Quelle est la date de publication de la partition de "La chanson de la Blouse" ?
Question d'origine :
Bonjour
Je recherche la date de publication de la partition de "La chanson de la Blouse" dédiée "au cytoyen Thivrier député de l'Allier" d'Abel Marlette par P. Tralin editeur 5 rue du Croissant Paris. Vendue pour 1F.
Retrouvée dans les papiers conservés dans la famille sans doute de la branche d'ouvriers mineurs de Doyet.
Merci de votre aide
Géraldine B.
Réponse du Guichet

Votre édition de cette partition de "La chanson de la blouse" pourrait avoir été publiée en 1890 selon Gallica, bibliothèque numérique de la BNF. Les paroles rendent hommage au député de l'Allier C. Thivrier (1841 - 1895), ancien ouvrier et maire socialiste de Commentry, qui porta ce vêtement avec revendications au sein de l’hémicycle en 1889.
Bonjour,
Grâce à Gallica et au travail de nos collègues de la BNF, nous avons trouvé sur leur site un exemplaire numérisé de cette partition qui semble concorder avec celle que vous conservez dans vos papiers de famille : La chanson de la blouse / paroles et musique de Albert [i.e. Abel] Marlette.
Aucun détail ne manque, nous voyons apparaître les paroles et la musique d'Abel Marlette, la dédicace au citoyen Thivrier, l'éditeur parisien P. Tralin ou encore le prix de vente : 1 franc.
La bibliothèque nationale de France indique comme date de parution l'année 1890.
Pour la petite histoire, la chanson est un hommage au député de l'Allier Christophe Thivrier (1841 - 1895) qui fut mineur, ouvrier aux chemins de fer ou encore boulanger avant d'être élu maire de Commentry puis d'intégrer l'Assemblée nationale lors des élections législatives de 1889. Membre du Parti ouvrier français, il a la réputation d'avoir été l'un des premiers maires socialistes au monde, dans une commune où l'emprise de la mine à charbon fournissait un terrain d'élection à l'émergence de cette nouvelle philosophie politique.
Porter la blouse à l'Assemblée nationale fut l'une de ses promesses de campagne, il s'exécuta notamment lors de la séance d'ouverture et déclara à la presse : "Mes électeurs ne veulent pas que je me déguise pour la séance d’ouverture. Ils m’ont donné le mandat d’y aller endimanché comme je suis ordinairement : ma blouse par-dessus mon paletot » (déclaration de Thivrier à la Jeune République ; cité par Montusès, p. 39 rapportée dans sa biographie dans Le Maitron, dictionnaire biographique du mouvement ouvrier/social).
Ce ne sera pas la dernière fois qu'un vêtement suscite la controverse au sein de l’hémicycle, en 2017 le député de la Somme François Ruffin avait été sanctionné pour avoir porté à l'Assemblée un maillot de foot d'un club local. En 1889, C. Thivrier et sa blouse eurent un impact considérable, faisant jaser la presse et le monde politique de l'époque. Son geste inspira autant les artistes que la critique de la IIIème République :
Toute une imagerie fut suscitée par la blouse du député de l’Allier. La presse de Paris et de province, quelques journaux étrangers comme le Daily Telegraph, en soulignent le pittoresque, la haute portée ou le ridicule selon leurs sentiments. À l’occasion de la première séance, Emmanuel Arène lui consacra dans le Journal illustré un article accompagné en première page d’un dessin d’Henri Mayer (Montusès, p. 42). En 1893, une descendante de Nicolas Poussin présenta au Salon qui la refusa une toile figurant le député en blouse. Abel Merlette, plus heureux, emporta le prix de « la Lice chansonnière » pour une Chanson de la blouse dédiée au citoyen Thivrier. À La Source, café littéraire et politique, Paul Verlaine à qui l’on présentait Thivrier lui dit : « Je vous plains, vous portez la tunique de Nessus » (Montusès, p. 43). Pourtant, Thivrier semble avoir été assez à l’aise sous sa blouse si l’on en juge par quelques réparties. À l’anarchiste Gégout, il déclara : « Je quitterai ma blouse quand vous ne porterez plus vos cheveux » (Ibid.). À Mgr Freppel qui lui demandait : « Ne la poserez-vous jamais, mon cher collègue ? », il répliqua : « Si, quand vous poserez votre soutane. » (Ibid.).
Source : Christophe Thivrier - Le Maitron.
"La Lice chansonnière" était une goguette parisienne dont les membres étaient appelés les lycéens. Elle avait l'habitude de décerner des prix à ses membres, auteurs de chansons, invités à déclamer leurs chansons chaque jeudi et publiait les plus réussies dans un recueil annuel : Goguette de la Lice chansonnière (Wikipédia).
Abel Merlette était un compositeur et chansonnier français mort pendant les combats lors de la Première guerre mondiale. La notice bibliographique de la BNF reste muette quant à sa date de naissance, mais concorde sur sa date de mort, en mai 1918 avec cette fiche numérisée sur le site mémoiredeshommes, du ministère de la défense. Une date de naissance est ici mentionnée : le 28 avril 1876, à Mont-Notre-Dame (02). Cette date est-elle controversée pour ne pas apparaître sur sa notice BNF ? On imagine en tout cas mal A. Merlette écrire à 14 ans en 1890 cette chanson sur la blouse du député C. Thivrier...
A moins que nous ayons affaire au Rimbaud de l'Aisne ?
Bonne journée,
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