A quel numéro du boulevard des Belges le KDS s'est-il installé et à quelle date ?
Question d'origine :
Bonjour,
Dans une réponse à une question, vous écrivez : "Le KDS a aussi occupé un immeuble du boulevard des Belges". Savez-vous à quel numéro du boulevard des Belges le KDS s'est-il intallé et à quelle date, svp ?
Je vous remercie. Cordialement.
Frédéric B.
Réponse du Guichet

Les nombreuses sources consultées restent muettes. Le boulevard des Belges (Lyon 6ème) est régulièrement mentionné pour héberger la section VI du KDS, mais sans qu'aucun numéro ne soit jamais divulgué. Le 14bis, qui correspondait à l'appartement du chef de section, A. Moritz, pourrait toutefois être l'immeuble qui nous intéresse selon le journaliste G. Chauvy. Mais sans autre source concordante, nous nous en remettons à l'expertise du CHRD !
Bonjour,
Malgré de nombreuses lectures dans nos collections, l'emplacement exact de l'immeuble qu'aurait occupé le KDS (Kommado der Sipo und SD) boulevard des Belges sous l'Occupation, reste incertain.
Selon le journaliste Gérard Chauvy dans son ouvrage Lyon 40 - 44 (Plon 1985), la sixième section se serait bien située boulevard des Belges (Lyon 6ème). Dans un chapitre consacré à son organisation et à son mode de fonctionnement, il présente les lieux occupés par le KDS :
Une triple orientation géographique fixe sur la carte de Lyon l'implantation du KDS. L'hôtel Terminus, à deux pas de la gare de Perrache, détermine le siège social de cette entreprise. L’École de Santé, au début de l'avenue Berthelot, se partage l'essentiel de ses ramifications, hormis la sixième section qui se loge dans un vaste immeuble du boulevard des Belges. Dans ce quartier résidentiel, prisé pour ses hôtels particuliers, emménagent aussi les officiers allemands de haut rang.
Source : Gérard Chauvy - Lyon 40 - 44 (p. 241)
Divisé en six sections, le KDS-Lyon a été dirigé de juin 1943 à août 1944 par le lieutenant-colonel SS Werner Knab. Il est en partie connu pour avoir été le supérieur du célèbre criminel de guerre Klaus Barbie, en charge de la terrible section IV. La section VI qui nous intéresse ici, a été commandée par Auguste Moritz, installé boulevard des Belges :
Après des études à l'école des Beaux-Arts, il se dirige vers le métier des armes. Mais, plutôt que de choisir la Wehrmacht, l'ambition, dans ce IIIème Reich, c'est de pouvoir accéder à l'élite, à la SS. Sa formation, sévère, le conduit à l'espionnage. Il se débrouille bien en français, en argot même. Comme certains de ses alter ego, il est "infiltré" en France, peu avant la guerre, sous la fausse identité de Maurice Stonde et les aspects rassurants d'un banal représentant de commerce.
La guerre éclate, la victoire est allemande et Moritz occupe dès 1940 un poste important à Paris, avenue Foch, en tant que responsable de la lutte anti-maçonnique.
(...)
C'est, dira un agent français l'ayant fort bien connu, "à cause d'une histoire de femme qu'il fut limogé et envoyé à Lyon en 1943". Là Marie Moreau le rejoint et s'installe "dans l'appartement qu'il occupe au premier étage de l'immeuble du 14 bis du boulevard des Belges". A cette adresse, Moritz assume la direction de la section VI du KDS-Lyon.
Source : Gérard Chauvy - Lyon 40 - 44 (p. 242)
Moritz aurait donc dirigé la section IV depuis son domicile au 14 bis du boulevard. Mais le 14bis, correspond-il à l'immeuble mentionné dans l'extrait cité plus haut ? Difficile à dire. Le KDS-Lyon ayant compté jusqu'à 120 hommes, une section entière aurait du mal à se réunir au premier étage d'un immeuble, bien que le quartier soit réputé pour ses vastes et luxueuses bâtisses.
Nulle autre mention d'un numéro sur le boulevard ne fut rencontrée dans nos diverses lectures. On nous dit qu'un immeuble aurait été occupé en 1944, mais à titre provisoire seulement, suite au bombardement qui détruisit une partie du siège du Sipo-SD dans l'ouvrage de Sylvie Altar et Regis Le Mer : Le spectre de la Terreur (Tirésias-Michel Reynaud, 2020) (p. 62)
Rien ou presque non plus sur le rôle joué par les nazis sur ce boulevard dans les ouvrages spécialisés sur les rues de et l'histoire des quartiers de Lyon : Il y a 130 ans, le 6ème (Horvath, 1996), Connaître son arrondissement, le 6ème (Éditions lyonnaises, 1999) ou Lyon 6ème : histoire, architecture et patrimoine (Lyon mairie du 6ème, 2018). Ni sur le site Rues de Lyon, malgré de nombreuses informations sur ce boulevard.
Seul Secrets des rues de Lyon (Poutan, 2021) d'Alain Dreyfus s'épanche quelque peu à ce sujet, évoquant notamment l'appartement du milicien, tortionnaire et collaborationniste Paul Touvier, qui se serait situé au 101 du boulevard, occupé suite à l'expulsion du couple juif qui l'habitait (p. 45). Pour plus d'explications et d'anecdotes à ce sujet, voir les p. 97 et 98 du livre Touvier : un milicien à l'ombre de l’Église de Claude Moniquet.
Le moins que l'on puisse dire, c'est que ces omissions interrogent. En ce sens, nous avons contacté le Centre d'Histoire de la Résistance et de la Déportation de Lyon pour recevoir confirmation. Un retour vous sera fait au plus vite dès qu'une information nous sera parvenue.
Bonne journée,