Pourquoi retrouve-t-on souvent 'un certain type' de contenus audiovisuels à la télévision?
Question d'origine :
Pourquoi retrouve-t-on souvent 'un certain type' de contenus audiovisuels à la télévision? En effet, la télévision tnt ne diffuse pas les mêmes choses que la télévision câblée, netflix ou ce que l'on peut retrouver sur internet ou ailleurs- comment cela se fait-il?
Réponse du Guichet
La programmation télévisuelle est une stratégie qui doit permettre de trouver un équilibre entre différentes contraintes qui sont liées entre autres à l'audience (nombre de personnes regardant un programme) et à des contraintes financières. Par ailleurs cette programmation est réglementée.
Bonjour,
Afin de répondre à vos interrogations, revenons dans un premier temps sur ce qu'est une programmation télévisuelle.
Cette dernière est une stratégie qui doit permettre de trouver un équilibre entre différentes contraintes qui sont liées entre autres à l'audience (nombre de personnes regardant un programme) et à des contraintes financières.
Ainsi l'article Wikipédia sur la programmation télévisuelle nous indique :
" La programmation télévisuelle consiste à planifier sur une grille horaire la diffusion des différents programmes de télévision en faisant en sorte de maximiser leur audience, tout en respectant les contraintes auxquelles la chaîne est soumise.La programmation..est souvent le fruit d'une réflexion stratégique au niveau de la direction de celle-ci."
Cette programmation est par ailleurs réglementée par l'Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom) qui résulte de la fusion le du Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) et de la Haute Autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des droits sur internet (Hadopi).
Le paysage télévisuel s'est complexifié depuis le début des années 2000 passant d'une technique de télédiffusion analogique à une technologie de télédiffusion numérique avec la TNT (télévision numérique terrestre ). Cette nouvelle technologie a permis la multiplication de chaines par fréquence.
Actuellement, il y a donc 30 chaînes de la TNT en France. 7 sont des chaînes nationales publiques (France 2 France 3 France 4 France 5 France info, La Chaîne parlementaire et Arte)
Comme l'indique le site PGE : "Ces chaînes nationales publiques sont régies par des cahiers des charges spécifiques, et leurs obligations sont définies par le décret 2009-796 du 23 juin 2009. Ces chaînes jouent un rôle essentiel dans la diffusion d’informations et de divertissements aux citoyens. Pour pallier à la suppression de la redevance télé rendue effective en juillet 2022, ces chaînes publiques seront financées par une partie des recettes liées à la TVA"
Les 23 autres chaines de la TNT sont quant à elles privées. Elles sont pour la plupart gratuites mais certaines sont payantes. Elles sont essentiellement financées par la publicité. Ces 23 chaines sont également soumises à un cahier des charges spécifié par l'Arcom. Vous pourrez retrouver ces cahiers des charges sur le site de l'Arcom, à la page "conventions des éditeurs".
Dans les grandes lignes, ces cahiers des charges doivent stipuler systématiquement (que la chaine soit publique ou privée) " le caractère pluraliste de l’expression de courants de pensée et d’opinion, l’honnêteté de l’information et son indépendance à l’égard des intérêts économiques des actionnaires, a fortiori lorsqu’ils sont titulaires de marchés publics ou de délégations de service public." (source site vie publique " Attribution et contrôle des fréquences de la TNT : quel est le rôle de l'Arcom ? "
L'article Wikipédia sur l'Arcom revient également sur les missions de cette instance :
« L'Arcom offre aux radios et aux télévisions des ondes de diffusion, en échange du respect d'un cahier des charges. Elle est également chargée de garantir le respect de la dignité humaine, le respect de la déontologie journalistique, d'encourager la création de qualité, d'encadrer l'exploitation commerciale des enfants, et de lutter contre le piratage illégal. De plus, afin de défendre le pluralisme démocratique, elle s'assure, notamment en période électorale, que chaque tendance politique dispose d'un temps de parole équivalent. »
Pour autant, dans un système ultraconcurrentiel, les patrons des grands groupes médiatiques possédant d’énormes leviers financiers influencent largement les programmes de leurs chaines, inquiétant de nombreuses associations comme "reporters sans frontières". En effet en 2021 Reporters sans frontières a saisi l'Arcom puis le Conseil d’État pour manquements par Cnews à ses obligations d’indépendance et de pluralisme de l’information.
Cette même année une tribune du Monde alertait sur l'hyper-concentration du pouvoir médiatique par une poignée de personnes :
Un seul et même groupe (Vivendi), piloté par un seul et même industriel (Vincent Bolloré), contrôle de nombreuses chaînes de télévision (Canal+, CNews, C8, CStar, Planète+, Télétoon+, Infosport+, etc.), une radio (Europe 1), des journaux (Le Journal du dimanche, Paris Match), un éditeur de jeux vidéo (Gameloft), une plate-forme de vidéos (Dailymotion), des salles de spectacle (CanalOlympia), des maisons d’édition (Editis et, potentiellement, Hachette) ainsi que Prisma, le premier groupe français de presse magazine (Capital, Femme actuelle, Geo, Ça m’intéresse, Télé-Loisirs, Voici, etc.). Jamais sans doute un homme d’affaires français n’a concentré autant de médias entre ses mains.
Sur le même sujet nous vous invitons à consulter les articles, documentaires et livres suivants :
- La concentration des médias nuit-elle au pluralisme ?
- Media crash : qui a tué le débat public ?
- Pour une télé libre : contre Bolloré de Julia Cagé
Concernant Netflix, le décret du 23 juin 2021 relatif aux services de médias audiovisuels à la demande (SMAD) légifère sur les obligations en terme de programmation de la plateforme :
Il permet d’assujettir les plateformes étrangères de vidéo à la demande visant la France aux mêmes règles de contribution au financement de la production d’œuvres cinématographiques et audiovisuelles que les services établis en France.
Il met ainsi en œuvre la faculté offerte aux Etats-membres de l’Union européenne par la nouvelle directive de 2018 d’appliquer leur régime de contribution à la production aux services étrangers qui les ciblent. Cette importante novation constitue une victoire majeure obtenue par la France dans son combat pour la défense de l’exception culturelle dans le cadre de la renégociation de cette directive entamée en 2013.
Les services de vidéo à la demande devront ainsi consacrer au moins 20% du chiffre d’affaires qu’ils réalisent en France au financement de la production d’œuvres cinématographiques et audiovisuelles européennes ou d’expression originale française. Ce taux sera porté à 25% pour les services qui proposent des films de moins de 12 mois. La répartition entre œuvres cinématographiques et œuvres audiovisuelles sera fixée par la convention conclue avec le CSA, chacun des genres devant représenter au minimum 20% de l’obligation totale.
Source : culture.gouv.fr "Publication du décret relatif aux services de médias audiovisuels à la demande (SMAD)"
Bonne journée.