Quel auteur fait référence à l’éventualité d’une page de livre fine ?
Question d'origine :
Bonjour
Quel auteur fait référence à l’éventualité d’une page de livre si fine, qu’elle ne serait constituée que d’une face, ce qui est matériellement impossible? J'ai d'abord pensé à Borges mais ce n'est pas exactement ça..
merci
Réponse du Guichet

Jorge Luis Borges développe une parabole similaire dans le Livre de sable où il évoque un livre aux pages infinies.
Bonjour,
Malheureusement, nous n'avons pas réussi à trouver l'auteur dont vous évoquer un passage.
Toutefois, cela ressemble en effet au style de Jorge Luis Borges. On retrouve dans le Livre de sable (1975) une parabole similaire puisqu'il parle d'un livre aux pages infinies, dont la finesse semble s'amalgamer en un tout inquantifiable qui défie les lois de la physique.
Je m'efforçai en vain: il restait toujours des feuilles entre la couverture et mon pouce. Elles semblaient sourdre du livre. [...] Cela n'est pas possible et pourtant cela est. Le nombre de pages de ce livre est exactement infini. Aucune n'est la première, aucune n'est la dernière.
En privilégiant le ludique et le sensible, Borges redéfinit la visée cognitive de la littérature. Il s’agit de saisir le monde non plus par l’argument et la composition rationnels, mais par la combinaison des jeux mentaux et des expériences sensorielles. La littérature devient un exercice du possible. Cette exploration du réel et de l'incertain que développe Borges dans son écriture se retrouve chez d'autres auteurs, notamment latino-américains, qui pourraient avoir écrit le passage que vous cherchez.
Gabriel García Márquez, Julio Cortázar, Adolfo Bioy Casarez, Frederico GarcíaLorca, Alejo Carpentier sont des écrivains latino-américains dont les styles sont proches de celui de Borges. Ils déploient dans leurs écrits un imaginaire fertile dans la lignée du réalisme magique que l'on trouve chez Borges.
On peut aussi penser à Haruki Murakami ou à Salman Rushdie qui jouent aussi avec la frontière entre réalité et imaginaire.
Sinon, cette métaphore autour du papier peut aussi faire penser au livre de Ken Liu, La ménagerie de papier, 2011. Plusieurs passages de ce livre décrivent une utilisation du papier qui est impossible dans la réalité.
Elle plaque la feuille sur la table, face vierge exposée, et la plie. Intrigué, j’arrête de pleurer pour l’observer.
Ma mère retourne le papier et le plie de nouveau, avant de le border, de le plisser, de le rouler et de le tordre jusqu’à ce qu’il disparaisse entre ses mains en coupe. Puis elle porte ce petit paquet à sa bouche et y souffle comme dans un ballon. [...] Elle pose les mains sur la table, puis elle les écarte.
Un tigre se dresse là, gros comme deux poings réunis. Son pelage arbore le motif du papier, sucres d’orge rouges et sapins de Noël sur fond blanc.
Pour finir, il est bien impossible d'avoir une page constituée d'une seule face. Toutefois, le papier de soie, à la texture fine et soyeuse, peut suggérer cette image car il est légèrement translucide et est utilisé dans certains ouvrages pour protéger les illustrations.
J'espère que ces quelques pistes pourront vous aider dans votre recherche.