Question d'origine :
Bonjour,
J'aurai voulu avoir des renseignements vis à vis de divinités grecques.
Qu'elles sont les "soeurs lites" de la déesse Até ? (Voir ci-dessous)
Je ne trouve rien sur celles-ci ?
Dans la mythologie grecque, Até est la déesse incarnant la Faute, l'Égarement ainsi que la Folie. Selon Homère, elle est la fille aînée de Zeus et est suivie par ses sœurs les Lites, tandis qu'Hésiode en fait la fille d'Éris, déesse de la Discorde, engendrée au commencement du monde.
D'avance merci,
Cordialement,
FD
Réponse du Guichet

Les Lites sont peu présentes dans la mythologie grecque, et leur nom est généralement traduit en français par "Prières", rendant l'allégorie transparente.
En effet, les "sœurs boiteuses" représente les prières que les hommes consacrent aux dieux pour tenter de réparer les fautes qu'ils ont commises au cours d'instants d'égarement. Si l'égarement a le pied léger et saute sur la tête des hommes, les prières n'arrivent qu'avec retard, une fois celui-ci dissipé. Mais si elles peuvent racheter les mauvaises actions, refuser celles-ci une fois lorsque leur temps est venu entraînerait une punition divine.
Bonjour,
Les sources sont peu disertes sur les lites, qui apparaissent d’après nos recherches uniquement dans le livre 9 de l’Iliade. Si cette traduction de leur nom, qui apparaît dans plusieurs articles de l’encyclopédie Wikipédia (par exemple l’article consacré à Até, d’où semble provenir votre citation, ou dans cette liste de divinités grecques) est proche phonétiquement de leur nom en Grec ancien (Λιταί / Litaí), cette traduction semble avoir été peu usitée par les traducteurs français de L’Iliade.
Nous avons consulté les traductions françaises de Paul Mazon et de Philippe Brunet. Ils traduisent tous deux Λιταί par «Prières», suivant en cela le poète parnassien Lecomte de Lisle, dont la traduction de 1866 est disponible en ligne.
Ce choix permet de rendre compte de la signification de ces allégories, qui figurent en effet les prières, capables de réparer les fautes commises sous l’influence d’Até (dont le nom est traduit par «Erreur» par Paul Mazon, et par «Égareuse» par Philippe Brunel). Boiteuses, elles n’arrivent que longtemps après Até, et si elles ont le pouvoir de guérir les maux causés par leur sœur, elles peuvent également faire châtier ceux qui les repoussent.
Voici le passage de cette traduction dans lequel les lites apparaissent, au vers 502 du chant 9, dans la traduction de Lecomte de Lisle (ici à la page 164):
Ô Akhilleus, apaise ta grande âme, car il ne te convient pas d’avoir un cœur sans pitié. Les Dieux eux-mêmes sont exorables, bien qu’ils n’aient point d’égaux en vertu, en honneurs et en puissance; et les hommes les fléchissent cependant par les prières, par les vœux, par les libations et par l’odeur des sacrifices, quand ils les ont offensés en leur désobéissant. Les Prières, filles du grand Zeus, boiteuses, ridées et louches, suivent à grand’peine Atè. Et celle-ci, douée de force et de rapidité, les précède de très-loin et court sur la face de la terre en maltraitant les hommes. Et les Prières la suivent, en guérissant les maux qu’elle a faits, secourant et exauçant celui qui les vénère, elles qui sont filles de Zeus. Mais elles supplient Zeus Kroniôn de faire poursuivre et châtier par Atè celui qui les repousse et les renie. C’est pourquoi, ô Akhilleus, rends aux filles de Zeus l’honneur qui fléchit l’âme des plus braves.
Il n’y a toutefois pas consensus sur le statut de divinité à proprement parler D'Até. Certains la considèrent plutôt comme une simple personnification du concept grec d’atē, qui pourrait prendre trois significations d’après le Cambridge Greek Lexicon :(1) un état de « délire, d'engouement (infligé à l'esprit d'une personne par un dieu, en particulier Zeus) », un « comportement imprudent... l’imprudence, la folie » [résultant de ce délire], ou (3) la « ruine, calamité, préjudice » [causée par ce comportement].
En effet, si le concept d’atē est très présent dans l’Iliade, sa personnification n’apparaît qu’à deux endroits dans l’œuvre. D’abord dans l’extrait déjà cité du chant IX, lorsque Phénix tente de convaincre Achille de reprendre le combat aux côtés des grecs, puis dans le chant XIX, lorsque Agamemnon tente de s’excuser d’avoir pris Briseïs à Achille. Il rejette alors la faute sur Até, et raconte les origines divines de celle-ci et son renvoi de l’Olympe après qu’elle ait trompé Zeus lui-même. (Vers 90 à 133, pages 356 et 357 de la traduction de Lecomte de Lisle)
Si vous êtes anglophone, la page consacrée à Até de l’encyclopédie Wikipédia en anglais est très complète et vous permettra de saisir les tenants et aboutissants de ce débat. Dans le cas contraire, vous pouvez utiliser la fonction de traduction intégrée des navigateurs comme Chrome ou Firefox pour obtenir une traduction en français de la page.
Nous vous souhaitons bonnes lectures,
Le département civilisation