Pourquoi la traduction française de la nouvelle de Dino Buzzati s'appelle-t-elle "Le K" ?
Question d'origine :
Bonjour, je trouve une référence à « Le K » de Dino Buzzati. D'après mes recherches, le titre semble faire référence à la nouvelle « Il colombre ». Est-ce exact ? Pourquoi le titre de la nouvelle est-il ainsi transposé en français ? Qui a choisi pour la première fois ce titre pour la version française ? K signifie « colombre » et ce nom d'une lettre est-il également utilisé dans le texte ? Pour indiquer l'animal mythique, le "colombre"? Merci d'avance!
Réponse du Guichet

Le K (titre original en italien: Il Colombree altri cinquanta racconti) est un recueil de nouvelles pour la plupart fantastiques, de l’écrivain italien Dino Buzzati, publié pour la première fois à Milan en 1966 par Arnoldo Mondadori Editore.
La traduction française est de Jacqueline Remillet et paraît chez Robert Laffont en 1967.
Bonjour,
Le K de Dino Buzzati est un recueil nouvelles regroupées avec l'histoire du K, squale monstrueux et légendaire qui poursuit Stefano. Le merveilleux et l'humour se mêlent à l'observation lucide. Ce sera le dernier livre de l'auteur italien.
Ce titre énigmatique soulève beaucoup de questions, autant dans sa version originale que dans sa traduction.
Voici ce que l’on trouve comme explications de la part de François Jacquesson, chercheur au CNRS dont je vous invite à lire les explications fort intéressantes.
Dino Buzzati publie en 1966 un recueil de nouvelles sous le nom de la première d’entre elles, il colombre. Il reprend dans ce recueil beaucoup de nouvelles publiées depuis 1960. Dans un entretien avec Buzzati, Yves Panafieu rapportait ce propos de l’écrivain :
« [Cette nouvelle], qui à mon avis est un de mes meilleurs récits, est né d’un nom ‘Il colombre’. Et voici comment ce nom m’est venu à l’esprit : une de mes amies, qui s’appelle Stefania Armanino, me racontait qu’un de ses amis américains, au lieu de dire ‘How many kilometers ?’ disait ‘How many kolombers ?’. Elle disait que les Américains déformaient le mot. Ce ‘colombers’ m’a plu. Alors j’ai imaginé une bête, un monstre, et c’est ainsi qu’est née cette histoire, qui est pratiquement une allégorie du thème classique de l’homme qui s’est complètement fourvoyé dans l’existence. Dans Le K. il y a pour ainsi dire Le Désert des tartares en pilule.»
Le titre de la nouvelle (et donc celui du recueil) devient en français Le K. Pourquoi Jacqueline Remillet, pour la traduction française chez Laffont en 1967, a-t-elle choisi ce titre? L’idée que Buzzati est un interprète de Kafka était courante à cette époque, et c’est probablement la réponse. A la fin de cette célèbre nouvelle, Buzzati a le paragraphe suivant :
«Le K [il colombre] est un poisson de très grande taille, affreux à voir et extrêmement rare. Selon les mers et les riverains, il est indifféremment appelé kolomber, kahloubrha, kalonga, kalu, balu, chalung-gra.»
Si vous souhaitez mieux connaître Dino Buzzati, l'ouvrage Dino Buzzati, qui êtes-vous ? pourra vous venir en aide. Il s’agit d’une longue interview de l’écrivain menée par Yves Panafieu, son traducteur et critique. Les mots de l'auteur milanais sauront raconter mieux que n’importe quel portrait son œuvre et ses influences.