Pouvez-vous m'expliquer 'le subjectivisme' en philosophie s'il vous plaît ?
Question d'origine :
Pouvez-vous m'expliquer 'le subjectivisme' en philosophie s'il vous plaît? (Il me semble avoir entendu la phrase 'il n'y a pas de vérité autre que la subjectivité personnelle...mais je ne comprends pas très bien 'le subjectivisme' en philosophie)
Réponse du Guichet

Nous pourrions résumer - de manière très schématique - le subjectivisme avec le fait que tout tourne autour du sujet ou émane du sujet.
Bonjour,
Pour simplifier à outrance, nous pourrions relier subjectivisme et arbitraire individuel avec l'idée que tout émane du sujet.
Le Centre national de ressources textuelles et lexicales propose cette définition :
Tendance philosophique qui consiste à ramener tout jugement de valeur ou de réalité à des actes ou des états de conscience individuels`` (Lal. 1968).
Dans l'Encyclopédie conceptuelle et thématique de la philosophie, Christian Godin définit tout d’abord la notion de subjectif, de subjectivité puis de subjectivisme. Nous n’en reproduisons que de courts extraits mais nous vous conseillons de parcourir cette encyclopédie :
« subjectif » signifie qui est propre à un moi singulier individuel et personnel. Le répondant du subjectif n’est plus ici l’objectif ou le réel mais le collectif. Chez Kant, par exemple, la maxime est subjective, la loi, objective, le mobile (sensible) est subjectif, le mobile (rationnel) de l’action est objectif.
(…)
On appelle subjectivisme la doctrine ou l’attitude philosophique selon laquelle la réalité ne s’offre à un sujet qu’en tant que produit de sa propre pensée, c’est-à-dire comme une forme de la prise de conscience de ses propres états. Le subjectivisme nie qu’il puisse exister une vérité universelle et nécessaire (…) Le subjectivisme est également la doctrine ou l’attitude morale selon laquelle les valeurs universelles n’existent pas dans le domaine pratique car les jugements moraux ne portent pas sur des faits. Les valeurs dérivent des impressions personnelles comme le bien-être et la souffrance, l’approbation et la désapprobation.
Le Grand dictionnaire de la philosophie (Larousse, 2003) complète cette définition :
Le subjectivisme le plus radical, l’égoïsme de Hobbes, qui soutient que le bien est pour chacun ce qu’il désire, évite pourtant ces conséquences, en affirmant que l’intérêt bien compris de chacun est de se soumettre au droit naturel. Il ne va de même avec des versions plus modérées du subjectivisme, qui restreignent le Bien à un certain type de désirs (ceux qui sont associés au sens moral, chez Hume) ou à ceux qu’on aurait dans certaines circonstances (ceux qui subsistent sur le long terme ; ceux d’un spectateur désintéressé).
Le subjectivisme au sens strict est un non-cognitivisme : il n’y a pas de connaissance morale, seulement des attitudes d’approbation ou de blâme …
Par ailleurs, dans l’article Subjectivités. Psychothérapies (2011/2); Dora Knauer revient sur la notion de subjectivisme :
Le subjectivisme consisterait à tout juger d’un point de vue subjectif et pourrait même déboucher sur un relativisme universel, qui s’opposerait à toute certitude scientifique.
La subjectivité s’apparente donc à tout ce qui concerne l’homme en tant qu’il est sujet, et s’allie à la quête du sens de Soi, à la question du « qui suis-je ? », question qui préoccupe tous les humains et la majorité des philosophes. Le cogito cartésien souligne combien je ne suis assuré que de l’existence de ma conscience, le reste demeurant incertain et Autrui étant bien difficile à connaître, et se poursuit dans la définition de la subjectivité transcendantale au sens de Kant, où la subjectivité se rapporte au sujet lui-même, dépend seulement de soi et de sa propre conscience.
De nos jours, la notion de subjectivité ne se cantonne plus seulement aux représentations et aux fantasmes personnels, mais elle inclut également d’emblée la complexité des rapports avec autrui, des relations humaines vécues, des imagos parentales internalisées, des épisodes de vie traversés, de l’environnement culturel ambiant.