A quoi Colette fait référence dans cet extrait de "La maison de Claudine" ?
Question d'origine :
Bonjour,
D'abord un grand merci à la personne qui a répondu à ma précédente question concernant un roman de Zola auquel Colette faisait allusion dans La Maison de Claudine.
Il s'agit cette fois-ci encore d'une allusion dans La Maison de Claudine, non pas à Zola mais à un feuilleton qui aurait paru dans la presse, je suppose dans les années 1880-90. Voici l'extrait de "Ibanez" concerné:
"Les grands bras de Voussard se levèrent, retombèrent :
– C’est un coup du cardinal de Richelieu, ajouta-t-il avec un rire amer.
Puis il ôta son chapeau pour s’essuyer le front et demeura un moment immobile, laissant errer sur la vallée ses yeux que nous ne connaissions pas, les yeux jaunes d’un conquérant d’îles, les yeux cruels et sans bornes d’un pirate aux aguets sous son pavillon noir, les yeux désespérés du loyal compagnon d’Ybanez, assassiné lâchement par les soldats du Roy"
Voussard est employé à l'étude notariale de Saint-Sauveur-en-Puisaye quand Colette est enfant.
Merci de votre aide!
Bien à vous,
Isabelle de L
Réponse du Guichet

Bonjour,
La Maison de Claudine est une œuvre autobiographique de l’enfance de Colette. De nombreuses allusions y sont faites qui se réfèrent au vécu et à diverses références de cette dernière.
Née en 1873, Colette a été élevée dans la culture du roman feuilleton. En effet au XIXe siècle pratiquement aucun roman ne paraissait avant d’avoir été publié en feuilletons dans la presse quotidienne même si cette mode change après la première guerre mondiale.
Colette avait bien compris l’enjeu de ce genre de littérature et l’attraction d’une fiction au long cours dans laquelle on s’immerge chaque jour.
Voilà vraisemblablement pourquoi dans la Maison de Colette et plus précisément dans le chapitre intitulé «Ybanez est mort» elle rend cet hommage au genre en mettant en scène un lecteur de roman feuilleton, le dénommé Voussard. Ce conte a d’ailleurs été publié initialement dans le quotidien Le Matin, où Colette était elle-même journaliste, le 15 octobre 1921.
En revanche, après plusieurs recherches nous ne trouvons pas de trace d’une allusion à un fait historique réel concernant cet «Ybanez»… Cela relève peut-être de la pure fiction.