Un mur de briques présente-t-il un risque pour la santé ?
Question d'origine :
Bonjour,
Un mur de briques de machefer apparentes à l'intérieur d'une maison de 1920, présentent elles un risques sanitaire pour les occupants de la maison ?
Merci
Cordialement
Réponse du Guichet
Le mâchefer ne serait pas nocif mais les études sur ce matériau et son impact sur la santé sont peu nombreuses et relativement récentes.
Bonjour,
Tout et son contraire sont dits sur les briques en mâchefer et nous aurons bien du mal à juger de la véracité de leurs propos. A ce sujet, Michel Letté dans l’article Savoirs et connaissances savantes sur un déchet protéiforme : les mâchefers (France, XVIe-XXIe siècle) ( Revue d'histoire des sciences, 2021/1 Tome 74) s’interroge et montre qu’aujourd’hui encore, il demeure des zones d’incertitude :
L’autre utilisation courante est la fabrication de matériaux de construction. Broyés et additionnés de chaux, ils sont comprimés en briques, façonnés en carreaux et en divers types de pierres artificielles ou entrent dans la composition de ciments dits de laitiers. Les mâchefers comptent ainsi aujourd’hui parmi les résidus recyclés les plus largement répandus, distribués dans la masse des infrastructures de transport et de la construction depuis des siècles.
(..)
Les mâchefers ont ainsi alimenté, plus récemment, la controverse sur leur devenir en raison de leurs impacts environnementaux et sanitaires. Loin de s’accommoder de leurs débordements et de leurs pollutions, les publics contestent les informations rassurantes que leur communiquent officiels et experts, tout au moins au regard des normes européennes qui seraient, selon ces derniers, devenues suffisamment drastiques [11]. Car les connaissances scientifiques comme les savoirs d’expérience associés à l’usage des mâchefers sont des éléments majeurs de cadrage des contestations. Que sait-on de leur innocuité ou de leur dangerosité ? Produits et utilisés depuis des siècles, les mâchefers sont-ils maintenant suffisamment connus ? L’accumulation de données sur ces matières permet-elle de valider des arguments en faveur de leur emploi ou de leur qualification au titre de déchet ultime et toxique ? En somme, de quelles informations technoscientifiques disposent les contemporains de l’industrialisation, tels ceux d’aujourd’hui, sur les mâchefers ?
À l’instar de ces matières que l’on ne peut plus ignorer tant elles deviennent abondantes, les mâchefers sont ainsi l’objet d’études visant à informer leurs propriétés physico-chimiques, la façon dont ils se comportent dans le temps, tant dans l’espace confiné du laboratoire que dans leurs contextes d’usage. Banals au possible dans le monde concret de leur production artisanale, industrielle ou domestique, ils exigent qu’on leur porte une attention singulière à partir de connaissances fines et quantifiables, quand il s’agit de fixer leurs qualités, de mesurer leurs effets sur l’environnement et la santé, d’affirmer leur innocuité ou leur toxicité, de les caractériser comme matières dangereuses ou inoffensives.
Par ailleurs, le site travauxbricolage.fr insiste sur le fait qu'il importe de distinguer les différents types de mâchefer :
Le mâchefer a mauvaise réputation. Et pourtant, cette mauvaise image ne provient que d’une méconnaissance du matériau.(…)
De quoi est composé le mâchefer ? Le mâchefer est composé des déchets miniers et sidérurgiques. Voilà pourquoi on le retrouve principalement aux alentours des grands points d’exploitation industrielle de minerai. À l’époque où les mines étaient exploitées et que l’industrie sidérurgique produisait beaucoup de déchets, le mâchefer a fait son apparition en permettant le recyclage des déchets de manière utile. Moins onéreux que la pierre ou la terre cuite, il est devenu un constituant du béton permettant de construire des murs et donc des maisons.
(…)
Non, le mâchefer n’est pas dangereux pour la santé. En fait, il ne faut pas confondre mâchefer et mâchefer. Le premier, celui qui nous intéresse est issu comme dit précédemment du recyclage des déchets de l’industrie sidérurgique. Il n’a donc rien de toxique. Le second est un acronyme pour désigner du recyclage également, mais d’ordures ménagères. Celui-ci par contre est toxique et son utilisation est réglementée, mais il ne participe pas à la construction de murs.
Les murs de votre maison sont donc en béton fait à partir de déchets sidérurgiques donc absolument pas nocifs. Le mâchefer est même réputé pour être inerte.
Enfin, l’étude Le mâchefer, matériau du bâti ancien, publiée sur le site Oikos, montre que les études sur la « nocivité » ou l’innocuité de ce matériau sont encore balbutiantes. Néanmoins, d'après celles-ci, les risques seraient infimes :
Le mâchefer dont il est question dans ce document est un matériau issu de résidus de hauts
fourneaux. Il ne faut pas le confondre avec les MIOM (Mâchefers d’incinération d’ordures ménagères), qui comme leur nom l’indique sont des produits de la combustion des déchets ménagers. Ceux-ci sont utilisés aujourd’hui par le secteur des travaux publics « comme sous-couche routière ou pour le comblement de fossés et de remblais » mais sont interdits dans le domaine du bâtiment. Ils ont des propriétés
très différentes du mâchefer de hauts fourneaux dont nous traitons ici.
(…)
A l’heure actuelle, très peu d’études sur le mâchefer ont été réalisées. C’est seulement depuis le
début de l’année 2018 que le Conseil d’Architecture, d’Urbanisme et d’Environnement du Rhône
(CAUE 69) s’intéresse au développement de connaissances sur ce matériau.(...)
En 2017, des étudiants de l’INSA Lyon ont conduit des essais de lixiviation. Cette méthode permet de connaître quelles sont les substances libérées par le mâchefer sous l’action de l’eau. Les résultats ont mis en évidence des composants toxiques (Arsenic, Cadmium, Chrome, Nickel, Plomb, Antimoine, …) mais à des taux qui seraient sans danger pour la santé car inférieurs aux seuils donnés pour le réemploi
dans les sous-couches routières.
Par ailleurs, le site, lamaisonecologique.com indique que la toxicité n'est pas avérée.
Bonne journée