Quels romans ont été écrits sur le point de vue du narrateur omniscient dramatique ?
Question d'origine :
Bonjour, je suis en train d'écrire un roman et m'intéresse de près à la question des points de vue, plus particulièrement le point de vue omniscient dramatique, celui utilisé dans la nouvelle ¨Hills like white elephants¨ de Hemingway. J'aurais aimé savoir si, à votre connaissance, il existe un ou des romans qui a/ont été écrits avec ce point de vue exclusivement (ou en grande partie).
Merci et une belle journée.
Virginie G.
Réponse du Guichet

Dans l'analyse du roman, le terme focalisation permet de déterminer le point de vue choisi pour la narration et de répondre à la question "qui voit". La nouvelle d'Hemingway Hills Like White Elephants est écrite avec le mode de focalisation externe, et non de focalisation zéro qui correspond à celle d'un narrateur omniscient.
Bonjour,
En narratologie, le point de vue est : la position du narrateur vis à vis de son récit, définie par le rapport entre ce qu'il connaît de l'histoire et ce qu'en savent les personnages. Les nombreuses variantes concrètes procèdent de trois positions fondamentales, qui peuvent se combiner au sein d'un seul récit, même court. Le théoricien Gérard Genette emploie lui le mot focalisation pour désigner une détermination modale de la narration. On distingue traditionnellement trois types de focalisation :
Le narrateur en sait plus qu'aucun personnage. Il occupe alors une position auctoriale et domine entièrement son récit, dont il peut expliquer, commenter ou juger n'importe quel élément. Dans une polémique restée célèbre, J.-P. Sartre a reproché à François Mauriac de s'arroger dans ses romans le point de vue de Dieu lui-même. Pour qualifier cette situation narrative, typique du roman réaliste traditionnel, on parle de récit non focalisé ou à focalisation zéro (Gérard Genette) ou, plus couramment , de narrateur omniscient ou encore de "vision par derrière". C'est le régime adopté dans les récits classiques comme les romans de Balzac par exemple.
Le narrateur en sait autant qu'un (ou que, successivement, plusieurs) personnage(s). Son point de vue est donc limité, comme par exemple dans une narration personnelle, et l'on parle de focalisation interne (Genette) ou de "vision avec". L'action est vue par un personnage et le narrateur limite le champ de l'information à ce que celui-ci voit et comprend.
Le narrateur en sait moins qu'aucun personnage. Il se contente alors d'enregistrer objectivement les événements, comportements, paroles, ... On qualifie cette attitude de focalisation externe (Genette) ou de "vision du dehors". Ce modèle, plus rare, vise à l'objectivité, et gomme la présence du narrateur ; il semble comme absent de son récit. Ce type de focalisation a été largement employé par les romanciers américains du début du 20è siècle (Faulkner, Hemingway et le courant "behaviouriste"). Il est devenu un label reconnaissable d'un certain roman moderne du désenchantement, celui influencé par l'existentialisme (Sartre, Camus) ou par "l'alittérature" (le nouveau roman).
Sources : Dictionnaire des termes littéraires, Dictionnaire du roman.
Dans le texte qui vous occupe, la nouvelle de Hemingway Hills like white elephants ( en français Paradis perdu) le narrateur adopte une focalisation externe pour rapporter les événements ; il se contente alors de ne communiquer qu'un minimum d'informations au lecteur. Ce choix narratologique de la part de l'auteur lui permet de rapporter les événements comme s'il ne portait pas de jugement sur les faits qu'il livre au lecteur. Il n'y a donc pas de description de la psychologie des personnages ; seuls les éléments "objectifs " comme les mouvements des personnages, leurs actions notamment, sont retranscrits en plus de leurs paroles. Vous pouvez vous reporter à cet article très complet Une analyse d'une production de discours rapporté : l'introduction des tours de parole dans "Hills Like White Elephants" d'Ernest Hemingway.
Bonne lecture,
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