Existe-t-il des documents sur les symboles alchimiques de l'Hôtel Lallemant de Bourges ?
Question d'origine :
Alchimie et Hôtel Lallemant de Bourges
Le musée étant actuellement fermé, y-a-t-il des documents (photos et livres) disponibles sur les symboles alchimiques que l'on peut voir dans l'Hôtel Lallemant .
Merci ! (merci également pour votre réponse de septembre sur Borges)
Bluduck2
Réponse du Guichet

Les décorations font référence à des enluminures portant sur le thème de l'amour et de la souffrance.
Bonjour,
Vous devez vraisemblablement faire référence au plafond à caissons qui a notamment émerveillé Prosper Mérimée. Les bas-reliefs ont fait l'objet de diverses interprétations et les premiers historiens du XXe siècle se tournaient effectivement vers des interprétations alchimiques. Depuis, ces thèses ont été contestées. Dans l'ouvrage L'hôtel Renaissance des Lallemant dévoilé par leurs manuscrits enluminés , Frédéric Saillant cite les diverses études ayant abordé les décorations sous l'angle de l'alchimie mais interroge ces interprétations ; il met en rapport ces figurations avec les manuscrits enluminés. il poursuit en énonçant le fait que les décors sont inspirés des enluminures commandées par la famille selon une lecture centrée sur l'amour et ses chagrins. Il mentionne ainsi :
nous pensons avoir montré qu’une quinzaine de caissons, soit la moitié, avaient été copiés sur le décor des manuscrits connus. Il n 'y a donc nul besoin d'avoir recours à la doctrine hermétique de l'alchimie pour expliquer ce décor sculpté, mais plutôt se référer au goût de la famille Lallemant pour les beaux manuscrits à peintures
(...)
Sur le palier devant le cabinet, les culots figurent probablement les quatre frères Lallemant. d'eux d'entre eux tiennent un livre ouvert, un indice quant à la destination du cabinet. Cette pièce était une sorte de studiolo probablement destiné à conserver la précieuse bibliothèque dont nous avons étudié quelques-uns des manuscrits à peintures qui ont inspiré le décor : le calendrier des Heures et le Roman de la Rose ayant appartenu à Jean l'Aîné, les Heroïdes et les Heures d'Etienne, et enfin Le Boèce Lallemant.
(...)
A côté de la fenêtre éclairant le cabinet-bibliothèque, on peut aussi admirer un caisson orné d'une rosace, une rose épanouie. On peut penser à un des livres préférés des Lallemant, le Roman de la Rose, dont ils possédaient deux enluminures.
(...)
Tout commence près de la fenêtre, sur la première série de bas-reliefs avec ce caisson orné de la rose épanouie qui symbolise la quête de la jeune fille aimée dans le Roman de la Rose
(...)
Les six caissons suivants font apparaître un autre symbole de l'amour, la coupe enflammée du rébus du Songe de Poliphile.
(...)
La couple enflammée et renversée confirme l'échec amoureux. Les sculptures suivantes sont déchiffrables grâce à al devise "Tu feris das salus" représentée par le scorpion qui pique, qui mord, et la coquille de Vénus qui sauve, ce qu'Alciar traduira un peu plus tard dans ses Emblème par la maxime "Douceur porte bien amertume", l'amour distillant le bonheur et la souffrance. C'est ce que représente les châtaignes, al douceur dedans et le piquant dehors ; la morsure du serpent et l'antidote dans la lecture de l'Evangile ; l'étui à calames ou gallemard, avec ses plumes duveteuses en haut et ses points taillées pour l'écriture en bas.
Nous nous arrêterons là dans ces brèves citations et ne pouvons que vous suggérer la lecture de cet ouvrage -comprenant de nombreuses photographies - pour comprendre l'ensemble du décor et valider ou non cette analyse qui nous semble pertinente.
Par ailleurs, si vous souhaitez confronter cette lecture avec les thèses précédentes, il vous faudra parcourir certains ouvrages :
Fucanelli, Le Mystère des cathédrales et l'interprétation ésotérique des symboles hermétiques du grand oeuvre (1ère édition 1957).
Guy de Tervarent, De la méthode iconologique,1961.
Vous trouverez d'autres références bibliographiques sur hermetism.free.fr.
Frédéric Saillant mentionne aussi un "manuscrit de 1997 signé du chevalier Rose-Croix P.G." qui "tente une interprétation en la rattachant à la doctrine maçonnique".
Bonnes lectures.