Quelle est la différence entre une harpe celtique et une harpe irlandaise ?
Question d'origine :
Bonjour,
Je me permets de vous contacter, car je souhaiterais connaître la différence entre une harpe dite celtique et une harpe dite irlandaise. Est-ce le père d'Alan Stivell qui a créé la harpe que l'on nomme celtique ?
Merci de l'attention que vous porterez à ma question
Cordialement,
Violettefleure
Réponse du Guichet

Vous vous demandez quelles peuvent être les différences entre ces deux harpes, voici quelques éléments de réponse.
Pour répondre en quelques mots, il apparait rapidement que ces termes définissent ces deux instruments de manière à la fois géographique et historique : l’appellation harpe celtique semble être une notion récente qui rassemble différents instruments, tandis que la harpe irlandaise est un instrument moyenâgeux. L’Influx avait d'ailleurs consacré un article à cette famille d'instruments.
La harpe celtique possède de 30 à 38 cordes, sa taille et son poids sont variables et sa silhouette est caractérisée par sa colonne généralement arquée, avec ou sans pied. Dans le livre très complet intitulé La harpe aux XXe et XXIe siècles, les autrices précisent à propos de la harpe celtique :
Il est important de noter qu’il existe toutes sortes de harpes celtiques, comme des petites harpes appelées harpes bardiques et construites par des luthiers spécialisés dans la tradition des harpes du Moyen Âge, avec des cordes en métal. Les facteurs de harpe actuels proposent également de petites harpes (22 à 27 cordes) que l’on peut sangler et jouer debout, appelées harpes troubadours.
Et plus loin, on lit ceci :
Sur la harpe celtique («lever harp» en anglais), ce sont des leviers qui permettent d’obtenir les altérations. Il n’y a ni pédale, ni mécanisme reliant le socle à la console.
A propos de la harpe irlandaise, le dictionnaire Bordas de la musique - Science de la musique, précise ceci :
La harpe irlandaise est un instrument médiéval qui a survécu jusqu’à la fin du XVIIIe s. Ses cordes étaient de métal (laiton et acier) et sa caisse de résonance creusée d’un seul bloc dans du bois de saule. […] La harpe reposait sur l’épaule gauche; on en jouait avec les ongles, la main gauche touchant les aigus et la droite les basses.
L’instrument et sa pratique semblent évoluer au fil de l’histoire :
La vieille technique consistant à jouer avec les ongles disparait au XVIIIe s. et les derniers harpeurs jouent avec la pulpe du doigt. […] A partir de la fin du XIXe s. se dessine la renaissance d’un instrument qui ne sera plus celui à cordes de métal mais la harpe à cordes de boyau, d’origine galloise, connue aujourd’hui sous le nom de harpe celtique.
Dans le livre très documenté d'Alan Stivell et Jean-Noël Verdier, Telenn la Harpe Bretonne, de nombreuses pages sont consacrées à l'histoire et à l'évolution des harpes et plus particulièrement des harpes celtiques. Jean-Noël Verdier résume ainsi la notion qui nous intéresse :
[…] jamais les échanges ne cessèrent entre les deux rives de la mer Celtique. Mais au XVIIIe siècle, en même temps que les traditions bardiques disparaissaient, les jalons du renouveau culturel étaient posés et la harpe au centre de tous les courants qu’ils soient régionalistes ou d’un interceltisme naissant. C’est ainsi qu’apparut, pour la première fois, au début du XIXème siècle, l’expression «harpe celtique» pour réunir harpes irlandaise, écossaise, galloise, anciennes et modernes, et bretonne à revenir.
Plus proche de nous, c'est à dire au XXe siècle, c'est effectivement sous l'impulsion du travail mené par Georges Cochevelou, le père d'Alan Stivell (Alan Cochevelou de son vrai nom), que la harpe celtique bretonne connait une véritable renaissance au début des années 50.
Déjà cité Telenn la Harpe Bretonne revient en détails sur la genèse, la concrétisation et le développement de ce renouveau ; et naturellement sur le revival dont Alan Stivell a été l'un des véritables pionniers.
Pour en savoir plus :