avec trois mois de retard sur la date prévue, que naît officiellement le marché couvert des Cordeliers qui va vite devenir la Halle des Cordeliers. Dans le sillage du percement de la rue Impériale (aujourd’hui rue de la République), l’architecte Tony Desjardins a élevé une grande construction à l’armature métallique de trois mille six cents mètres carrés, recouverte de verrières entre deux façades en pierre agrémentées d’ornements dus au sculpteur Edouard Clauses. […]
Dans le même esprit, mais avec des dimensions plus réduites, l’architecte Abraham Hirsch construit en 1879-80 le marché couvert ou Halle de la place Ampère qui sera détruit dans l’entre-deux guerres.
Source : Gourmandises ! : histoire de la gastronomie à Lyon : exposition, Musée de Gadagne, Musée historique de la Ville de Lyon, 18 novembre 2011-29 avril 2012. Silvana editoriale, 2011
C’est en consultant l’ouvrage que Philippe Dufieux a consacré à Abraham Hirsch que nous avons trouvé page 242 un dessin du projet du Marché couvert pour le quartier de Perrache (disponible aux Archives municipales de Lyon sous la cote 923 WP 364) :
Le premier projet étudié pour le quartier de Perrache place Henri IV (aujourd’hui place Ampère) au sud de la presqu’île, s’étend sur mille six cents mètres carrés pour un devis de deux cent quarante mille francs. Les autres marchés prévus respectivement place de l’Abondance (aujourd’hui place Aristide Briand, mille huit cent cinquante mètres carrés), rue Bossuet aux Brotteaux (mille huit cent cinquante mètres carrés), Grande-Rue-de-la-Croix-Rousse (mille trois cent mètres carrés), Saint-Georges et Saint-Jean et dans les quartiers de Vaise (mille deux cent mètres carrés). L’architecte entend adapter un même modèle de halle ou de rue couverte pour les 6 marchés.; la première – et la seule construite sera celle de la place Henri IV (aujourd’hui détruite). En raison du mode de construction, qui réduit les éléments porteurs à une succession de poteaux en fonte, Hirsch renoue délibérément avec les spéculations géométriques de Jean-Nicolas-Louis Durand qui, au début du XIXe siècle, ambitionnait de définir un «mécanisme de composition» propre à imprimer des conditions de régularité et de simplicité à travers un système de figures tramées. Mais un tel système se heurtera à l’irrégularité des parcelles réservées ou acquises par la Ville pour la construction des nouveaux équipements. Pour le quartier de Perrache, Hirsch conçoit une halle à trois nefs divisée en compartiments formant une centaine de cases de quatre mètres carrés à destination du commerce de détail, précédée d’un vestibule placé sous une marquise, deux pavillons encadrent le marché, l’un pour le service de l’inspection, l’autre pour le gardien. Pas moins de quatre-vingt-cinq caveaux sont aménagés au sous-sol. Entre 1876 et 1879, le projet connaît des évolutions de détail: l’architecte dessine précisément les éléments de la charpente métallique et l’ensemble des pièces d’assemblage, notamment le mécanisme du ciel vitré ouvrant la partie centrale de la halle. Mais un tel programme d’équipements à l’échelle de la ville s’est visiblement heurté aux réalités financières du moment, alors même que la municipalité donne toute priorité aux constructions scolaires.
Source : Abraham Hirsch : architecte de la Troisième République à Lyon. Philippe Dufieux. Presses universitaires de Lyon, 2023
Vous trouverez dans la version numérisée du Progrès dans Gallica quelques entrefilets sur ce marché :
Nous ne sommes malheureusement pas parvenus à trouver d'autres vues photographiques de cette construction.
La halle détruite entre les deux-guerres a été remplacée par le central téléphonique Ampère aujourd'hui reconverti en immeubles de bureaux et de logements.
Source : Central téléphonique Ampère. Inventaire général en Auvergne-Rhône-Alpes
En espérant que ces éléments suffiront à satisfaire votre curiosité, nous vous souhaitons une agréable journée.