Pourquoi faire des études si l'on peut se former en autodidacte grâce aux bibliothèques ?

Bonjour, 

D'après le CNTRL, l'autodidacte est celui ou celle qui "s'instruit soi-même, sans maîtres", comme l'indique la racine grecque du mot autodidaktos composée de autos pour "même, de soi même", et didaskein pour "s'instruire". Un autodidacte est donc une personne qui s'instruit elle-même, sans la médiation d'une personne ou d'une institution.

Au contraire, un établissement scolaire interpose, entre des connaissances, des savoir-faire et des savoir-être, un médiateur, c'est à dire un instituteur ou un enseignant ayant la charge de développer les connaissances et les compétences des élèves. Il ou elle endosse un rôle de passeur et de transmission auquel sont confrontés en France, tous les enfants âgés de 3 à 16 ans en raison de l'obligation d'instruction, à l'école ou, sous certaines conditions, au sein de la famille. Sur cette période, il est donc impossible d'embrasser l’autodidaxie sans être juridiquement sanctionné (amendes et emprisonnement sont sont prévues dans la loi). C'est une question d'égalité des chances, l’État formalise l'apprentissage et s'assure qu'une instruction élémentaire similaire soit transmise à chacun de ses concitoyens. Le principe de gratuité de l'enseignement primaire public intègre la même logique (voir à ce titre : Les grands principes du système éducatif sur éducation.gouv). La sociabilité des élèves, l'apprentissage de la discipline ou encore la reconnaissance de qualifications (diplômes, certificats), sont aussi le fondement de la raison d'être de l’école. L'institution est toutefois largement critiquée pour son rôle déterminant dans la reproduction sociale et notamment de ses structures de domination (Voir Pierre Bourdieu ou Ivan Illitch).

Selon la définition du dictionnaire en ligne Larousse, l'autodidaxie s'inscrit fondamentalement en opposition à l’école puisqu’elle est : "l'acquisition de connaissances par un individu en dehors des dispositifs éducatifs officiels (établissements scolaires, centres d'apprentissage ou de formation) et sans intervention d'un enseignant ou d'un formateur." En effet, la société moderne offre de nombreuses opportunités de se former par soi-même, que cela passe par la mise en place de politiques éducatives et culturelles publiques ou par les possibilités presque illimitées d'apprentissage et de découverte contenues dans les outils numériques. Mais l'autodidacte n'est pas apparu avec la condition de l'homme moderne, bien au contraire, et de nombreuses figures jalonnent notamment l'histoire de l'art et de la pensée : Vincent Van Gogh, Jean Dubuffet, Séraphine de Senlis, etc. 

Aujourd'hui, l'autodidacte est davantage celui-ci qui utilise les ressources mises à sa disposition pour prolonger, de lui même, une formation initiale de savoir-faire et de connaissances délivrées par l’école, qu'un apprenti sorcier auto-formé ex-nihilo. Contrairement à l’école ou à l'université, il aura le loisir d'étudier uniquement ce qui l'intéresse et d'y consacrer le temps qu'il souhaitera. Il sera cependant plus isolé et sans interlocuteur direct pour surmonter les difficultés rencontrées. Il fera aussi face à une reconnaissance moindre de ses savoirs, beaucoup plus difficilement valorisables qu'avec un certificat ou un diplôme. 

Les bibliothèques font partie d'une offre culturelle plus large, qui permet à tout à chacun de se cultiver/former et parfois à moindre cout. Voir à ce propos cette précédente réponse du Guichet : Comment font les plus pauvres pour avoir accès à la culture et au divertissement ?. Au regard de l'immensité et de la variété des collections des bibliothèques, les informations qui vous intéressent sont à disposition. Il faudra apprendre à les dénicher et séparer le grain de l'ivraie, en vous fiant à des sources fiables. Idem si vous décidez de vous former à un sujet en utilisant internet. Voici des conseils avisés trouvés sur le site Studysmarter, pour parvenir à vos fins avec méthode : 

L’autodidaxie n’est pas un don exceptionnel. Au contraire, tout le monde peut devenir un autodidacte avec un peu d’effort et de dévouement. Voici comment :

• Trouver un domaine/sujet/thème qui vous intéresse. Prenez le temps de réfléchir. Qu’il s’agisse de votre domaine d’études ou de quelque chose de totalement différent, vous devez rechercher des idées et des concepts qui vous donneront envie d’apprendre.
• Fixer des objectifs d’apprentissage. Il convient de structurer ses objectifs et de penser à un plan d’apprentissage. Par exemple, si vous apprenez une nouvelle langue, l’une des premières bases est de savoir demander son chemin (également « où sont les toilettes »). Vous pouvez ensuite passer à la commande au restaurant et ainsi de suite jusqu’à atteindre le niveau d’aisance souhaité. Instaurez un système de récompense et célébrez vos réussites pour rester motivé.
• Choisir ses supports. L’autodidaxie ne consiste pas à lire tous les écrits et à regarder tous les tutoriels YouTube qui existent. Il s’agit de choisir des matériaux de qualité et d’être capable d’étudier plus intelligemment, et non plus durement.
• Bien optimiser son espace de travail. Assurez-vous d’avoir un espace dédié à votre travail et de disposer de tous les outils nécessaires (papeterie, cahiers, connexion Internet) lorsque vous en avez besoin. Vous pouvez aussi mettre de la musique relaxante pour vous aider à vous concentrer.
• Se mettre dans un état d’esprit d’apprentissage. Ne prenez pas cela comme une corvée. Concentrez-vous plutôt sur la raison pour laquelle c’est important pour vous. L’autosatisfaction, les compétences pratiques ou simplement la curiosité d’en savoir davantage sont autant d’éléments qui vous poussent à continuer.
• Apprendre à penser de manière critique. Soyez attentif et judicieux face au contenu que vous choisissez d’apprendre.
• Faire des pauses. Les pauses sont indispensables dans toute situation d’apprentissage. Prenez un peu de recul sur ton projet afin de laisser les informations s’imprégner tranquillement.
• Adopter l’apprentissage sur le long terme. Considérez l’apprentissage comme une activité que vous ferez tout au long de votre vie. Ceci est un bon moyen de rester motivé et de progresser dans divers sujets.

Source : StudySmarter - Autodidacte : comment apprendre par soi-même ?

Si cette autodiscipline vous fait défaut (et nous le comprendrions), il existe de nombreuses plateformes permettant de se former en quelques heures à de nombreux sujets. L'abonnement BmL intègre dans son offre numérique un accès à Toutapprendre, des formations pour tous les gouts et tous les âges. Parcourez également Mooc francophone, une base de données qui recense une grande partie des cours en ligne en français actuellement disponibles. Certains sont payants mais vous pouvez sélectionner uniquement ceux proposés à titre gratuit. Parmi eux, la plateforme FUN Mooc (France numérique université) se distingue par la richesse et la qualité de ses formations. 

Les universités inter-âge, dont l'université tous âges de Lyon pourraient aussi vous intéresser. Dans un objectif de partage et de circulation des savoirs, des cycles de conférences sur de nombreux sujets sont dispensés au sein de l'Université Lyon 2 par d'éminents spécialistes. Le règlement de frais d'inscription est obligatoire pour assister aux cours mais ils sont ouverts à tous, sans critères de sélection. Voici la liste des cycles de conférence pour l'année 2024-2025. 

Voir aussi : Les meilleures chaînes YouTube consacrées à l'e-learning. Excellente sélection d'actualité pour petits et grands (juin 2024). 

Si l'autodidaxie vous intéresse nous vous recommandons la lecture des ouvrages suivant : L'autoformation pour apprendre autrement / Nicole Anne Tremblay ; préf. de Joffre Dumazedier (Presses universitaires de Montréal, 2003), Les autodidactes : de Van Gogh à Pirosmani (Fondation Vincent Van Gogh, 2020) et plus particulièrement ce qui concerne l'Art brut, avec en préambule : L’énigme autodidacte (France Culture, 2022) . Ou encore l'article de Willem Frijhoff dans Histoire de l’Éducation n°70 (1996) : Autodidaxies, XVIe-XIXe siècles. Jalons pour la construction d’un objet historique (Persée). 

Bonnes formations,