Je cherche des récits sur la vie et le travail en usine
Question d'origine :
Bonjour,
Je cherche des récits d'usine, dans la veine de l'établi de Linhart ou d'A la ligne de Ponthus. En avez-vous à me conseiller ?
Merci !
Réponse du Guichet
Nous vous joignons une liste de romans et de livres témoignage publiés aux XXème et XXème siècles sur le quotidien du travail en usine, ses joies et ses souffrances, l'aliénation, les luttes sociales ou encore la camaraderie.
Bonjour,
Nous vous proposons une sélection de romans, témoignages biographiques ou semi-autobiographiques publiés aux XXème et XXIème siècles mettant en récit le quotidien des ouvriers dans les usines, l'aliénation par le monde du travail, le syndicalisme, les grèves et les occupations de sites. En espérant que ceux-ci s'articulent et résonnent avec vos précédentes lectures de Linhart et Ponthus :
- Nous voulons tout de Nanni Balestrini (Le Seuil, 1973) : "Du printemps à l’automne 1969, partant de la célèbre usine turinoise Fiat, la révolte ouvrière enflamme l’Italie et lance son cri de guerre contre la classe bourgeoise : nous voulons tout. C’est « l’automne chaud », moment fort de la longue vague révolutionnaire qui va secouer la péninsule au cours des années soixante-dix. Au centre des luttes trône la figure de l’ouvrier-masse, emblème de la rage, de la spontanéité et de l’autonomie ouvrière, qui affirme le refus du travail et la destruction violente du système d’exploitation capitaliste. Par une narration sans répit, en prise directe avec la réalité des révoltes et la voix de ses protagonistes, Nanni Balestrini plonge au cœur de l’émergence linguistique et politique de ce nouveau sujet révolutionnaire, il fait entendre dans la chair même du texte le passage de la rébellion instinctive et individuelle du protagoniste à la dimension collective de la lutte. Expérimentation littéraire, ancrage historique et puissance de l’oralité font de ce roman l’un des témoignages les plus audacieux et vivants de la longue saison des révoltes" (résumé Babelio extrait de la réédition 2012 du livre aux éditions Entremonde)
- Sortie d'usine de François Bon (Éditions de minuit, 1982) : "C'est d'abord un livre, Sortie d'usine, qui, en 1982, "s'impose comme un coup de force" selon le mot de Pierre Bergounioux. Le roman faisait en quatre semaines le tour d'une aliénation vécue de l'intérieur, évoquant le plus terrible - accident, mutilation, aliénation au travail – et surtout le plus profond des existences ouvrières : mort à soi-même, enfermement dans une vie parallèle qui ne croise jamais le chemin de son destin. François Bon dressait ainsi, dans une langue rare, heurtée, l'inventaire des abandons et des oublis, au premier rang desquels celui de vivre. Il affichait la mécanisation de l'homme amputé de ses sensations, rendu sourd, indifférent au monde par l'agression trop forte d'un univers réglé, minuté, totalitaire." (résumé du site Sens Critique).
L'excès-l'usine de Leslie Kaplan. Suivi de Usine et d'un entretien avec Marguerite Duras (Pol, 2020, édition originale 1982) : "L'écriture poétique de Leslie Kaplan fait état de l'usine et des conditions de travail des ouvriers d'un point de vue féminin, qui laisse sa place à l'impersonnalité écrasante de cet univers. Contient aussi le texte de Maurice Blanchot paru dans Libération en février 1987"
- Je vous écris de l'usine de Jean-Pierre Levaray (Libertalia, 2016) : "Pendant dix ans (2005-2015), Jean-Pierre Levaray a animé la chronique "Je vous écris de l’usine" dans le mensuel CQFD. Il a raconté les heurs et malheurs de la classe ouvrière, les copains décédés, l’amiante, les accidents du travail et le procès AZF. Les luttes et les espoirs, les joies et les peines, les travers et la résignation, parfois. Ce recueil reprend l’intégralité de ses chroniques. Ode à l’écriture prolétarienne, à ceux qui vivent, à ceux qui luttent" (Source : éditeur).
- Elise, ou la vraie vie de Claire Etcherelli (Les lettres nouvelles, 1967) : "L'histoire se passe en France pendant la décennie de la guerre d'Algérie : Élise, jeune Bordelaise rêvant de « vraie vie », monte à Paris, trouve un travail dans une usine et y rencontre Arezki, un Algérien, dont elle s'éprend. Publié à une époque où monte la contestation, le roman a été remarqué par la justesse de sa description socioculturelle, notamment du monde ouvrier et des relations entre Français de métropole et d'Algérie. Situé pendant la guerre d'Algérie, il évoque leurs relations en France pendant une guerre non admise comme telle (les journaux, la radio, la télévision parlaient des « événements » d'Algérie), les tensions, la peur du FLN, les rafles. En combinant vie quotidienne et histoire d'amour, Claire Etcherelli révèle le climat de xénophobie dans la France de cette époque, visible dans tous les milieux. Le récit est en partie autobiographique, son autrice ayant été ouvrière." (résumé Wikipedia)
- Des châteaux qui brûlent de Arno Bertina (Verticales, 2017) : "« De la masse qu'on formait autour de lui, "avec lui" pour ainsi dire, une main aurait pu s'extraire sans que personne, ensuite, ne soit en mesure de dire qui était au bout, quel bras et quel visage, et elle l'aurait frappé, lui, et ç'aurait été le déclencheur d'autres coups de poing, la curée, le truc pour se vider sur une victime, le bouc émissaire – que nos blessures et nos misères elles changent de camp.» Des châteaux qui brûlent raconte la séquestration d'un secrétaire d'État par les salariés d'un abattoir placé en liquidation judiciaire. Arno Bertina y fait résonner la parole singulière de toutes les forces en présence – comment elles s'affrontent et libèrent des puissances insoupçonnées. Dans le huis clos de l'usine occupée, chacun se découvre du souffle. Ce roman dit les heurts et bonheurs d'une insurrection aujourd'hui." (résumé Babelio)
- Les nuits d'été de Thomas Flahaut (Éditions de l'Olivier, 2020) : "Thomas, Mehdi et Louise se connaissent depuis l’enfance.
À cette époque, Les Verrières étaient un terrain de jeux inépuisable. Aujourd’hui, ils ont grandi, leur quartier s’est délabré et, le temps d’un été, l’usine devient le centre de leurs vies. L’usine, où leurs pères ont trimé pendant tant d’années et où Thomas et Mehdi viennent d’être engagés. L’usine, au centre de la thèse que Louise prépare sur les ouvriers frontaliers, entre France et Suisse.Ces enfants des classes populaires aspiraient à une vie meilleure. Ils se retrouvent dans un monde aseptisé plus violent encore que celui de leurs parents. Là, il n’y a plus d’ouvriers, mais des opérateurs, et les machines brillent d’une étrange beauté.Grande fresque sur la puissance et la fragilité de l’héritage social, Thomas Flahaut écrit le roman d’une génération, avec ses rêves, ses espoirs, ses désillusions." (résumé Babelio)
- Tuta Blu (bleu de travail) de Tommaso Di Ciaula (Actes sud, 1982) : "Ce livre n'est pas une étude, une enquête, ni l'exposé d'un intellectuel sur la réalité ouvrière. C'est un témoignage, celui de Tommaso Di Ciaula. Ouvrier lui-même, petit-fils de paysans, il vit et travaille près de Bari (Italie du Sud - mais là ou ici, n'est-ce pas la même histoire ?), enfile tous les jours son bleu, fait ses huit heures, écrit le soir après l'usine, de toutes ses forces, avec la volonté de " donner la parole à des siècles de silence de la classe ouvrière ". Dans " Tuta blu ", Di Ciaula nous livre avec une franchise extraordinaire le quotidien de sa vie : la crasse de l'usine, les gestes du travail, ses rêves, un dimanche qui n'en finit pas, l'abrutissement, un " casse-couilles " de contremaître, l'ennui et la fatigue surtout - les ecchymoses, les plaies, les accidents du travail. Ce que son bleu résume, il le voit du côté du Sud. Un Sud campagnard déjà recroquevillé et meurtri, soumis aux lacérations industrielles, mais qui subsiste en lui, revit et l'assaille de souvenirs, d'une foule de sensations violentes et intimes. " Tuta blu " est un livre " sudiste " et subversif, poétique et politique, violent et tendre, terriblement vrai." (résumé Babelio)
- Dans une démarche proche de celle de Linhart : Le quai de Ouistreham de Florence Aubenas (Editions de l'Olivier, 2010) : "Pour mieux appréhender la réalité du travail, F. Aubenas quitte un temps son poste de reporter au Nouvel observateur pour adopter les conditions de vie de Français sans ressources. Employée comme femme de ménage, cumulant les contrats précaires, elle découvre un univers où le travail et la solidarité sont rares. Prix Joseph Kessel, prix Livre et droits de l'homme 2010, Globe de cristal 2011"
- Comme un chat - Souvenirs turbulents d’un anarchiste, faussaire à ses heures, vers la fin du vingtième siècle de Floréal Cuadrado (Éditions du sandre, 2015) : "Fils aîné d’une famille de militants libertaires espagnols convaincus et déterminés, piliers de la CNT, Foréal Cuadrado raconte dans ce livre de mémoires ce que peu de militants, étrangement, ont raconté : son enfance, son éducation au quotidien dans les quartiers de Béziers, ses premières amours et cette volonté chevillée au corps de devenir un « bon petit Français » ordinaire, bien intégré, loin d’un encombrant héritage politique. Sa vie d’ouvrier chez Fouga, la grosse entreprise de la région, et la rencontre de vieux militants syndicaux vont très tôt faire de lui un opposant farouche aux hiérarchies bureaucratiques, mais il se sentira dans un premier temps très peu en phase avec la révolte étudiante de 1968. Les chemins de l’autonomie individuelle sont bien souvent tortueux et inattendus : c’est grâce à sa famille qu’il rencontre un certain Nerslau, un ingénieur chimiste selon lequel les anarchistes doivent se préparer de toute urgence à répondre à la répression brutale à venir. Le voilà sur les sentiers étranges, souvent tragi-comiques, d’un anarchisme prônant l’action pour l’action, échafaudant de façon un peu saugrenue un réseau d’activistes se préparant à en découdre violemment avec l’« État policier » et ses multiples sicaires." (résumé éditeur)
Bonnes découvertes,