Je recherche des informations sur le Viaduc des Tables Claudiennes
Question d'origine :
Bonjour,
Je suis à la recherche d'informations sur le Viaduc des Tables Claudiennes dans le 1er arrondissement de Lyon. Auriez-vous dans vos fonds anciens n'importe quel type de document relatif à ce viaduc ?
Merci d'avance pour votre retour.
Bien cordialement,
Réponse du Guichet

Le viaduc de la rue des Tables-Claudiennes est une construction bien trop anecdotique pour avoir bénéficié d'une publication. Vous trouverez cependant ci-dessous quelques éléments de réponse sur l'histoire de cette construction. Une histoire qui reste bien entendu à approfondir...
Bonjour,
La construction du viaduc de la rue des Tables-Claudiennes est liée à la modification des circulations sur les pentes de la Croix-Rousse, mais surtout au prolongement de la ligne de tramway sur le parcours allant de la place du Pont dans le quartier de la Guillotière (Lyon 7e), jusqu'à la rue Terme sur les pentes de la Croix-Rousse (Lyon 1er). Exploitée pendant quelques années au début du XXe siècle, cette ligne s'arrêtait en effet sur la partie haute de la rue Terme, au dessus de la place Sathonay et en contrebas du Jardin-des-Plantes.
Au début des années 1910, décision est prise de doter le 1er arrondissement d'une nouvelle ligne de tramway qui est depuis longtemps réclamée par les habitants des quartiers populaires de Saint-Bernard et de Saint-Polycarpe, totalement privés de moyens communications avec le centre-ville. Jusqu'alors, ces derniers n'ont en effet que deux solutions : soit descendre au terminus du tramway (rue Terme) et poursuivre leur chemin à pied, soit emprunter l'un des deux funiculaires jusqu'au plateau et redescendre à pied par les rues étroites - et en pente raide ! - de la Croix-Rousse.
La nouvelle ligne de tramway est envisagée sur un parcours des plus accidentés : déclivités accentuées, courbes nombreuses et brusques, rues étroites et pentues, passerelles, etc. Pour ce qui concerne son tracé, elle doit trouver son point d'origine à l'intersection de la rue du Jardin-des-Plantes et de la montée des Carmélites pour aboutir au cimetière de la Croix-Rousse en suivant les rues Burdeau, de la Cascade (actuelle rue Lucien-Sportisse) et des Tables-Claudiennes en accotement surélevé. Au niveau du Jardin-des-Plantes, il est prévu de faire traverser la ligne sur un pont en béton armé enjambant le tunnel du vieux funiculaire de la rue Terme (1). Le parcours suit ensuite les rues Neyret, Imbert-Colomès, Pouteau et Diderot, traverse la place Colbert, puis prend la rue Bodin et la place Bellevue dans un sens, la rue Mottet-de-Gérando dans l'autre, avant d'emprunter les rues d'Austerlitz, Belfort, Pailleron et Hénon où se trouve le terminus à l'intersection avec la rue Saint-Pothin (actuelle rue Philippe-de-la-Salle).
A cette époque, la traction électrique peut seule permettre la création d'une telle ligne qui comporte de très fortes rampes et des courbes telles qu'il faut en beaucoup d'endroits rescinder des trottoirs déjà très étroits et mutiler le pittoresque Jardins-des-Plantes comme cela avait dû se faire, quelques années auparavant, sur le versant opposé, avec le jardin de la place Croix-Paquet lorsqu'il fallut y faire passer l'autre funiculaire desservant le plateau de la Croix-Rousse (2).
Rue des Tables-Claudiennes, la voie est établie en déviation. Elle s’élève ensuite sur remblai maintenu par un mur de soutènement, laissant un passage de six mètres. Ce n'est pas les seuls travaux importants que comporte la nouvelle ligne. Pour atteindre la rue Neyret, elle doit traverser un immeuble par l'intermédiaire du viaduc que vous évoquez mais dont les travaux de consolidation et de passage sont laissés à la charge de la Compagnie des omnibus et tramways de Lyon (O.-T.-L.) ; la montée Saint-Sébastien était quant à elle franchie par un remblai avec mur de soutènement, un escalier assurant la circulation des piétons.
L'établissement de la nouvelle ligne destinée au transport de voyageurs, ligne 3 du réseau des tramways, est rapidement reconnue d'utilité publique. Le décret portant à sa création est publié dans le Journal officiel en date du 26 novembre 1911 (no. 321, pp. 9389-9390), puis le mois suivant dans le Bulletin municipal de Lyon.
Le 4 janvier 1912, Édouard Herriot, maire de Lyon, inaugure le second tronçon de cette ligne, sans crémaillère ni câble tracteur, qui, depuis l'entrée de la rue de l'Annonciade, serpente à travers le Jardin des Plantes et s'élève à la hauteur de la rue Neyret au moyen d'un viaduc en plan incliné pour continuer de là jusqu'au plateau. La pente atteint alors une inclinaison de 9% à la montée et de 11% à la descente. Le 1er février, la Compagnie O.-T.-L. procède aux essais définitifs de résistance du viaduc en ciment armé. Pour ces essais de roulement, 14 voitures de la Compagnie présentant chacune un chargement de 15 tonnes, traversent le viaduc de 61 mètres de long. Ce dernier repose sur des piliers distant de 6 m. 20 d'axe en axe et les fondations sont de 5 mètres au-dessous du sol. La résistance totale est alors estimée à 300 tonnes. La nouvelle ligne est mise en exploitation par étapes : jusqu'à la rue Neyret à partir du 3 février 1912, puis jusqu'à la place Colbert treize jours plus tard. La date du 27 juillet 1912 reste enfin inscrite dans la petite histoire de la Croix-Rousse comme le jour où, pour la première fois, un tramway arriva place Commandant-Arnaud...
(1) Le tube du tunnel a été transformé en tunnel routier en 1968 suite à l'abandon du funiculaire. Il est toujours utilisé de nos jours et permet de rejoindre en voiture - et en ligne directe - la rue Terme à la place de la Croix-Rousse.
(2) Le tunnel de ce second funiculaire est aujourd'hui utilisé sur le parcours de la ligne C du métro.
Bonne journée,