Je cherche des ouvrages sur l'éthique dans l'accompagnement socio-éducatif
Question d'origine :
Bonjour,
Je travaille actuellement sur la thématique suivante : "éthique et accompagnement socio-éducatif". je recherche donc des ouvrages ayant trait à cela et plus particulièrement en protection de l'enfance.
Réponse du Guichet

De nombreuses études, dont nous vous présentons ici une sélection non exhaustive, questionnent l'éthique de l'accompagnement socio-éducatif et tentent d'apporter des réponses : comment différencier l'éthique de la morale et la déontologie ? Comment concevoir la dimension relationnelle interpersonnelle d'un point de vie éthique ? Les injonctions à l'autonomie des sujets induites par les dispositifs publiques collent-elles aux réalités psychosociologiques et institutionnelles en place ?
Vous trouverez aussi des ressources provenant d'organismes comme Le Centre National Ressources Déontologie Éthique pour les pratiques sociales (CNRDE), La Commission éthique et déontologie du travail social (CEDTS) ou encore le Site du Ministère des Solidarités concernant le cadre juridique, administratif et déontologique de la Protection de l'enfance.
Une sélection de références, concernant plus spécifiquement l'éthique de l'accompagnement dans le champ de la protection de l'enfance, vous sera ensuite proposée et abordera entre autre le rapport à la contrainte et au consentement, la question de l'inclusion, les enjeux éthiques de la pratique numérique, etc.
Bonjour,
Vous cherchez des ouvrages concernant votre thématique de recherche : "éthique et accompagnement socio-éducatif". Et plus particulièrement concernant le secteur de la protection de l'enfance.
Commençons tout d'abord par mettre en exergue les axes de réflexion et les problématiques induites par une éthique de l’accompagnement socio-éducatif.
C'est ce qu'entreprend Dominique Depenne dans son ouvrage de 2019 Éthique et accompagnement en travail social en tentant de différencier l'éthique de la morale et de la déontologie, mais aussi en questionnant la dimension relationnelle de l'accompagnement d'un point de vue éthique. Pour l'auteur, toute réflexion éthique exige la prise en compte de la singularité et de l’altérité.
Ainsi s’attache-t-il à mesurer les enjeux qui viennent au jour, à partir du questionnement éthique, lorsqu’il s’agit d’accompagner des personnes dites "fragilisées". L’accompagnement est d’abord et avant tout une relation. Qu’est-ce qu’une relation, d’un point de vue éthique ? Qu’est-ce que l’accueil, la rencontre, l’hospitalité, le face-à-face… Autant de dimensions qui retrouvent, au travers du questionnement éthique, toute leur profondeur.
C’est ainsi que l’auteur souligne la nécessité de refuser "l’infâme prise en charge" qui choisit les individus accompagnés. Accompagner, c’est "aller de compagnie avec". Dès lors, toute réflexion éthique exige la prise en compte de la singularité et de l’altérité de l’Autre-homme. Ce n’est qu’à partir de là que l’on peut penser ce qu’est une relation humaine d’accompagnement. [...]
Cet ouvrage est destiné à tous les professionnels du travail social, quels que soient leurs métiers et leurs postes, et qui, d’une façon ou d’une autre, sont confrontés à la dimension relationnelle de l’accompagnement.
Source : le site web Lefebvre Dalloz
Docteur en Sociologie politique, Dominique Depenne est également l’auteur, aux éditions ESF, de Distance et proximité en travail social (2013), Utopie et rencontre éthique en travail social (2017), Dialogue sur le génie du travail social (2018) et de Pédagogie et travail social : pour un accompagnement émancipateur des individus et des groupes (2018).
Notons que cet auteur trouve en l’œuvre d’Emmanuel Lévinas, une référence clé pour penser l’éthique. Pour celui dont l'existence a façonné un sens aigu de la précarité de la vie humaine (Lévinas a connu les persécutions antisémites, l’exil en Ukraine lors de la Première Guerre mondiale, l’émigration à Strasbourg, puis à Paris, l’enfermement et la déshumanisation dans les camps de prisonniers allemands lors de la Seconde Guerre mondiale, etc.) la question du fondement de l'éthique est capitale. Dans Totalité et Infini (1961), Lévinas répond que le fondement de l'éthique repose sur la rencontre du visage d’autrui, à condition de comprendre que "le visage n’est pas l’assemblage d’un nez, d’un front, d’yeux", qu’il ne se réduit pas à sa matérialité. Le face-à-face avec le visage est toujours un appel à la responsabilité : "reconnaître autrui, c’est reconnaître une faim. Reconnaître autrui, c’est donner". Son ouvrage Humanisme de l’autre homme (1972) est tout entier tourné vers la reconnaissance de la dignité irréductible d’autrui.
Chez Levinas, l’éthique est l’expérience de ma responsabilité infinie envers autrui ; elle est philosophie première, précédant toute connaissance du monde.
Source : La nuque de Levinas, Philosophie magazine, 20 août 2012
L'ouvrage de Jean-Louis Le Goff (disponible en ligne sur OpenEdition books) L’accompagnement socio-éducatif au sein des dispositifs institutionnels : assister, responsabiliser ou régir les consciences ? questionne également les enjeux et les finalités de l'accompagnement dans le secteur socio-éducatif.
Se pose alors la question de savoir si la finalité visée par ce dernier est d’éduquer c’est-à-dire de conseiller ou de former l’individu, de telle manière qu’il puisse devenir autonome, ou de mettre en place une surveillance continue de celui-ci. À moins que le problème soit plus large et complexe, et qu’il faille envisager l’accompagnement comme une nouvelle manière de gouverner les consciences individuelles avec leur consentement. Comment l’accompagnement conjugue alors dans tous les sens du terme injonctions des dispositifs visant une rationalité impersonnelle et besoins des individus ? Comment s’opère cette accommodation ou synthèse ? En quoi ce qui est mis en œuvre à travers l’accompagnement implique d’établir des régulations permettant une forme d’harmonisation des intentions et des finalités visées ?
L'ouvrage de Jean-Louis Le Goff vise donc à formaliser ce que recouvre sur le plan éducatif, au sens large, cette notion d’accompagnement dont la définition reste encore très vague malgré des tentatives répétées de formalisation : l'accompagnement participerait à la constitution d'un "sujet-acteur" responsable et autonome, qui exigerait sur le plan institutionnel et organisationnel la mise en place de dispositifs efficaces sur le plan sociocognitif, par le biais d’une rencontre personnalisée avec des professionnels aux compétences variées. Ainsi l'ouvrage évalue t-il l’impact que peuvent avoir ces nouvelles procédures d’accompagnement sur les pratiques et le code d’honneur ou la déontologie des professionnels chargés de faire ce travail d’accompagnement.
L’hypothèse générale innervant notre travail de recherche, qui est encore à l’état de projet4, serait que l’accompagnement, comme mise en pratique d’une logique institutionnelle soutenant une morale individualisante voire personnalisante, représenterait une forme de « raison pratique »5 d’un nouveau genre (politique de l’« assumance » en vigueur dans le management) dont le résultat et l’enjeu participeraient a priori à la constitution d’un « sujet-acteur » responsable, autonome et réflexif6. Ce nouveau sujet-acteur (devant se soumettre activement, c’est-à-dire volontairement à ces injonctions) exigerait sur le plan institutionnel et organisationnel la mise en place de dispositifs efficaces sur le plan sociocognitif (travail de conviction et de conversion). La mise en adéquation des individus avec la société de la connaissance et du savoir s’impose en effet, aujourd’hui, comme un nouveau paradigme structurant les relations sociales et les cadres de l’expérience [...] Aussi l’accompagnement serait-il, pour les individus concernés, l’occasion privilégiée d’établir, par le biais d’une rencontre personnalisée avec des professionnels aux compétences variées, une synthèse complexe entre les nécessités de s’adapter à des procédures imposées et d’intérioriser les obligations morales qui leur sont liées. Cependant, les problèmes qui apparaissent et contrarient pour le moment la mise en œuvre efficace de ces dispositifs sont nombreux, les injonctions produites par ces derniers ou en relation avec eux ne « collant » pas avec les réalités psychosociologiques et institutionnelles en place. Que ce soit au niveau des caractéristiques sociales, culturelles, psychologiques des populations visées par ceux-ci, ou que ce soit au niveau des attitudes ou des pratiques des professionnels, transformés souvent malgré eux en agents de mise en conformité avec les finalités normatives visées par cet appareillage législatif et réglementaire, l’on voit que l’application de ces dispositifs est souvent douloureuse et sujette à caution.
Nous chercherons dans un premier temps à analyser l’utilité de l’accompagnement dans les différents dispositifs, en nous interrogeant sur sa fonction sociocognitive spécifique justifiant ou légitimant son usage généralisé. Nous tâcherons d’identifier ce que produit réellement l’accompagnement comme dispositif ou « équipement » au niveau de ses effets subjectifs tant pour les usagers que pour les professionnels. Quelle est la valeur ajoutée de l’accompagnement par rapport à d’autres modalités de suivi envisageables ? Dans un deuxième temps, nous évaluerons l’impact que peuvent avoir les nouvelles procédures d’accompagnement sur les pratiques et le code d’honneur ou la déontologie des professionnels chargés de faire ce travail d’accompagnement. Les modalités mises en place visant le suivi sont-elles un moyen inédit de contrôle ? Dans un troisième temps, nous tâcherons de voir quels enjeux sont rattachés à la fonction d’accompagnement comme partie de dispositif ou comme dispositif en soi. Nous développerons aussi brièvement une réflexion méthodologique pour aborder quelles seraient a priori les conditions minimales permettant d’approcher de façon pertinente et heuristique cet objet d’étude omniprésent, largement répandu mais tout à la fois peu connu dans ses formes diverses et ses dynamiques.
Source : Le Goff, Jean-Louis. L’accompagnement socio-éducatif au sein des dispositifs institutionnels : assister, responsabiliser ou régir les consciences ? Formation, qualification, emploi en Normandie, édité par Sophie Devineau et Alain Léger, Presses universitaires de Caen, 2012. Nous vous invitons aussi à lire les références bibliographiques citées en fin d'ouvrage.
Évelyne Simondi et Béatrice Perrenoud, dans leur article Savoirs et éthique dans l’accompagnement, questionnent, en tant que formatrices en service social, leur pratique d’accompagnement et les liens entre savoirs et réflexion éthique pour in fine dégager deux perspectives de recherche :
Pour les deux formatrices, les savoirs ne sont pas des certitudes. Se référant toutes deux à des valeurs humanistes, l’une privilégie les questions du choix en situation et de l’engagement relatifs à une éthique de la relation, alors que l’autre insiste sur un questionnement permanent du processus d’implication et de distanciation dans une éthique du désir.
Deux perspectives de recherche apparaissent. L’une consisterait à explorer si, d’une posture éthique singulière mise en dialectique avec les savoirs mobilisés et l’expérience acquise, peut naître une nouvelle culture professionnelle chez les formateurs, orientée sur la capacité à se distancer des idéaux et des aliénations imposés par les institutions. L’autre porterait sur la mise au jour des enjeux entre ce qui est considéré comme universel et les singularités des formés dans un dispositif d’Accompagnement pédagogique.
Source : Évelyne Simondi et Béatrice Perrenoud, Savoirs et éthique dans l’accompagnement, Recherche et formation [En ligne], 66, 2011, mis en ligne le 01 mars 2013
N'hésitez pas à consulter la bibliographie très riche en bas de cet article.
Le CNRD (Centre National Ressources Déontologie Éthique pour les pratiques sociales) donne accès sur son site aux références déontologiques pour les pratiques sociales à télécharger ici et révisées le 03 août 2016.
Notez que La Commission éthique et déontologie du travail social (CEDTS) -constituée du président et vice-président représentant les collectivités locales ainsi que de la vice-présidente représentant les professionnels du travail social et d'un représentant de chaque collège du Haut conseil du travail social (HCTS)- a produit plusieurs publications en matière d’éthique et de déontologie dans l’exercice et les pratiques professionnelles du travail social :
- Guide pour créer, structurer ou consolider un comité éthique pour la pratique du travail social. L’objet de ce document est d’exposer les enjeux et les questionnements préalables à la mise en place, à la consolidation ou au renouvellement d’un comité éthique.
- Avis - Le travail social confronté aux dérives radicales - juillet 2018 publié par le HCTS
- Une série de fiches opérationnelles, à télécharger ici, a été élaborée par la CEDTS concernant le partage d’informations à caractère secret dans les commissions traitant des situations individuelles de personnes accompagnées au titre de l'action sociale et médico-sociale.
Vous pouvez aller plus loin dans la réflexion sur l'éthique de l'accompagnement socio-éducatif avec ces références issues de nos collections :
Guide philosophique pour penser le travail éducatif et médico-social. 02 [Livre] : L'institution et la violence / Alain Boyer ; préf. Éric Trappeniers, 2003
Philosophie et éthique en travail social [Livre] / Philippe Merlier ; préface de Brigitte Bouquet, 2015
Développer l'éthique en travail social [Livre] : solidarité et engagement associatif / René Baptiste et Bernard Caubère ; préface de Martin Pochon, 2011
Ethique des pratiques sociales et déontologie des travailleurs sociaux [Livre]: : la nécessaire question du sens et des limites des interventions sociales : rapport à la Ministre de l'emploi et de la solidarité / Direction générale de l'action sociale ; Conseil supérieur du travail social ; réd. sous la dir. de Martine Loiseau, 2001
Pédagogie et travail social [Livre] : pour un accompagnement émancipateur des individus et des groupes / Dominique Depenne, 2018
La posture éducative [Livre] / Xavier Bouchereau ; préface Joseph Rouzel, 2017
Venons-en à la protection de l'enfance.
La protection de l’enfance est une politique publique de la France qui vise à garantir la prise en compte des besoins fondamentaux de l’enfant, à soutenir son développement physique, affectif, intellectuel et social et à préserver sa santé, sa sécurité, sa moralité et son éducation.
Nous vous invitons à lire les deux extraits suivants issus du site du Ministère des Solidarités afin de connaître l'environnement juridique, institutionnel et déontologique de cette organisation.
La protection de l'enfance comprend :
- Des actions de prévention en faveur de l'enfant et de ses parents
- L'organisation du repérage et du traitement des situations de danger ou de risque de danger pour l'enfant
- Les décisions administratives (prises par le président du conseil départemental) et judiciaires (prises par le juge des enfants ou en cas d'urgence par le procureur de la République) prises pour sa protectionLa protection de l'enfance en danger s'inscrit dans un triple cadre :
- Un cadre international (Les droits de l'enfant sont garantis par la convention internationale des droits de l'enfant
- Un cadre national (Le ministère des solidarités et de la santé mène la politique générale de la protection de l'enfance, la politique de la protection de l'enfance délinquante est menée par le ministère de la justice)
- Un cadre local (La politique de l'enfance est une politique décentralisée dont le chef de file est le président du conseil départemental, dont la représentation est assurée au niveau nationale par l'Assemblée des départements de France.
Source : Site du Ministère du travail, de la santé, des solidarités et des familles
Vous trouverez ci-dessous des précisions sur les missions de la protection de l'enfance, les acteurs importants comme la CRIP et le GIP France Enfance Protégée, ainsi que la cadre juridique de cette organisation publique.
« La protection de l’enfance vise à garantir la prise en compte des besoins fondamentaux de l’enfant, à soutenir son développement physique, affectif, intellectuel et social et à préserver sa santé, sa sécurité, sa moralité et son éducation dans le respect de ses droits. Elle comprend des actions de prévention en faveur de l'enfant et de ses parents, l'organisation du repérage et du traitement des situations de danger ou de risque de danger pour l'enfant ainsi que les décisions administratives et judiciaires prises pour sa protection. La protection de l’enfance couvre également le champ des majeurs de moins de vingt et un ans connaissant des difficultés susceptibles de compromettre gravement leur équilibre. » (extrait du Code de l’action sociale et des familles, L. 112-3).
En quelques chiffres clés :
381 000 mesures de protection de l’enfance sur l'année 2022 ;
dont 208 000 enfants confiés à l’aide sociale à l’enfance ;
2 137 établissements relevant de l’aide sociale à l’enfance ;
129 109 professionnels travaillent dans le champ de la protection de l’enfance.
(Étude de la Drees 2024)
La protection de l’enfance repose sur plusieurs acteurs :
- La cellule de recueil, de traitement et d’évaluation des informations préoccupantes (CRIP)
La CRIP relève de la responsabilité du président du conseil départemental, chargé, par la loi du 5 mars 2007, du recueil, du traitement et de l’évaluation, à tout moment et quelle qu’en soit l’origine, des informations préoccupantes relatives aux mineurs en danger ou qui risquent de l’être.
La loi du 14 mars 2016 et le décret du 28 octobre 2016 pris pour son application sont venus apporter des précisions quant à l’objectif de cette évaluation, qui vise à « apprécier le danger ou le risque de danger » pour « proposer les réponses de protection les mieux adaptées » dans l’intérêt de l’enfant. Ces textes prévoient, en outre, que l’évaluation doit être confiée à une équipe pluridisciplinaire de professionnels formés à cet effet. La loi du 14 mars 2016 prévoit également l’obligation pour les conseils départementaux de désigner en leur sein un médecin référent en protection de l’enfance, dont le rôle est notamment d’être l’interlocuteur privilégié des professionnels de santé pour la transmission d’informations préoccupantes. La CRIP centralise le recueil des informations préoccupantes qui lui sont transmises, soit directement par des acteurs du territoire, soit via le 119.
La loi du 7 février 2022 rend obligatoire l’application d’un référentiel national d’évaluation des informations préoccupantes élaboré par la Haute Autorité de santé permettant d’harmoniser les pratiques et de se conformer aux meilleurs standards scientifiques. Cette loi prévoit également que les personnes ayant transmis une information préoccupante puissent être informées des suites qui lui ont été données, dans le respect de l’intérêt de l’enfant et du secret professionnel et des conditions qui seront précisées par décret.
L’évaluation des informations préoccupantes peut notamment déboucher sur une mesure administrative de protection de l’enfance, décidée par le président du conseil départemental avec l’accord des parents. À défaut d’un tel accord, ou en cas de danger « grave et immédiat, notamment dans les situations de maltraitance », le président du conseil départemental avise le procureur de la République aux fins de saisine du juge des enfants (art. L.226-4 du CASF).
- Le groupement d'intérêt public (GIP) France Enfance Protégée
Créé par la loi du 7 février 2022 relative à la protection des enfants (article L.147-14), France Enfance Protégée a pour objet :
de poursuivre les missions de service public du 119 ;
d’accompagner les adoptants ;
de traiter des demandes d’accès aux origines personnelles ;
de constituer une ressource pour l’ensemble des acteurs de la prévention et la protection de l’enfance par la production et le transfert de connaissances et l’animation des réseaux professionnels ;
d’être un appui à l’élaboration de la politique publique à travers le soutien à l’activité des conseils nationaux et avec les membres des instances de gouvernance du GIP.
La création juridique de France Enfance Protégée a été prononcée par l’arrêté du 10 décembre 2022 portant approbation de sa convention constitutive. Ce groupement est effectif depuis la tenue de son assemblée générale constitutive, le 5 janvier 2023.
Le groupement assure le secrétariat général :
du Conseil national pour l'accès aux origines personnelles (CNAOP) ;
du Conseil national de l'adoption (CNA) ;
du Conseil national de la protection de l'enfance (CNPE).
Il mène les missions de :
l’Agence française de l'adoption (AFA) ;
du Service national accueil téléphonique pour l‘enfance en danger (SNATED-119) ;
la base nationale des agréments ;
l’Observatoire national de la protection de l'enfance (ONPE).
Il analyse les demandes émanant des personnes adoptées et des pupilles ou anciens pupilles de l’État, qui recherchent leurs origines, les informe et les oriente en fonction de leur situation.
Le groupement d’intérêt public France Enfance Protégée est une personne morale de droit public constituée entre l’État, les départements et des personnes morales de droit privé et public. Il est financé à parts égales par l’État et les départements et est soumis au contrôle de la Cour des comptes et au contrôle économique et financier de l’État.
Source : Qu'est-ce que la protection de l'enfance ? Publié le 29/05/2024 sur le site du Ministère du travail, de la santé, des solidarités et des familles.
En savoir plus sur le portail France Enfance Protégée.
Pour conclure, voici une sélection de références concernant plus spécifiquement l'éthique de l'accompagnement dans le cadre de la protection de l'enfance, disponibles pour la plupart depuis la plateforme de recherche en sciences humaines Isidore.
L'accompagnement de l'aide sociale à l'enfance, concernant les mineurs non accompagnés, est étudié par Marie Cassagnes dans L’accompagnement socio-éducatif des mineurs non accompagnés. Étude des conflits entre représentations sociales et représentations professionnelles. Empan, 2020, 120 (4), pp.168-175 :
Cette étude sur l’accompagnement des mineurs non accompagnés est conduite en appui au champ théorique des représentations sociales et professionnelles et montre comment leur prise en charge révèle cette jonction entre dimension politique, accompagnement individuel et prise en compte des difficultés inhérentes au parcours migratoire. Cette dichotomie entre aspects répressifs et protecteurs rend perméable la frontière entre représentations sociales et professionnelles, apportant ainsi un élément d’explications aux disparités de prise en charge.
Flore Capelier, dans son article Du consentement à la contrainte en protection de l’enfance : accord, adhésion ou avis ? (Vie sociale, n° 33, 2021), analyse la dimension éthique du consentement dans le champ de la protection de l'enfance :
Dans le champ social, le rapport à la contrainte est ambigu. Le Code de l’action sociale et des familles (art. L116-1) rappelle que l’action sociale et médico-sociale tend à promouvoir à la fois « l’autonomie et la protection des personnes ». La recherche du consentement de l’individu est également perçue comme le prérequis d’une démarche éthique : l’accompagnement proposé doit permettre de trouver, avec la personne, les solutions adaptées pour surmonter les difficultés qu’elle rencontre. Mais, qu’advient la participation de l’enfant et de ses parents dans le champ de la protection de l’enfance ? Lorsqu’un enfant est en danger ou en risque de l’être au sein de la sphère familiale, il est nécessaire de trouver un équilibre entre les différents droits en présence. Cette contribution vise ainsi à étudier les normes qui régissent l’intervention de la puissance publique et déterminent, in fine, le niveau de consentement et de contrainte à l’égard de l’enfant et des titulaires de l’autorité parentale lors d’une mesure de protection de l’enfance.
Dans un article de la revue Nouvelles pratiques sociales, Les enjeux éthiques des pratiques numériques dans le secteur de la Protection de l’enfance, diffusé en 2021, Emilie Potin interroge, dans le cadre spécifique de la protection de l’enfance, le travail des liens familiaux à partir des pratiques numériques au moment du déplacement d’un enfant du domicile familial vers un lieu d’accueil. L'autrice questionne également les enjeux éthiques liés au développement de la correspondance numérique et à la régulation de ces échanges numériques par les professionnels.
En voici la conclusion :
Aujourd’hui le numérique est devenu une infrastructure ordinaire de la vie familiale (Boutet et Le Douarin, 2014) au sens où il fait partie du quotidien de nombreuses familles dans les échanges parents-enfants ou encore dans l’organisation des activités familiales. Dans les reconfigurations des liens suite au placement, il peut participer à la continuité des liens, au partage d’une certaine quotidienneté. Les outils connectés offrent de nouveaux espaces d’autonomie et d’intimité aux parents et aux mineurs en équipant les liens familiaux d’une plus grande spontanéité. Du côté des professionnels, ces outils ne sont pas sans poser des questions éthiques plus particulièrement concernant le contrôle des liens. Les usages du numérique permettent de traverser les frontières et les interdictions habituelles (Mercklé et Octobre, 2012) et concourent ainsi à l’acquisition progressive de la régulation des liens par les acteurs familiaux eux-mêmes.
Si l’autonomie s’érige comme une norme contemporaine, comme la capacité à se gouverner soi-même, le cadre contraint de la mesure de placement en assistance éducative exclut bien souvent les acteurs familiaux de la décision de protection et les inscrit plutôt dans un processus d’hétéronomie. Cependant, un détour par les usages des outils du numérique montre comment les acteurs familiaux peuvent se saisir et construire de nouveaux espaces avant ou aux dépens des organisations chargées d’assister les parents et de protéger les mineurs. Les TIC apparaissent comme des vecteurs d’empowerment, d’inclusion sociale (Plantard, 2011) et familiale plaçant « l’individu dans sa capacité d’autonomie, de créativité et de sensibilité » (Jauréguiberry et Proulx, 2011, p. 124). Un cheminement reste à mener pour réfléchir ces outils contemporains comme des leviers de la participation, comme des supports de la relation éducative au service de l’accompagnement des mineurs et de leur famille.
Plus récemment dans un article daté de 2023, Questionner les repères éthiques et accompagner l’autonomie en protection de l’enfance (Éthique & Santé, 2023, 20 (1), pp.55-61) L. Marcucci et M.A Einaudi ont souhaité rendre compte des questionnements de l'espace de réflexion éthique régional PACA-Corse, et d'élargir cette réflexion aux spécificités de l'accompagnement de la protection de l'enfance, encore peu étudiées.
Sur le plan pratique, comment rendre l'intérêt supérieur évident en tenant compte des besoins spécifiques ? Comment se positionner en tant que tiers de confiance de manière adaptée aux personnes ? Les groupes d'analyse des pratiques de développement pourraient être explorés pour améliorer les pratiques. Enfin, au-delà des histoires individuelles, les inégalités de destin, les croisements des dimensions politiques, économiques et sociales, révèlent l'équité collective.
Traduit avec DeepL.com (version gratuite)
L'article de Bertrand Hagenmüller publié aussi en 2023, La boussole éthique de l’accompagnement (Forum, n° 170(3), 10-25), développe le concept de boussole éthique d'accompagnement, un concept philosophique incarné, qui accompagne ses expériences dans le champ de la protection de l'enfance pour lequel il est investi de plusieurs manières : responsable de projet dans un service d’aide éducative à domicile, formateur auprès d’équipes éducatives, accompagnant pour la création de structures innovantes, réalisateur de films documentaires sur le sujet.
Ces différentes expériences m’ont amené à développer, aux côtés des professionnels et des personnes concernées, une « boussole éthique de l’accompagnement ». Celle-ci n’est pas une méthodologie de projet ou un protocole d’action qui, une fois confrontés à l’épreuve du « terrain », se révèleraient probablement inapplicables. La boussole éthique dessine des horizons désirables, des sens partagés, des lieux habitables : une philosophie incarnée au service d’un ressourcement des pratiques éducatives. Elle s’oriente vers quatre « caps », quatre « cultures » à fertiliser : le compagnonnage, le pouvoir d’agir, l’ouverture et l’expérimentation.
La culture du compagnonnage revendique le faire ensemble, l’alliance et la fraternité comme condition même de l’accompagnement. Dans cette approche le professionnel est un compagnon de route qui recherche avant tout la juste proximité, le lien et le partage. Et quand la rencontre a lieu, ce n’est plus le professionnel que l’on désigne comme « référent », ni le jeune ou sa famille, mais la relation même qui « fait référence » pour chacun…
Voici une autre réflexion issue du terrain avec Céline Jung Loriente : Se raconter en terrain difficile. Obstacles et enseignements d’une enquête concernant les orphelins en protection de l’enfance, Revue Jeunes et Société, 2022
Yahiaoui, G. (2019) dans Question inclusive et protection de l’enfance : un développement possible Une contribution clinique (Pensée plurielle, n° 49(1), 97-107) s'interroge sur la question de l’inclusion en protection de l’enfance qui apparaît uniquement posée en lien avec celle de la place faite aux sujets dits handicapés au sein des différentes structures d’accueil.
Une brève recherche documentaire sur la question le démontre : inclusion, protection de l’enfance et adolescence ne feraient pas bon ménage. Une telle association est absente des enquêtes bibliographiques en langue française dans le champ de la psychologie, a fortiori clinique. Ce qui nous a amenés à interroger le caractère illogique de ce constat.
La liste suivante n'est évidemment pas exhaustive mais pourrait intéresser votre recherche :
Anaut, M. (2002). Trauma, vulnérabilité et résilience en protection de l'enfance. Connexions, no77(1)
Roman, P. (2008). La prévention et l'accueil de la souffrance de l'enfant et de sa famille. Le Journal des psychologues, n° 262(9), 22-25
Sandra Alphonse (2023). La protection de l'enfance, un dilemme entre ruptures et continuité des parcours, DUMAS - Dépôt Universitaire de Mémoires Après Soutenance
Ben Mrad Fathi. Médiation et protection de l’enfance [Le travail social à l’épreuve de la conflictualité parentale]. In: Politiques sociales et familiales, n°107, 2012. pp. 65-75, 2012
Vous pouvez aller plus loin dans la réflexion sur l'éthique de l'accompagnement dans le champ de la protection de l'enfance avec des ouvrages issus de nos collections :
Soutenir les mineurs isolés face au psychotraumatisme : une éthique relationnelle à l'aide sociale à l'enfance / Sophie Guglielmoni ; préface de Flora Bastiani, 2024
Danger en protection de l'enfance [Livre] : dénis et instrumentalisations perverses / sous la direction d'Hélène Romano et Eugénie Izard ; préface de Maurice Berger, 2016
Où va la protection de l'enfance ? [Revue] / dossier coordonné par François Chobeaux, Valérian Sarreau, Jean-Marie Vauchez, 2017
Évaluer en protection de l'enfance [Livre] : théorie et méthodes / Francis Alföldi, 2020
La protection de l'enfance [Livre] : un droit en mouvement / Christophe Daadouch, Pierre Verdier, 2023
Prévenir ou protéger, faut-il choisir ? [Livre] : la PMI entre prévention en santé et protection de l'enfance / sous la direction de Ophélie Berger, Maryse Bonnefoy, Cécile Garrigues, 2024
Protection de l'enfance, des besoins des enfants au travail avec les parents [Livre] : l'approche-médiation, une méthodologie d'intervention / Béatrice Coubard, Marine Desmazeau, Audrey Ringot, [et al.] ; sous la direction de Michèle Savourey-Alezra ; préface de Jean-Pierre Rosenczveig, 2024
Les enjeux de l'inclusion en protection de l'enfance [Livre] / sous la direction de Sandrine Dautigny, Jean-Pierre Mahier, Salvatore Stella, 2021
Eduquer sans entraver : [Livre] : déconstruire les violences ordinaires : un outil à l'usage des professionnels de l'enfance et de l'adolescence / Célia Carpaye, 2020
En vous souhaitant bonne poursuite dans vos recherches,