Quelles sont les causes biologiques du vieillissement ?
Question d'origine :
Bonjour, Je souhaiterais comprendre quelles sont les causes du vieillissement, car cela demeure un véritable mystère pour moi. Je vous remercie beaucoup pour votre aide.
Réponse du Guichet

Voici une succession de ressources, en ligne ou empruntables dans nos collections, qui traitent du vieillissement biologique et de sa traduction concrète au niveau cellulaire. Si les mécanismes sont complexes et nombreux, nous avons tâché de réunir des vidéos de vulgarisation, des textes plus généraux et des articles/ouvrages scientifiques sur la question.
Bonjour,
Sur le site de l'OMS (Vieillissement et santé), le vieillissement est définit comme l'usage du temps sur un organisme biologique, il est appréhendé comme un processus dégénératif : "Du point de vue biologique, le vieillissement est le produit de l’accumulation d’un vaste éventail de dommages moléculaires et cellulaires au fil du temps. Celle-ci entraîne une dégradation progressive des capacités physiques et mentales, une majoration du risque de maladie et, enfin, le décès".
L'article apporte des éléments complémentaires sur les facteurs influents sur un vieillissement ou non en bonne santé, notamment les facteurs physique et sociaux auxquels nous sommes soumis.
Pour une explication plus technique, au niveau cellulaire, du processus de vieillissement, nous vous suggérons la lecture de cet article : "Peut-on soigner le vieillissement ?" de Jean-Pierre Henry (revue Futuribles, numéro 450, 2022) (lisible sur Cairn, depuis n’importe quel poste à la BmL) dont voici un extrait :
Ce sont nos cellules qui vieillissent, ou plutôt certaines de nos cellules. La liste des défauts dont elles peuvent être atteintes a été établie ; le plus spécifique est l’état de sénescence, décrit par Leonard Hayflick et Paul Moorhead. Ces auteurs ont montré que des cellules humaines, des fibroblastes, mises en culture dans des conditions optimales ne se divisent pas indéfiniment. Après un certain nombre de divisions, elles passent dans un état nouveau, l’état de sénescence, défini par l’impossibilité de continuer le cycle cellulaire et par des changements de morphologie et de physiologie (graphique 1). Les causes et les conséquences de cette transition sont maintenant bien étudiées. Les divisions cellulaires (mitoses) produisent mécaniquement un raccourcissement de l’extrémité des chromosomes (télomères) que compense une enzyme, la télomérase. Toutefois, cette enzyme n’est pas présente dans toutes les cellules et en son absence, après un certain nombre de divisions, le raccourcissement, qui apparaît comme un compteur du nombre de divisions que peut effectuer une cellule, produit un stress qui déclenche le passage à l’état de sénescence.
Une explication davantage vulgarisée, grâce aux éditions Pour les nuls, (La génétique, Patrick Bourgeois et Tara Rodden Robinson, 2021) pourrait vous aider à mieux vous saisir de ce processus de sénescence encore largement inexpliqué. Des pistes pour ralentir le vieillissement des cellules sont aussi évoquées :
On sait que les télomères, extrémités de nos chromosomes, raccourcissent avec l'âge, mais ce n'est qu'une des causes du vieillissement cellulaire. Lorsque les télomères deviennent trop courts, les cellules meurent, c'est la sénescence réplicative. L'enzyme qui peut empêcher les télomères d'être grignotés petit à petit, la télomérase semble être une piste intéressante. Les cellules qui contiennent de la télomérase active sont réputées "immortelles" à cause de l'absence de ce raccourcissement des télomères.
Les cellules cancéreuses, par exemple, ont souvent une télomérase très active et c'est ce qui leur donner cette longévité indésirable. Le jour où les généticiens parviendront à maîtriser la télomérase, à l'activer lorsqu'elle est nécessaire, sans provoquer un cancer, il deviendra possible de contrôler un des mécanismes du vieillissement à l'échelle des cellules.
L'autre mécanisme de sénescence est l'usure progressive du fonctionnement cellulaire, avec des enzymes qui fonctionnement de moins en moins bien, l'ADN qui accumule des mutations mal réparées, comme l'usure d'une voiture, qu'on a beau entretenir mais qui rouille et se dégrade. Plusieurs molécules ont été découvertes ces dernières années dont les effets semblent ralentir la sénescence métabolique : resvératrol du raisin rouge, curcumine de l'épice curcuma, antioxydants comme les flavonoïdes et la vitamine c...
Par ailleurs, les chercheurs ont observé que les cellules anciennes reprennent de la vigueur en présence de cellules plus jeunes, ce qui indique que les cellules sont capables de se régénérer : il leur faut simplement un signal stimulant.
Un régime pauvre en calories contribue également à limiter les effets de l'âge. Des chercheurs ont constaté que chez des souris soumis à un régime hypocalorique, un gène intervient pour ralentir la mort cellulaire programmée, allongeant leur durée de vie.
Le spécialiste franco-croate en biologie moléculaire Mirsolav Radman explique dans cette petite vidéo l'une des principales raisons pour lesquelles nos cellules vieillissent, à savoir l'oxydation à laquelle nous sommes soumis pour produire de l'énergie. La libération de l'énergie entrainerait une corrosion des cellules. Les dégâts oxydatifs augmenteraient de façon exponentielle avec l'âge, et ne toucheraient pas tous les individus de la même manière. Il évoque même deux mesure distinctes : l'âge chronologique et l'âge biologique.
Un entretien de plus longue durée sur ces thématiques organisé par le journal Le Point lors de l'événement Futurapolis Planète est visionnable sur YouTube : Longévité : les dernières découvertes du célèbre chercheur Miroslav Radman - Futurapolis Santé 2023.
Mais d'autres facteurs entreraient en jeu et impacteraient le vieillissement anticipé de nos organismes. Le Dr David A. Sinclair (professeur à la Harvard Medical School) avance dans son livre Pourquoi nous vieillissons (Quanto, 2022) que nos habitudes de consommation alimentaire seraient déterminantes dans le déroulement de notre processus de vieillissement. L'auteur cite de nombreuses études conduites sur des animaux et insectes mais prend aussi exemple sur la vie et les régimes documentés de plusieurs individus à différentes époques et conclut : la restriction alimentaire augmenterait la longévité et la qualité de vie. Il ne parle ni de malnutrition et encore moins de faim mais de maintenir son organisme en état de manque plus souvent qu'il n'est d'usage dans les sociétés d'ultra consommation.Il faudrait manger juste assez pour assurer un fonctionnement sain de l'organisme, comme nous le suggérait déjà plus haut les auteurs du livre sur la Génétique en parlant des souris. Voilà comment il l'explique (p. 124) :
Au fond, c'est parfaitement logique. Cela actionne le circuit de survie et commande aux gènes de longévité de faire ce qu'ils font depuis les temps primordiaux : renforcer les défenses cellulaires, maintenir les organismes en vie dans l'adversité, faire face aux maladies et à la détérioration, limiter les variations épigénétiques au maximum et ralentir le vieillissement.
Nous vous recommandons enfin le visionnage de cette courte vidéo de Futura Sciences qui interroge la chercheuse en biologie Vera Gorbunova. Dans le prolongement de ses explications, nous vous suggérons la lecture de cet article publié dans Medecine/Sciences en 2020, fruit d'une collaboration entre plusieurs laboratoires de recherche de renom français : Le vieillissement : Une histoire de dommages de l’ADN, d’enveloppe nucléaire altérée et d’inflammation ?
Bonnes lectures,