Quels sont les effets du changement de saison hiver/printemps sur le corps et la psyché ?

Bonjour,

Jean Boissin et Bernard Canguilhem, auteurs de l'ouvrage intitulé Les rythmes du vivant : origine et contrôle des rythmes biologiques expliquent que les observations sur les rythmes circannuels des êtres humains sont difficiles à observer.

Il existe, chez l'animal, des rythmes qualifiés de circannuels, c'est-à-dire des rythmes qui persistent avec une période égale à un an environ quand les organismes vivent à l'abri de toutes les variations périodiques de l'environnement (cf chapitre 3) mais, chez l'Homme, aucune expérience destinée à rechercher ces rythmes biologiques endogènes de basses fréquences n'a jamais été entreprise. Il serait effectivement difficile sur un plan éthique d'admettre que des humains vivent en isolement temporel complet pendant plus d'un an pour la seule étude de l'endogénie des variations physiologiques circannuelles.

Parler de rythmes circannuels dans l'espèce humaine constitue donc un abus de langage. En revanche, il est possible de parler de rythmes saisonniers mais il y a lieu aussi de noter que nous ne disposons que de peu d'informations sur cette classe de rythmes chez l'Homme vivant dans son environnement habituel. En plus, d'une part, les études effectuées dans ce domaine ne concernent qu'un petit nombre de sujets, d'autre part, les mesures ou les prélèvements ne sont presque jamais effectués à des intervalles rapprochés, mais le plus souvent seulement quatre fois par an, au voisinage des solstices et des équinoxes. Les paramètres biologiques étudiés sont aussi en nombre réduit. On trouvera dans le livre de A. Reinberg et M. H. Smolensky (1983) et dans un ouvrage collectif édité par Y. Touitou et E. Haus (1992) un certain nombre d'éléments sur l'existence d'une saisonnalité chez l'Homme. Elle concerne aussi bien les concentrations plasmatiques en hormones que la prise alimentaire et calorique, la fréquence de certaines pathologies comme l'asthme, les maladies cardiovasculaires ou sexuellement transmissibles. Il est cependant significatif de noter que, dans ces ouvrages, il n'existe aucun chapitre spécial consacré à la saisonnalité. Cette constatation reflète assez bien les limites de nos connaissances.

Si cet ouvrage date de 1998, les études ne semblent pas s'être focalisées davantage sur cette thématique de l'influence de la saisonnalité sur la santé depuis lors.

Des recherches dans les bases EM Consulte et Sciencedirect, ainsi que dans Google Scholar, ne nous ont pas fait remonter beaucoup d'études portant sur l'influence du printemps et de l'été sur notre corps et notre psyché.

Voici toutefois quelques références qui pourront vous intéresser. Elles portent principalement sur les troubles psychologiques liés aux saisons, la psychiatrie représentant l'un des domaines où il existe une véritable chronopathologie :

Effet des saisons sur la sémiologie des troubles bipolaires / Baptiste Pignon, Pierre-Alexis Geoffroy, 2015

Les troubles affectifs saisonniers / Damien Malbos, 2020

Les rythmes annuels endocriniens chez l'Homme / Y. Touitou, A. Bogdan, A. Reinberg, E. Haus, 2001

Seasonality in affective disorders / Anna Wirz-Justice, 2018

Le trouble affectif saisonnier / L. Chneiweis, 2014

Dépressions saisonnières / Patrick Lemoine, 1995

Dépression saisonnière / C. Even, 2006

Luminothérapie et épisodes dépressifs saisonniers du trouble bipolaire / P.A. Geoffroy, T. Fovet, J.-A. Micoulaud-Franchi, C. Boudebesse, P. Thomas f, B. Etain, A. Amad, 2015

Nous n'avons malheureusement pas pu consulter ces documents qui auraient peut-être pu nous apporter un éclairage nouveau sur l'étude de l'influence des saisons sur la santé. N'hésitez pas à les consulter si vous en avez l'opportunité :

- Le grand livre de la chronobiologie / Marie Borrel, 2016

- Les rythmes du vivant : comprendre les cycles qui régissent la nature / Helen Pilcher, 2024

- Sommeil, rythmes et psychiatrie / Association CPNLF, Congrès de psychiatrie et de neurologie de langue française, 2016

Bonne journée